MRC en Montérégie - Des contrats indirects pour le préfet
Le préfet de la MRC Les Jardins-de-Napierville, Michel Lavoie, bénéficie de contrats indirects de transports des déchets et de la collecte sélective de dix des onze municipalités du territoire qu'il représente.
En novembre 2009, la MRC Les Jardins-de-Napierville, un territoire rural dans le sud-ouest de la Montérégie, a octroyé deux importants contrats totalisant 10 millions de dollars. RCM Environnement a obtenu le mandat de la collecte et du transport des ordures pour 1,6 million de dollars par année et Rebuts solides canadiens, de son côté, a reçu la responsabilité de la collecte sélective et du transport des matières recyclables pour un peu plus de 400 000 $ par année. Les deux contrats ont une durée de cinq ans avec une option de prolongation de deux ans.Bien qu'il s'agisse d'un choix de groupe, chacune des municipalités assume sa part du contrat. RCM Environnement et Rebuts solides canadiens ont confié la portion du transport de leur contrat respectif à Transport M. J. Lavoie, l'une des entreprises du maire de Saint-Rémi et préfet de la MRC, Michel Lavoie.
D'ailleurs, les maires appelés à se prononcer sur les contrats savaient avant même d'octroyer ceux-ci que leur collègue Lavoie en serait bénéficiaire. À la direction générale de la MRC Les Jardins-de-Napierville, on précisait hier que le préfet s'est retiré des discussions après avoir déclaré son intérêt.
«On déclare nos intérêts, on se retire, on ne prend pas part au vote. Bonjour, merci. C'est comme ça que ça fonctionne», a affirmé au Devoir Michel Lavoie.
Ce dernier estime que cette situation ne soulève aucun problème d'intégrité. «Je fais du transport pour toutes les compagnies: RCM, RCI, Waste et les autres. On en fait pour 550 000 tonnes par année. Ça fait 25 ans que je fais ça», a expliqué M. Lavoie.
Depuis quelques mois, le travail du maire de Saint-Rémi et de son entourage est scruté à la loupe par une équipe d'enquêteurs de l'escouade Marteau sur la corruption. Comme le révélait hier Le Devoir, des perquisitions ont été menées en juillet dernier à la résidence du maire Lavoie ainsi qu'à l'hôtel de ville de Saint-Rémi.
«Que la police fasse toutes les enquêtes qu'elle voudra. Je suis convaincu qu'il n'y a rien», a lancé Michel Lavoie sur un ton agacé. Selon lui, des «chicanes politiques» sont à l'origine de l'enquête.
Les documents publics en appui à la demande des mandats de perquisition révèlent pourtant beaucoup d'éléments qui n'ont rien à voir avec une joute partisane entre politiciens. Les policiers s'attardent plutôt à deux dossiers, dont un concernant le Domaine Saint-Rémi. Cette résidence a été construite par l'entreprise Développement B&L appartenant à Yvon Boyer, accusé le printemps dernier de tentative de corruption d'un fonctionnaire de la Ville de Québec pour un projet de condos.
À Saint-Rémi, Yvon Boyer a acheté un terrain appartenant à la famille Dorais, qui a plusieurs entreprises dont l'une est partenaire d'affaires avec le maire Lavoie. M. Boyer a embauché une conseillère municipale comme représentante commerciale, le fils de celle-ci pour faire l'excavation du terrain, qui a par ailleurs confié le transport des débris à l'entreprise du maire Lavoie. De plus, la conjointe du maire a loué à M. Boyer les locaux nécessaires pour son bureau des ventes.
S'ajoute à ce dossier celui de la construction de la caserne de pompiers réalisée par Construction Dorais ainsi que le réaménagement de l'hôtel de ville toujours en cours et qui est orchestré par Construction de Castel. L'escouade Marteau suppose qu'il aurait pu y avoir collusion entre les deux entreprises.
Les enquêteurs fouillent également d'autres pistes. Ainsi, des vérifications sont effectuées relativement à des propriétés d'un fils du maire Lavoie qui ne sont pas inscrites au rôle d'évaluation municipale.