Place au 2-22 Sainte-Catherine
Les bras à demi ouverts, les différents acteurs de la Main accueillent favorablement le 2-22 Sainte-Catherine, un des projets immobiliers de revitalisation du boulevard Saint-Laurent. En effet, les mémoires déposés hier soir à l'Office de consultation publique de Montréal se montrent dans l'ensemble positifs, bien qu'ils soulèvent encore les questions de la hauteur et de l'intégration de l'immeuble dans la trame urbaine et commerciale du quartier.
Le Club Soda, voisin immédiat du nouvel édifice que doivent occuper la Vitrine culturelle, la radio communautaire CIBL et une librairie, entre autres locataires, est peut-être le plus inquiet. Et encore, son président et propriétaire, Michel Sabourin, a précisé à l'Office qu'il l'accueillait «positivement» et qu'il allait «permettre de tourner la page sur une période noire de la Main». Dans son mémoire, il soulève toutefois que son architecture est en «rupture avec le passé». Il remet en question la hauteur «démesurée» de l'édifice, laquelle crée un «mur aveugle» mitoyen à la salle de spectacle.La Société de développement Angus a imaginé pour ce lieu phare du Quartier des spectacles un édifice dépassant de 8,5 mètres la hauteur prévue dans ce secteur, au coût de 16 millions. Alors que la rue Sainte-Catherine serait toute de verre vêtue, Saint-Laurent s'habillerait de pierre. Non seulement Michel Sabourin craint-il que le Club Soda se retrouve «enclavé» entre de hauts immeubles, mais aussi que l'unité et l'esprit commercial du boulevard Saint-Laurent en souffrent.
Même si ces inquiétudes sont partagées par la Corporation de développement urbain (CDU), celle-ci tire des conclusions généralement positives sur le projet dans son mémoire. Des avant-projets de ce document, dont Le Devoir a fait mention hier, soulevaient des doutes, dont certains virulents, sur la hauteur — 12 étages — du voisin du 2-22, le Quadrilatère Saint-Laurent, de l'autre côté de l'artère. Des doutes qui, après consultation, ne mettent pas en péril l'appui de la CDU au 2-22. «Nous avons encore certains questionnements», dit Ré Jean Séguin, mais il souhaite que le 2-22 et le quadrilatère voient le jour.
Outre l'architecture, l'effet de la revitalisation de la Main sur les plus démunis a été soulevé par le groupe STELLA, qui a déposé un mémoire dont Le Devoir a obtenu copie. L'organisme espère «que les travailleuses du sexe ne seront pas les oubliées du projet» et propose de maintenir vivantes l'histoire et la culture de l'ancien Red Light par une installation artistique. Le groupe propose également que le 2-22 abrite un organisme communautaire s'adressant aux travailleuses du sexe.