Édifice patrimonial menacé à Pointe-Saint-Charles

Le promoteur Vincent Chiara souhaite raser ce qui reste du bâtiment ravagé par un violent incendie en novembre dernier sur le site des anciens ateliers du CN à Pointe-Saint-Charles. Compte tenu de l'intérêt patrimonial de l'édifice, l'arrondissement du Sud-Ouest a annoncé qu'une contre-expertise serait effectuée pour savoir si certains éléments de ce bâtiment pouvaient être préservés.

Dans la nuit du 14 au 15 novembre dernier, un incendie a éclaté dans un bâtiment industriel de la rue Le Ber, où étaient entreposés illégalement des ballots de papier destinés au recyclage. L'édifice de 450 000 pieds carrés fait partie d'un ensemble industriel dont la valeur patrimoniale avait été qualifiée d'exceptionnelle par le Service de mise en valeur du territoire et du patrimoine de la Ville de Montréal. L'immeuble, qui a été lourdement endommagé par l'incendie, était d'ailleurs celui dont l'architecture était la plus intéressante. Le brasier n'a épargné essentiellement qu'une partie de la façade et d'un mur latéral. L'origine de l'incendie n'a toujours pas été élucidée, et le service de police de la Ville de Montréal poursuit son enquête.

Le site des ateliers du CN fera l'objet d'un ambitieux projet de développement par le propriétaire, Vincent Chiara, du groupe Mach. Le projet comporte trois volets, soit la construction d'un centre d'entretien de locomotives et de wagons par l'Agence métropolitaine de transport, la construction de 1000 logements et l'aménagement d'un secteur industriel.

L'annonce de la démolition possible des vestiges du bâtiment abîmé par le feu a semé l'émoi dans le quartier. Interpellée lors de la séance du conseil d'arrondissement par des citoyens inquiets, mardi soir, la mairesse Jacqueline Montpetit a confirmé que le propriétaire avait déposé une demande de démolition pour deux bâtiments, dont celui ravagé par l'incendie. M. Chiara a également soumis un rapport d'expertise d'un ingénieur qui soutient que le bâtiment doit être démoli en raison des dommages importants causés par l'incendie. Mais l'arrondissement entend demander une contre-expertise sur les deux bâtiments visés. «À l'arrondissement, on ne fonctionne pas avec un pic et on ne cherche pas à démolir. Ce n'est pas comme ça qu'on travaille. On a un comité de démolition qui reçoit les requêtes, et je vous dis que ce n'est pas facile de démolir quelque chose dans l'arrondissement», a expliqué Mme Montpetit.

Tant Action-Gardien qu'Héritage Montréal, qui avait identifié en 2005 les ateliers comme un emblème menacé à Montréal, souhaitent que le bâtiment sinistré, ou ce qui en reste, soit préservé, même s'ils reconnaissent que l'édifice a été endommagé de façon importante. «Il ne faut pas prendre une décision hâtive, insiste Dinu Bumbaru, d'Héritage Montréal. Ce n'est pas un site qui risque de tomber sur la voie publique. Il faudrait peut-être penser à stabiliser les structures ou à clôturer l'endroit.»

Il n'a pas été possible d'obtenir les commentaires de Vincent Chiara.

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