SHDM: Fillion est relevé de ses fonctions
La Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) a relevé hier temporairement de ses fonctions son directeur général, Martial Fillion, visé par des allégations de favoritisme dans la vente de terrains municipaux.
Les membres du conseil d'administration de la SHDM entendent tirer au clair toute allégation formulée à l'égard de la gestion de l'organisation. Ils assurent que la démarche entreprise par le comité de vérification permettra de faire toute la lumière sur la question.Le quotidien La Presse révélait hier que la Ville de Montréal n'aurait pas fait un sou lorsque le directeur général de la SHDM, Martial Fillion, aurait vendu un terrain de 38 hectares, évalué à 25 millions de dollars, à Construction Frank Catania & associés. Deux membres du conseil d'administration de la SHDM ont rencontré le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Claude Dauphin, concernant la direction de M. Fillion. Quelque 48 heures plus tard, la conjointe de ce dernier, Francine Senécal, quittait son poste de vice-présidente du comité exécutif de la Ville.
Claude Dauphin estime que toutes les mesures sont prises par le conseil d'administration de la société. «J'ai pris acte de leurs informations et je leur ai rappelé qu'il est de leur responsabilité de poser les gestes nécessaires pour examiner la situation et, le cas échéant, prendre les mesures appropriées pour la corriger», a affirmé M. Dauphin.
Le chef de l'opposition officielle de la Ville de Montréal, Benoit Labonté, a demandé à la Ville de nommer un vérificateur externe et indépendant qui fera toute la lumière sur la vente.
Le vérificateur externe et indépendant devra aussi examiner l'ensemble des pratiques de l'organisme paramunicipal, a demandé le chef de l'opposition officielle. «Je ne pense pas qu'on puisse se contenter dans le cas présent d'une simple enquête administrative interne de la SHDM et qu'on se dépêche à rhabiller tout ça, a affirmé Benoit Labonté. Les mêmes acteurs, la même société sont impliqués dans de nombreux dossiers.»
«Si demande il y a, elle n'est pas encore rendue à mon bureau, a affirmé le vérificateur général de la Ville, Michel Doyon. J'ai appris la situation [hier] matin en lisant le journal, alors j'ai communiqué avec le président du comité de vérification de la SHDM. J'ai convenu avec [Réal Lavallée] que je laisserai terminer ses travaux mais qu'il me tiendrait au courant de l'évolution du dossier.»
Les faits reprochés à Martial Fillion ne sont pas anodins, croit Michel Doyon. «Pour en arriver au point où on dit à l'employé: "Regarde, on ne veut plus te voir, reste chez vous", on a déjà fait pas mal de progrès, si j'ose dire, dans la démarche. Mais avant d'en arriver là, il y a des vérifications à faire», a-t-il affirmé.
Le Service du contentieux a mentionné hier qu'il ne prendra pas fait et cause pour Martial Fillion parce qu'il n'est pas à l'emploi de la Ville.
La conseillère d'arrondissement du district de Côte-des-Neiges et conjointe de Martial Fillion, Francine Senécal, a indiqué hier, par voie de communiqué, que l'unique raison de son départ du comité exécutif de la Ville, survenu la semaine dernière, est l'obtention du poste de directrice générale du Cégep du Vieux-Montréal. «Il m'apparaissait important de remettre ma démission du comité exécutif, car j'estimais, et j'estime toujours, que mes fonctions au comité exécutif auraient été incompatibles avec le poste de directrice générale du Cégep du Vieux-Montréal. [...] Toute tentative d'associer mon départ du comité exécutif à toute autre raison est une affirmation fausse et mensongère», a-t-elle dit.
La Ville de Montréal a mandaté, en 2006, la SHDM pour définir la stratégie de développement du site Contrecoeur, situé dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, puis a autorisé l'organisme paramunicipal à lancer un appel de qualifications public d'entrepreneurs-promoteurs intéressés à se voir confier le projet. Le conseil municipal a approuvé, l'année suivante, à l'unanimité, une entente entre la Ville et l'entreprise Frank Catania & associés.