Travaux préliminaires en vue de la construction d'une nouvelle mairie dans le parc René-Masson - L'arrondissement RDP-PAT pris en flagrant délit

Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) a décrété la suspension des travaux entrepris hier dans le parc René-Masson par l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) après qu'un bélier mécanique eut abattu de nombreux arbres afin de se frayer un passage dans le parc.
L'arrondissement, qui projette de construire une nouvelle mairie ainsi qu'une maison de la Culture dans ce parc, veut procéder à des prélèvements de sols nécessaires à la demande d'autorisation qu'il doit soumettre au MDDEP puisque le site comporte un milieu humide.La vue du mastodonte défrichant le boisé a horrifié les résidants du secteur qui ont aussitôt alerté les autorités. En après-midi, le MDDEP est intervenu pour interrompre les travaux et constater l'état des lieux. Une tranchée d'une largeur d'environ huit mètres et d'une longueur de 35 mètres a été creusée par un entrepreneur mandaté par l'arrondissement afin de permettre le carottage prévu pour aujourd'hui.
La conseillère de Vision Montréal dans l'arrondissement, Suzanne Décarie, considère que l'administration du maire Cosmo Maciocia a agi de façon «irresponsable» dans ce dossier. «Il existe un sentier que l'entrepreneur aurait utilisé s'il l'avait connu. Mais il semble que personne n'a cru bon de l'en informer», a-t-elle indiqué en dénonçant les dommages faits au boisé situé en milieu humide.
Le Conseil régional en environnement (CRE) de Montréal a pour sa part dénoncé l'ampleur des travaux de déboisement réalisés hier par l'arrondissement alors que celui-ci n'avait même pas obtenu le certificat d'autorisation du MDDEP nécessaire pour la construction du bâtiment municipal. Le directeur général du CRE de Montréal, André Porlier, assure qu'il n'était pas nécessaire de tracer un chemin aussi large pour procéder aux prélèvements de sols.
Le porte-parole de l'arrondissement, Jean-François Circé, affirme au contraire que les travaux ont été effectués selon les règles de l'art et que l'on devait tracer un passage assez large pour permettre le passage de l'équipement lourd qui sera nécessaire aux travaux de carottage prévus à sept endroits sur le site. «On a mandaté une firme pour procéder à ces études en lui intimant l'ordre de respecter les diverses composantes du terrain. On avait sur place des représentants de l'arrondissement et de l'entrepreneur pour que tout ça se fasse de la façon la plus respectueuse possible», a expliqué M. Circé.
«Il y a des arbres qui ont été sacrifiés, dont des chicots et des arbres morts. On a fait tout ce qui était possible pour protéger les autres arbres», poursuit-il.
Selon lui, il n'aurait pas été possible d'emprunter le passage déjà existant compte tenu de la présence d'un ruisseau et de roches. En fin d'après-midi, des discussions se poursuivaient entre le ministère et l'arrondissement afin de décider de la suite des événements. «On veut éclaircir avec les gens du ministère leurs demandes avant de poursuivre les travaux», dit-il. Il n'a pas été possible d'obtenir les commentaires de représentants du MDDEP.
Le projet de construction de la mairie de RDP-PAT a fait l'objet d'une vive controverse l'an dernier. S'il se réalise, il réduira du quart la superficie du parc René-Masson. Des opposants avaient tenté en vain d'obliger la Ville à y renoncer en forçant la tenue d'un référendum, mais ils n'avaient pas obtenu un nombre suffisant de signatures pour y parvenir. Une plainte au sujet de cette mairie a toutefois été soumise par un regroupement de personnes handicapées à l'ombudsman de la Ville qui n'a pas terminé l'étude du dossier.