Jean Fortier s'en prend à la gestion de l'eau à Montréal
L'ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Jean Fortier, s'indigne et s'enflamme devant l'octroi d'un contrat de 355 millions pour les compteurs d'eau, estimant que les économies pour les Montréalais restent à démontrer.
Les mots qu'il utilise sont durs à l'égard de l'administration Tremblay-Zampino. Il qualifie même ce dossier d'odieux. «Ce n'est pas pour le bien de la société que l'on fait cela. Il faut que la ministre [des Affaires municipales] en soit informée pour prendre des décisions éclairées et qu'elle comprenne la situation véritable. [...] Le maire Tremblay prétend qu'il y a 10 milliards à mettre dans les infrastructures. Pensez-vous que ça n'intéresse pas quelqu'un, ça?», a lancé Jean Fortier en entrevue au Devoir.Les liens étroits entre les firmes d'ingénierie qui un jour conseillent la Ville de Montréal et le lendemain travaillent ensemble dans un autre dossier et deviennent le surlendemain concurrentes font sourciller M. Fortier. L'embauche du directeur général adjoint responsable de l'eau à la Ville par la firme BPR, qui a piloté le dossier des compteurs d'eau, s'ajoute au malaise.
«Le principe d'installer des compteurs, j'en suis en regard de l'équité fiscale. Mais du point de vue des coûts, ça n'a aucun sens. Payer 355 millions pour ça, sans qu'il y ait de "payback", c'est de la bouillie pour les chats. Ça ne réduit pas les coûts. On va juste prendre les fautifs et faire payer les coupables», a affirmé M. Fortier.
Inspections
Selon lui, Montréal pourrait plus simplement faire appel à des inspecteurs qui feraient des vérifications dans les industries, les commerces et les institutions qui surconsomment de l'eau, notamment pour la climatisation de leurs immeubles. «Où est le problème? Je ne dis pas que les équipements sont en ordre. Je ne dis pas qu'ils sont bien entretenus, que les équipements permettent de mesurer et de calculer la consommation d'eau. C'est ça, le détour qu'ils veulent faire, mais la gérance de l'eau, ils ne la font pas. L'odieux de cette affaire, c'est qu'on va étouffer les commerces», fait-il valoir.
Ce dernier a été confronté au fouillis que représente la gestion de l'eau à Montréal lorsqu'il présidait le comité exécutif de Montréal, mais il soutient que la ressource est abondante, de grande qualité et produite à coût peu élevé dans des usines de filtration (Des Baillets et Atwater) surdimensionnées pour les besoins. Le choix de l'administration Tremblay-Zampino de réformer de fond en comble les façons de faire en matière de gestion de l'eau s'explique, mais le chemin emprunté pour y parvenir fait sourciller M. Fortier.
Pour lui, la question de la rentabilité se pose en premier lieu. Dans le contexte où les finances de la Ville de Montréal sont difficiles, un tel contrat devrait générer des économies. Il semble que l'administration Tremblay-Zampino a surtout choisi d'augmenter ses revenus en imposant éventuellement une tarification à la consommation d'eau dans le secteur non résidentiel. Mais on ignore quelles sont les sommes que la Ville espère amasser et ainsi rentabiliser son investissement de 355 millions auxquels s'ajoutent 78 millions liés au fonctionnement, pour un total de 423 millions.
«C'est une invention machiavélique pour aller chercher des taxes!», s'est exclamé M. Fortier.