Travaux sur le boulevard Saint-Laurent - La Ville a fait sa part, croit Forcillo

Affirmant subir des pertes d'argent importantes en raison des travaux sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal, des commerçants font circuler depuis la semaine dernière une pétition demandant de les faire accélérer et ils envisagent même d'intenter un recours collectif contre la Ville. Le responsable des infrastructures, de la voirie et de la gestion de l'eau au comité exécutif de la Ville de Montréal, Sammy Forcillo, a invité hier les commerçants à faire preuve de patience et a tenu à souligner certaines mesures mises de l'avant pour atténuer les inconvénients en raison du chantier.
La Ville de Montréal a pris des mesures pour réduire la durée des travaux sur le boulevard Saint-Laurent et pour atténuer les impacts négatifs du chantier, a affirmé hier le responsable des infrastructures, de la voirie et de la gestion de l'eau au comité exécutif de la Ville, Sammy Forcillo.L'élu a invité les commerçants à être patients et a affirmé que, «pour faire des omelettes, il faut casser des oeufs». Il a reconnu que le chantier pouvait causer «quelques inconvénients» et a dit que l'administration municipale dont il fait partie est «très sensible» à cette situation.
Pour faciliter la circulation, la Ville a demandé à l'entrepreneur de créer des navettes pour transporter la marchandise et a installé des panneaux pour inciter les automobilistes à emprunter d'autres artères, a-t-il dit. Elle a veillé à ce que les piétons puissent circuler sur le trottoir et elle a travaillé en concertation avec les commerçants, a-t-il ajouté.
Il a tenu un point de presse hier, au lendemain de la parution d'un article dans La Presse mentionnant que des commerçants, excédés, faisaient circuler une pétition pour demander à la Ville d'accélérer les travaux.
M. Forcillo a affirmé que les travaux majeurs sur ce boulevard devraient se terminer au mois de novembre. La première phase du chantier, concernant la portion de l'artère comprise entre le boulevard René-Lévesque et la rue Sherbrooke, a commencé en mars 2006 et a coûté six millions de dollars. La deuxième partie a débuté l'automne dernier et le budget prévu est de 26 millions de dollars. D'importants travaux de voirie et d'électricité ont été effectués et des conduites d'égoût ont été remplacées. L'élargissement des trottoirs et le remplacement de la chaussée sont aussi prévus.
Alors que les travaux devaient au départ durer 24 mois, ils devraient être effectués en 13 mois, a soutenu M. Forcillo. Pour ce faire, des équipes s'affairent en parallèle à des travaux de différentes natures, a-t-il expliqué. Le chantier ne sera pas non plus interrompu durant les vacances de la construction, a-t-il dit.
M. Forcillo a affirmé que les administrations municipales antérieures avaient sous-investi dans la voirie et que la Ville connaissait actuellement une période de rattrapage. Il a lancé un appel aux Montréalais pour qu'ils fréquentent les commerces du boulevard Saint-Laurent. Il n'a par ailleurs pas voulu commenter la possibilité d'un recours collectif contre la Ville.
Des commerçants affectés par les travaux
«Les travaux nous affectent beaucoup», a affirmé hier le gérant du restaurant La Belle Province sur le boulevard Saint-Laurent, Jimmy Arabatzidis. «Il n'y a pas de stationnement pour les clients. Et, pendant trois mois, un gros trou a bloqué notre entrée. [...] Notre chiffre d'affaires a baissé de 30 à 45 %.»
Le commerçant Henrique Laranjo, propriétaire du resto-bar Chez le Portugais, soutient que les affaires vont «très mal». Il a dû mettre à pied deux serveuses et son chiffre d'affaires a baissé d'environ 50 %, a-t-il dit. La pétition qui circule mentionne que la Ville de Montréal est en train de mettre en faillite des commerçants, a-t-il indiqué au Devoir.
Le propriétaire du restaurant Steve Pizza, Michael Rochon, est un des commerçants qui ont signé la pétition. «C'est l'enfer», affirme-t-il. L'achalandage sur le boulevard Saint-Laurent a diminué, ainsi que le chiffre d'affaires de son commerce, dit-il. Il doit travailler de nombreuses heures, faute de pouvoir embaucher suffisamment d'employés.
Les affaires vont mal également pour le commerçant Richard Doucet, de la boutique de lingerie pour hommes Intense If. Il affirme que ses ventes ont chuté de 98 % en raison des travaux. Il poursuivra la Ville pour un montant de 85 000 $ pour avoir installé une roulotte devant son commerce durant cinq semaines, a-t-il dit. Il la poursuivra aussi pour un montant de 12 500 $ par mois pour les pertes d'argent subies durant neuf mois, a-t-il ajouté.