La réponse de l'arrondissement de Ville-Marie à la Commission des droits - Une subvention de 115 000 $ aux groupes communautaires qui aident les marginaux

Critiqué par les intervenants en itinérance et la Commission des droits de la personne pour l'adoption d'un règlement qui interdit de se trouver dans une place publique la nuit, l'arrondissement de Ville-Marie a répliqué hier en instaurant un programme de 115 000 $ pour favoriser l'insertion sociale des personnes marginalisées.

Le programme «Un arrondissement pour tous», adopté hier lors du conseil d'arrondissement, vise à «favoriser la cohabitation sociale dans les espaces publics de l'arrondissement», explique le maire de Ville-Marie, Benoit Labonté.

«On veut travailler avec les groupes communautaires qui s'occupent de personnes marginalisées ou vulnérables. On veut aider ceux qui aident», poursuit M. Labonté, précisant qu'on financera du travail de «proximité» en ciblant notamment les groupes qui interviennent au chapitre de la prostitution de rue et de l'itinérance. On soutiendra également les résidants des «secteurs frappés par un taux élevé d'incivilité».

Pas question cependant, pour le maire Labonté, de revenir sur le règlement adopté en août qui assimile la quinzaine de places publiques de l'arrondissement à des parcs et qui, ce faisant, en interdit l'accès entre minuit et 6h. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a suggéré le retrait d'une telle mesure, il y a deux semaines.

«Ce ne serait pas responsable du tout», rétorque le maire Labonté, soulignant qu'il laisserait ainsi le champ libre à la prostitution, à la vente de stupéfiants et aux gangs de rue. Notons par ailleurs qu'aucune contravention n'a encore été émise à ce jour en vertu du nouveau règlement.

Le coordonnateur du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Pierre Gaudreau, accueille le nouveau programme avec un haussement d'épaules: «C'est très peu. Nous avons 40 membres dans l'arrondissement de Ville-Marie, cela donne une idée de l'ampleur des besoins.»

L'organisme, qui a réclamé dimanche dernier la tenue d'une commission parlementaire à Québec sur l'itinérance, a par ailleurs vu sa demande accueillie plutôt fraîchement hier par le ministre de la Santé et des Services sociaux.

Le ministre a dit préférer des «actions concrètes», tel l'établissement d'un «cadre de référence» au ministère de la Santé et des Services sociaux. C'est «une façon beaucoup plus concrète, à notre avis, de régler les problèmes et d'améliorer la qualité de vie des personnes touchées, que des exercices tels qu'une commission parlementaire», fait valoir le ministre.

Le président de la Commission des affaires sociales, le député libéral Russell Copeman, ne ferme cependant pas la porte à la tenue d'une commission parlementaire sur le sujet. La question devrait être discutée au cours des prochains jours avec les membres de la commission. «La demande mérite d'être prise en considération et traitée avec sérieux et diligence», indique M. Copeman.

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