Conseil d'agglomération - Les villes défusionnées boycottent les réunions

Les 15 maires des villes défusionnées ont décider de boycotter les séances du conseil d'agglomération pour protester contre le dernier budget et tenter d'obtenir des modifications à la structure de l'agglomération.

«Pendant un an, on a assisté à toutes les réunions, à toutes les commissions, on a essayé que cela fonctionne. On a vu [mercredi] comment ils ont été capables de manipuler le budget pour une deuxième fois, au détriment de nos résidants», a déploré la mairesse de Westmount et porte-parole de la Coalition des maires de banlieue, Karen Marks.

Après un boycottage improvisé à la dernière minute de la séance spéciale sur le budget hier matin, les 15 maires des villes reconstituées ont décidé en après-midi de ne plus se présenter aux séances du conseil d'agglomération jusqu'à ce qu'ils aient «une bonne raison de le faire». Les deux séances du conseil d'agglomération prévues hier se sont déroulées sans eux puisque les délégués de Montréal suffisent à assurer le quorum.

Le président du comité exécutif de Montréal, Frank Zampino, a donné la réplique en rappelant que les maires savaient à quoi s'attendre lorsqu'ils ont fait campagne pour les défusions. «Le gouvernement prévoyait la création d'un conseil d'agglomération, une agglomération gérée par Montréal, qui s'occupait des services en commun sur l'île. Ils savaient très bien qu'il n'y avait pas de retour en arrière», a-t-il fait valoir.

En pratiquant la politique de la chaise vide, les maires de banlieue espèrent forcer la main de la ministre des Affaires municipales et la convaincre de modifier la structure de l'agglomération. Ils souhaitent notamment que l'ensemble des conseillers municipaux de Montréal puissent y siéger et qu'on forme un comité exécutif distinct de celui de Montréal. Ils réclament également un secrétariat avec des fonctionnaires attitrés ainsi qu'un comité d'arbitrage pour régler les différends.

La ministre des Affaires municipales étudie ces propositions et devrait offrir sa réponse au cours des prochaines semaines, Elle ne s'est cependant pas montrée très favorable à des changements de structure jusqu'à maintenant. Son attaché de presse, Jonathan Trudeau, a déploré le boycottage entrepris par les maires de banlieue.

Alors que le torchon brûle depuis la naissance de l'agglomération, l'an dernier, c'est le budget déposé mercredi qui a fait déborder le vase. Pour la portion du budget qui touche l'agglomération, Montréal a décidé d'aller chercher une plus grande portion des revenus du côté des résidants tandis qu'elle diminuait les taxes pour les immeubles non résidentiels. On a fait l'inverse pour la portion qui concerne le budget de la Ville de Montréal. Une telle mesure visait à atténuer l'effet du dernier rôle d'évaluation, les valeurs foncières des résidants de Montréal ayant augmenté considérablement alors qu'elles étaient sous la moyenne dans la plupart des villes de banlieue.

Les maires des villes reconstituées affirment que leurs résidants paieront ainsi une plus grande part des dépenses de l'agglomération.

Une telle allégation est erronée, selon Frank Zampino, qui soutient que la charge fiscale globale (secteurs résidentiel et non résidentiel) a plutôt diminué de 1,3 % à Montréal et de 2,3 % dans les villes reconstituées.

M. Zampino reconnaît toutefois que le budget peut désavantager certaines villes qui ont peu de contribuables non résidentiels. «Cette décision favorise au moins cinq ou six villes reconstituées davantage qu'elle n'avantage la Ville de Montréal. [...] Quand on essaie de faire un budget pour 16 villes, on prend des décisions qui font des gagnants et des perdants», a-t-il soutenu, réaffirmant que son budget est tout à fait «légal».

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