Règlement sur l'aide financière aux étudiants - L'argent d'Ottawa aurait pu être mieux utilisé, dit un comité-conseil

Les 140 millions versés par le fédéral et intégrés au nouveau règlement sur l'aide financière auraient pu servir à gonfler la cagnotte plutôt qu'à réparer les pots cassés, un constat que déplore le Comité consultatif sur l'accessibilité financière des études.

Dans un avis dévoilé hier, ce comité accorde toutefois sa bénédiction aux modifications proposées en avril dernier par le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Jean-Marc Fournier, pour mettre fin au long conflit étudiant qui a vidé les campus universitaires et collégiaux au printemps.

Les changements proposés au Règlement sur l'aide financière aux études respectent le sens de l'entente de principe conclue alors entre le gouvernement et les fédérations étudiantes, constate ce comité consultatif, auquel le ministre est tenu de se fier lorsqu'il transforme lois et règlements.

Le comité regrette toutefois que l'argent versé par le gouvernement fédéral pour rétablir les torts causés par la conversion de 103 millions de dollars de bourses en prêts n'ait donc pas pu servir à améliorer le Programme de prêts et bourses. En 2004, le comité avait recommandé d'ajouter 100 millions à l'aide financière.

L'entente de principe conclue entre le gouvernement et les fédérations étudiantes (Fédération étudiante universitaire du Québec et Fédération étudiante collégiale du Québec) comporte l'ajout en quatre ans de 140 millions venus d'Ottawa: 100 millions issus d'une bonification du Programme canadien de prêts aux étudiants et 40 autres millions versés par la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire.

«Le comité pense que [ces] contributions additionnelles [...] auraient pu être utilisées pour bonifier le régime d'aide financière aux études si ce dernier n'avait pas été l'objet d'importantes compressions dans le budget 2004-05», peut-on lire dans l'avis, qui ne manque pas de préciser à quel point il est «regrettable qu'on ait dû mettre tant d'énergie dans la remise en question des changements qui sont entrés en vigueur en septembre 2004, et cela, au moment même où l'on implantait les mesures de modernisation du Programme de prêts et bourses».

Insatisfaite de cette «entente à rabais», l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) avait à l'époque condamné la récupération de cet argent, prétextant qu'il aurait effectivement pu servir à bonifier l'ensemble du programme. Le président de la FEUQ d'alors, Pier-André Bouchard-St-Amant, s'était défendu de cette attaque en arguant que Québec n'était pas tenu de verser cet argent fédéral aux étudiants et qu'il aurait donc «pu servir à baisser les impôts ou à prolonger l'autoroute 30».

Le Comité sur l'accessibilité financière des études s'inquiète aussi des répercussions négatives que pourrait avoir eu le battage médiatique du printemps dernier. «Les craintes du comité portent sur le message qui a été véhiculé dans les milieux les moins favorisés au sujet de l'accessibilité financière des études», principalement au collège et à l'université. Certains parents «pourraient suggérer à leurs enfants, même aux plus talentueux, de prendre le chemin le plus court qui mène à l'emploi», sans transiter par l'enseignement supérieur.

Compte tenu de ce possible effet négatif, le comité suggère au ministre de l'Éducation de mettre en place un «plan de communication» ciblant spécifiquement les élèves du secondaire et leurs parents «en accordant une attention particulière aux milieux défavorisés».

Notons aussi que l'avis salue le fait que la population est désormais beaucoup plus sensible «au maintien des acquis sociaux en matière d'accessibilité des études». Il note toutefois que pour la cohorte qui a obtenu de l'aide financière en 2004-05 et celle qui en soutirera l'an prochain — une année transitoire dans l'application de l'entente —, la dette d'études sera plus élevée que pour les autres, ce qui nécessiterait peut-être que l'on planche sur un plan de remise de dette qui leur serait précisément destiné.

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