Québec discute avec Ottawa d’exigences en français pour les immigrants temporaires

Parce que « l’immigration temporaire a un impact sur la langue parlée au Québec », la ministre Christine Fréchette étudie la possibilité d’imposer des critères de francisation chez les travailleurs temporaires. Elle ne soumettra toutefois pas ce scénario lors des consultations sur l’immigration, qui s’amorçaient mardi à Québec.
« Ce sont des choses qu’on est en train de regarder », s’est contentée de dire l’élue de la Coalition avenir Québec (CAQ), peu avant l’ouverture de la commission sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2024-2027, mardi matin. « On analyse quels sont les leviers dont on peut disposer pour faire en sorte que l’immigration temporaire contribue à la protection du français. »
Mme Fréchette en discutera avec son homologue à Ottawa, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, « dans les prochains jours », a-t-elle dit. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) relève du gouvernement fédéral.
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Québec a présenté deux scénarios de seuils d’immigration, un qui maintient le statu quo (une cible d’accueil de 50 000 immigrants par an) et un autre à 60 000 nouveaux arrivants par année. En mai dernier, il a aussi resserré les critères de sélection des immigrants permanents, qui devront obligatoirement maîtriser le français pour s’installer au Québec.
Interrogé sur les possibilités de faire de même avec les quelque 300 000 immigrants temporaires qui résident en sol québécois, le premier ministre François Legault a déjà révélé ses intentions. « Il y a encore de la place pour agir. Ce sera dans une deuxième étape », a-t-il dit au moment de présenter la réforme gouvernementale de l’immigration, au printemps.
Capacité d’accueil
Or, cette hypothèse ne sera pas étudiée durant la commission parlementaire sur la planification pluriannuelle de l’immigration, laquelle siégera pendant les trois prochaines semaines. Les groupes d’opposition ont bien pris soin de le faire remarquer à la ministre, mardi.
« Les deux scénarios que nous avons sur la table n’incluent pas le scénario absent des travailleurs temporaires étrangers », a soulevé le porte-parole libéral en matière d’immigration, Monsef Derraji, en début de consultations.
« Ils ne veulent pas faire ce débat-là », a soutenu le député du Parti québécois Pascal Bérubé, qui n’a toutefois pas voulu indiquer s’il souhaitait ou non réduire les niveaux d’accueil des immigrants temporaires. « On n’avait pas ces chiffres-là lors de l’élection l’an dernier », a-t-il dit.
De passage en commission, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a convenu que l’intégration des immigrants pouvait soulever des questions en matière de logement, de services de garde, de transport et de santé dans les villes et régions du Québec. L’organisme demande d’être impliqué « étroitement » pour élaborer des « critères de capacité d’accueil » en collaboration avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.
Également présente mardi, la Ville de Montréal a incité le gouvernement du Québec à « octroyer un financement suffisant, flexible et pérenne pour accélérer la réalisation de projets d’habitation au Québec, notamment pour répondre aux besoins des populations migrantes ».
Les consultations se poursuivent mercredi avec le passage du Commissaire à la langue française et des grandes centrales syndicales.