François Legault, écoanxieux

François Legault a revêtu à plus d’une reprise au fil de la dernière année son gilet noir frappé du logo de la sécurité civile.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne François Legault a revêtu à plus d’une reprise au fil de la dernière année son gilet noir frappé du logo de la sécurité civile.

Rafales de vent, verglas, fortes pluies, feux de forêt. Le premier ministre François Legault a revêtu à plus d’une reprise au fil de la dernière année son gilet noir frappé du logo de la sécurité civile : un triangle bleu placé dans un cercle orange.

« Le triangle représente la stabilité, l’équilibre et l’harmonie ; l’orange, visible de loin, signifie l’alerte ; le bleu est la couleur de la paix », peut-on lire sur une page du site Web du ministère de la Sécurité publique.

« Il y a eu beaucoup de crises à gérer, un peu plus que ce que j’avais anticipé », a convenu François Legault lors du bilan de l’année parlementaire 2022-2023, sur la colline Parlementaire, vendredi.

Les phénomènes climatiques extrêmes qui l’ont envoyé tantôt dans les cellules de crise d’Hydro-Québec, à Montréal, et du ministère de la Sécurité publique, à Québec, tantôt dans l’eau à Baie-Saint-Paul et au sec à Sept-Îles ont exacerbé l’« anxiété » l’agitant. Et il ne lit pas 30 minutes chaque soir pour rien. « Pour ce qui est de l’anxiété ou de l’écoanxiété, je pense qu’on se connaît depuis un certain temps, je suis quelqu’un d’un petit peu anxieux, je l’avoue », a-t-il laissé tomber.

Les catastrophes à répétition, à commencer par les feux de forêt — dont l’intensité et l’ampleur l’ont « surpris » —, lui ont également permis de reprendre la mesure du défi de l’adaptation aux changements climatiques. « Je trouve toujours que ça ne va pas assez vite. Donc on pose des gestes, et il va falloir continuer de poser des gestes. C’est certain que les changements climatiques ont des impacts réels sur la vie de tous les jours », a répété François Legault.

Le gouvernement consentira l’injection au cours des cinq prochaines années de quelque 1,5 milliard de dollars dans des mesures relatives à la résilience face aux changements climatiques. « Il va falloir en faire plus », a reconnu François Legault, tout en se tournant vers les municipalités. « Il y a un mal qui a été fait [déjà par les changements climatiques]. La température a augmenté. Il y a des impacts. »

S’il est sincère, le gouvernement caquiste garnira un fonds d’urgence climatique en plus de tenir une commission parlementaire sur l’aménagement forestier à l’heure des changements climatiques, a fait valoir le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. « C’est les deux premières [solutions] qui me viennent en tête, mais il y en a d’autres. »

Je trouve toujours que ça ne va pas assez vite. Donc on pose des gestes, et il va falloir continuer de poser des gestes. C’est certain que les changements climatiques ont des impacts réels sur la vie de tous les jours.

Même s’il a condamné (à tort) le hameau de Clova, au nord-ouest de La Tuque, le chef de gouvernement maintenant habitué aux crises s’est attiré les compliments des chefs des partis d’opposition à l’Assemblée nationale. « Vous avez notre appui indéfectible dans tout ce que vous faites pour aller aider notre monde sur le terrain », a lancé le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, en chambre.

« Quand les populations sont en détresse, quand les populations sont en crise, François Legault a cette bonne habitude de se déplacer et d’aller voir le monde », a dit de son côté « GND » à la presse.

À ses yeux, « les élus du peuple québécois ont deux responsabilités : être là quand ça pète, quand ça brise, quand ça déferle, mais [aussi] travailler pour que ça ne se reproduise pas, ou, en tout cas, que, quand ça se reproduit, ce soit moins pire pour le monde ».

Chacun des épisodes météorologiques extrêmes rappelle l’importance d’accélérer non seulement l’adaptation des infrastructures aux dérèglements climatiques, mais aussi la décarbonation de l’économie québécoise.

Or, à peine 60 % des mesures nécessaires à l’atteinte des cibles de réduction des gaz à effet de serre ont été identifiées par le gouvernement dans le troisième volet du Plan pour une économie verte (PEV), dévoilé en mai.

Les solidaires ont profité des derniers jours pour tourner en dérision la conférence de presse durant laquelle François Legault a présenté la troisième zone d’innovation, la Vallée de la transition énergétique, tenue à Bécancour le 29 mai dernier. Le parti de gauche ne parle que du « super camion tout électrique VUS Hummer EV » qui trônait sur la scène, au grand regret de François Legault.

Chose certaine, le projet de loi sur l’accroissement de la capacité et de l’efficacité énergétiques du Québec(pas seulement par le démarrage du lave-vaisselle programmé à minuit) sur lequel le ministre Pierre Fitzgibbon travaille fera du bruit, lui.

Les puissantes rafales, le verglas, les fortes pluies et maintenant les feux de forêt ont tour à tour détourné par moments l’attention du gouvernement caquiste, gratifié d’une supermajorité parlementaire le 3 octobre dernier.

Mais malgré les crises à répétition, la Coalition avenir Québec remplira environ 99 % de ses promesses électorales, a assuré François Legault, avant de préciser avoir pris la liberté d’en « ajuster » certaines depuis le dernier scrutin. Parmi elles, la construction d’un troisième lien routier entre Québec et Lévis et le maintien du nombre d’immigrants permanents à 50 000 par année. « Je me remets toujours en question. […] Quand c’est nécessaire de changer d’idée, on change d’idée. On n’est pas dogmatiques. »

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