«Attendez-vous à ce que je reste longtemps», prévient Legault

Le premier ministre François Legault a affirmé, lors de son bilan de fin de session, qu’il compte rester en poste encore « longtemps ».
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le premier ministre François Legault a affirmé, lors de son bilan de fin de session, qu’il compte rester en poste encore « longtemps ».

Le premier ministre François Legault a conclu vendredi une session parlementaire marquée par les crises et la prise de décisions qui « déçoivent les Québécois », mais il a pris la peine de souligner son intention de rester en poste pour encore « longtemps ».

« Il est beaucoup trop tôt pour parler de la relève », a-t-il lancé aux journalistes.

La dernière session parlementaire a été mouvementée pour les troupes caquistes, plombées par des difficultés et des controverses.

 

« Quand on est premier ministre, quand on est au gouvernement, il faut prendre des décisions. Et ça arrive que certaines décisions déçoivent les Québécois, a reconnu M. Legault en faisant le bilan des derniers mois. Je vis avec ça, je sais que ça fait partie de ma job, ce n’est pas toujours facile. »

Entre autres controverses, la transition numérique de Société de l’assurance automobile du Québec a plongé les ministres Geneviève Guilbault et Éric Caire dans l’embarras au mois de mars.

En mai, les caquistes ont proposé de hausser le salaire des députés de 30 %. Le projet de loi, adopté mardi, fait des élus québécois les mieux payés parmi leurs homologues des provinces. Au cours du même mois, le ministre Simon Jolin-Barrette a lui aussi nourri la controverseen nommant un ami personnel à un poste de juge à la Cour du Québec.

Le troisième lien

 

Le point d’orgue de cette session difficile a néanmoins été atteint quand le gouvernement a renoncé à son projet de tunnel autoroutier, entre Québec et Lévis, pour le remplacer par un projet de transport en commun.

« C’est le genre de situation qui a déçu des députés, qui a déçu des citoyens », a reconnu le premier ministre. Un sondage Léger en a mesuré l’effet : les intentions de vote pour la Coalition avenir Québec (CAQ) sont passées de 40 % à 36 % entre les mois de février et mai. À Québec et sur la Rive-Sud, le Parti québécois a profité de la déconfiture caquiste.

Dans ce qui a pu ressembler à une tentative de maintenir l’espoir, M. Legault a rappelé vendredi que son gouvernement va réévaluer, « tous les cinq ans », si la baisse du nombre de déplacements en raison du télétravail justifie toujours sa décision.

Même si la volte-face sur le troisième lien a fait des vagues dans son caucus, le premier ministre a assuré que les rangs sont toujours serrés. « L’atmosphère est excellente au caucus », a-t-il assuré.

« J’ai du fun »

Malgré les difficultés, le premier ministre n’a pas l’intention de céder sa place au suivant. Il a d’ailleurs lui-même abordé la question en parlant du développement de la filière batterie aux ions de lithium.

« Ne serait-ce que pour ça, attendez-vous à ce que je reste longtemps parce que ça m’intéresse, l’économie », a-t-il lancé. M. Legault a dit vouloir saisir l’occasion de « décarboner le Québec et de réduire notre écart de richesse par rapport à nos voisins ». « Et c’est extraordinaire », a-t-il déclaré.

Le chef caquiste a répété être en forme, « jouer au tennis » et se plaire dans ses fonctions. « Non », a-t-il répondu quand un journaliste lui a demandé s’il réfléchissait parfois à sa succession à la tête de la CAQ. À côté de lui, Geneviève Guilbault et Simon Jolin-Barrette ont respectivement froncé les sourcils et rigolé lorsque la presse parlementaire a fait référence aux aspirations primoministérielles de Mme Guilbault.

« Tout ce que je vous dis, c’est que j’ai du fun actuellement parce qu’entre autres, les deux sujets qui m’intéressent, l’économie et sauver le français, on y travaille. Donc, j’ai l’intention de rester encore longtemps pour y travailler », a prévenu le chef caquiste. En 2011, François Legault promettait de quitter le pouvoir après un seul mandat s’il accédait un jour à la tête de l’État.

Le premier ministre s’est félicité du « geste fort » que pose son gouvernement en obligeant tous les immigrants économiques à maîtriser la langue française. « Sur l’identité, […] même si je ne suis plus au Parti québécois, défendre notre nation, défendre notre langue, je n’ai pas changé d’un iota là-dessus », a-t-il souligné.

Il a rêvassé à voix haute, évoqué « un jour lointain, quand je serai dans ma chaise berçante, où je me dirai : c’est notre gouvernement qui a arrêté le déclin du français et qui a reparti ça dans l’autre direction ».

Des réformes « très caquistes »

M. Legault a qualifié de « très caquistes » les réformes en santé et en éducation que son gouvernement a mises au jeu. « Ce sont des projets de loi qui vont nous permettre d’avoir des réseaux plus efficaces », a-t-il dit. « Comment ? En s’assurant qu’on fixe des objectifs aux dirigeants locaux et qu’on suive les résultats. Et si les résultats ne sont pas bons, [les dirigeants] vont être obligés de laisser leur place », a-t-il ajouté, en disant s’inspirer des « principes de base d’une bonne gestion ».

Il a ensuite fait état de la « résistance » envers ces projets de loi. Les employés de l’État auront le droit de grève en septembre, a-t-il rappelé. « C’est pour ça que j’ai dit à tous les députés : “Reposez-vous cet été, ça risque d’être un automne chaud.” »

Au-delà des controverses politiques, le gouvernement a également eu son lot de catastrophes naturelles à gérer. Le verglas et ses pannes de courant, les inondations de Baie-Saint-Paul puis les feux de forêt ont mobilisé les troupes caquistes.

M. Legault a une fois de plus reconnul’impact des changements climatiques dans tous ces bouleversements. « Pour ce qui est de l’anxiété ou de l’écoanxiété, on se connaît depuis un certain temps, je suis un petit peu anxieux. Je trouve toujours que ça ne va pas assez vite », a-t-il déclaré.

M. Legault a précisé sa pensée quant aux efforts qu’il exige de la part des municipalités, qui réclament un fonds de 2 milliards de dollars pour l’adaptation aux changements climatiques.

« Les municipalités payent leurs employés 35 % de plus que nos employés au gouvernement du Québec, a-t-il dit. Il doit y avoir un certain contrôle des dépenses aussi qui est fait dans les municipalités, et qu’une plus grande partie du budget aille à l’adaptation aux changements climatiques. »

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