Les États-Unis offrent de l’aide au Québec pour combattre les feux de forêt

Le premier ministre François Legault faisait le point sur la situation des feux de forêt au Québec, le 7 juin 2023, en compagnie de son ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.
La Presse canadienne Le premier ministre François Legault faisait le point sur la situation des feux de forêt au Québec, le 7 juin 2023, en compagnie de son ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.

La situation des feux de forêt est stable au Québec, a déclaré jeudi le premier ministre François Legault, dont le cabinet a souligné l’engagement des États-Unis à venir en aide au Québec particulièrement.

M. Legault a affirmé que le nombre de personnes déplacées, soit 13 500, devrait également rester stable, notamment dans les zones les plus touchées de Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon et Normétal.

« On pense que ce nombre va rester le même pour les deux prochains jours », a déclaré le premier ministre lors d’une conférence de presse.

Aucun retour ne sera possible avant mardi prochain, a toutefois prévenu M. Legault, avant d’ajouter que des fonds seront débloqués pour couvrir les dépenses des personnes déplacées.

« Je devrais être capable, d’ici demain [vendredi], de faire un Conseil des ministres spécial pour pouvoir annoncer […] les per diem qui pourront être donnés aux gens qui sont évacués, a-t-il dit. Je veux rassurer tout le monde, on va compenser l’équivalent de ce que ça vous a coûté. »

Le cabinet de M. Legault a souligné que les États-Unis ont promis jeudi d’envoyer des pompiers au Canada, particulièrement au Québec, pour lutter contre la centaine d’incendies qui y font rage.

Dans un communiqué, le président américain, Joe Biden, a souligné les besoins du Québec.

 

« J’ai parlé mercredi au premier ministre Justin Trudeau, et j’ai offert de l’aide supplémentaire au Canada afin d’accélérer rapidement les efforts visant à contrer ces feux, particulièrement ceux du Québec, qui ont l’impact le plus direct sur les communautés américaines », a déclaré M. Biden.

Représentations québécoises

 

La taille des effectifs américains n’a pas encore été précisée, a indiqué le cabinet de M. Legault.

« Ce communiqué de la Maison-Blanche fait suite aux représentations qu’on a faites par différents canaux diplomatiques et via le fédéral, a affirmé l’attaché de presse Ewan Sauves. On va poursuivre nos discussions pour que l’aide proposée se rende jusqu’ici. »

La ville de New York a particulièrement été affectée par la fumée des feux de forêt qui sévissent au nord de la frontière.

Au total, 650 pompiers sont sur le terrain actuellement, dont 100 militaires canadiens. Une centaine de pompiers français, arrivés jeudi, vont également se joindre aux efforts de lutte contre les incendies. Une cinquantaine de personnes du Nouveau-Brunswick doivent les rejoindre dans les prochaines heures. L’objectif du Québec est de compter sur un effectif de 1200 pompiers.

Après l’appel lancé par la mairesse Valérie Plante, qui soulignait la disponibilité de ses pompiers pour contribuer dans le nord, M. Legault a affirmé que la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) avait atteint sa capacité à intégrer du personnel qui ne détient pas de formation propre à la lutte contre les feux de forêt.

Avions et Autochtones

 

Concernant la disponibilité de pilotes du Service aérien gouvernemental pour les avions-citernes, M. Legault a affirmé que des aménagements permettront aux autorités de tenir compte des limites à leur temps de vol, fixé à 100 heures par période de 30 jours dans leur convention collective. Les temps de repos des pilotes seront synchronisés avec les périodes d’entretien des appareils.

Mercredi, le premier ministre avait affirmé que le Québec pourrait manquer d’ici une semaine de pilotes d’avion-citerne pour lutter contre les incendies de forêt.

Il a expliqué jeudi que la capacité de couverture des appareils demeurerait à 40 feux.

« À tour de rôle, un ou deux appareils seront au sol pour entretien, au même moment les pilotes se reposent », a-t-il dit.

La communauté crie de Waswanipi a choisi jeudi d’évacuer volontairement la moitié des 1600 résidents qu’elle compte en raison de la fumée abondante, a indiqué M. Legault. Les personnes évacuées sont relogées à Québec, notamment dans la communauté huronne-wendate de Wendake.

Concernant Mistissini, le chef caquiste a expliqué qu’un malentendu était survenu mercredi. Les représentants de la SOPFEU sur le terrain jugeaient que la situation ne nécessitait pas d’évacuation, mais leurs collègues de Québec ont ordonné le départ, une décision qui a été refusée par le chef de la communauté crie.

« Il y a eu un malentendu à l’intérieur de la SOPFEU », a affirmé M. Legault.

Changements climatiques

 

Le premier ministre a reconnu qu’il faudra injecter des fonds supplémentaires pour l’adaptation aux changements climatiques. Alors que l’opposition réclame qu’un fonds y soit spécialement consacré, François Legault n’a pas marqué de préférence.

« Ce qui est important, c’est d’avoir les mesures, a-t-il indiqué. Qu’elles soient dans le Plan pour une économie verte, pour réduire les GES, ou qu’elles soient dans un deuxième plan, l’important, c’est de mettre les ressources. »

Selon le premier ministre, la question des feux de forêt a pris une nouvelle ampleur avec les incendies en cours, qui sont sans précédent.

 

« On parlait beaucoup de l’érosion des berges, mais personne ne parlait des forêts, et là, pouf, on est tous surpris. C’est la même chose en Colombie-Britannique, en Alberta. Il va falloir ajouter en adaptation aux changements climatiques pour les forêts. »

M. Legault a affirmé avoir l’intention d’augmenter les effectifs de la SOPFEU, qui compte actuellement 518 pompiers.

« Pour ce qui est, à moyen terme, d’avoir plus de personnes, que ce soient des réguliers ou des saisonniers, c’est certain qu’il faudra regarder pour augmenter le nombre », a-t-il dit.

Une motion pour éviter que les gens souffrent

Le Bloc québécois a profité de sa journée d’opposition à la Chambre des communes pour inviter les élus fédéraux à reconnaître « les effets directs » des changements climatiques sur « l’ampleur des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes » — comme les feux de forêt — et sommer le gouvernement fédéral d’en faire davantage pour le climat — notamment en cessant d’investir dans les énergies fossiles.

Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a souligné que sa motion n’avait rien d’antagoniste et qu’il soutenait une transition énergétique graduelle. « On ne veut pas que les gens souffrent. On ne veut pas que les gens perdent des emplois », s’est-il défendu, en demandant plutôt l’attribution de « ressources nécessaires pour que l’Alberta se développe une économie compatible avec les enjeux climatiques ».

Le député libéral Mark Gerretsen, secrétaire parlementaire du gouvernement aux Communes, a indiqué d’entrée de jeu que son gouvernement appuierait la motion bloquiste. « Absolument », a confirmé le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, au Devoir.

Le Parti libéral s’est engagé à éliminer les subventions à l’industrie des combustibles fossiles à compter de cette année.

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, n’a quant à lui pas voulu s’avancer. « En général, je crois qu’il faut laisser le marché libre déterminer les investissements », s’est-il contenté de dire, en attendant de lire la motion et d’écouter le débat.

Pierre Poilievre a réitéré son soutien aux Québécois et aux Canadiens qui sont aux prises avec des feux de forêt dans leur région. Le chef conservateur a fait preuve d’un rare élan de solidarité, en début de semaine, en accordant tout son appui au gouvernement fédéral de Justin Trudeau dans la gestion de cette crise. Les conservateurs réclament la création d’une unité fédérale de sapeurs-pompiers, équipée d’avions-citernes de nouvelle génération, qui pourrait être déployée au besoin aux quatre coins du pays.

« Il nous faut un plan d’action national pour agrandir nos capacités de répondre à ces feux de forêt pour l’avenir », a affirmé M. Poilievre, tout en reconnaissant que ces ressources sont provinciales, mais en en réclamant davantage au niveau fédéral.

Marie Vastel


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