Legault affirme que le Québec en a pour l’été à lutter contre les feux de forêt

François Legault a fait le point lundi sur les feux de forêt sans précédent qui dévastent le nord du Québec.
Jacques Boissinot La Presse canadienne François Legault a fait le point lundi sur les feux de forêt sans précédent qui dévastent le nord du Québec.

Les Québécois doivent se préparer à un été de lutte contre les feux de forêt, alors que plusieurs brasiers font rage, forçant l’évacuation de 10 000 personnes et l’abandon aux flammes d’au moins un village de la Haute-Mauricie, a déclaré lundi le premier ministre François Legault.

Les incendies touchent notamment la Mauricie, le Nord-du-Québec, la Côte-Nord et l’Abitibi-Témiscamingue, cette dernière région étant la plus grande source d’inquiétude actuellement. De la pluie est attendue dans l’est, à Sept-Îles notamment, tandis que dans l’ouest, la sécheresse doit se poursuivre.

Plus de 150 feux en activité sont répertoriés, et seulement une trentaine sont combattus actuellement avec les moyens disponibles. Peu de dégâts ont été constatés jusqu’ici sur les résidences, mais les pertes risquent de se faire sentir sur la capacité forestière.

Les incendies au Québec surviennent alors que plusieurs provinces canadiennes sont aux prises elles-mêmes avec des feux à combattre, ce qui les empêche de venir prêter main-forte ici, a affirmé M. Legault.

« On parle de l’été, pour être bien clair, a-t-il dit en conférence de presse. Si on veut s’assurer que tout soit éteint et qu’éventuellement, la forêt cesse de brûler partout. On en a pour l’été. »

Une centaine de pompiers français et environ l’équivalent des États-Unis sont attendus au Québec. Des discussions sont en cours avec d’autres pays, dont le Portugal, le Costa Rica et le Chili, pour l’obtention de renforts. L’Alberta, l’Ontario et la Colombie-Britannique sont aux prises, quant à eux, avec leurs propres incendies de forêt.

« On espère que ça va se calmer dans les autres provinces pour qu’[elles] puissent venir nous aider », a indiqué M. Legault.

Les évacués de Chapais ont pu réintégrer leurs résidences, tandis que le pire a été évité à Lebel-sur-Quévillon, où les pompiers ont lutté pour préserver la principale usine des flammes, tout près de la municipalité. En Haute-Mauricie, il n’y a plus d’espoir pour Clova.

« Malheureusement, Clova, qui a 36 habitants, on a perdu le contrôle, on va être obligés de laisser brûler », a-t-il dit.

Cette déclaration a aussitôt été démentie par le conseiller municipal de La Tuque responsable du secteur de Clova.

 

« Le premier ministre Legault vient d’annoncer en conférence de presse que le village de Clova en Haute-Mauricie est en train de brûler et qu’on doit le laisser brûler. C’est complètement faux ! J’en arrive à l’instant ! » a écrit Éric Chagnon sur les réseaux sociaux.

Le cabinet de M. Legault a affirmé qu’il s’était contenté de relayer les informations reçues.

Face à l’inconnu

Selon le premier ministre, rien ne permet actuellement d’entrevoir la réintégration des 10 000 personnes évacuées au Québec.

M. Legault a fait le point sur la situation en début d’après-midi lors d’une conférence de presse. À ses côtés, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a reconnu que la situation demeurerait imprévisible pour le reste de l’été.

« On est devant l’inconnu à savoir comment les vents changent, la météo, est-ce qu’il y aura une sécheresse encore prolongée », a-t-il dit.

La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a quant à elle affirmé que 200 000 hectares de forêt étaient touchés.

« Éventuellement, il est possible qu’il y ait des feux qui prennent plus d’ampleur, mais on les suit. »

M. Legault n’a pas exclu la possibilité d’ajouter des ressources pour lutter contre les incendies de forêt à l’avenir.

« Il y a une tendance moyenne à ce qu’il y en ait de plus en plus », a-t-il relevé.

Avant la conférence de presse, en faisant le tour du Centre des opérations gouvernementales, M. Legault a affirmé que les priorités étaient de protéger les personnes, les communautés, puis les infrastructures stratégiques comme les barrages Manic et, ensuite, la forêt.

« C’est vraiment exceptionnel, c’est du jamais vu qu’il y en ait autant que ça, on peut faire le lien avec les changements climatiques », a déclaré le premier ministre.

Les gens du Nord-du-Québec sont résilients, affirme le député d’Ungava, Denis Lamothe, qui représente la municipalité de Lebel-sur-Quévillon.

« C’est de la forêt chez nous, a-t-il dit en entrevue. Ce n’est pas le premier feu qu’il y a dans la région. C’est sûrement pas le dernier non plus, sauf que, de cette ampleur, c’est sérieux. »

L’aide de l’armée et de pays alliés

À Ottawa, lors d’une conférence de presse, Justin Trudeau a fait une mise en garde.

« Notre modélisation montre qu’il pourrait s’agir d’une saison de feux de forêt particulièrement grave tout au long de l’été », a prévenu M. Trudeau lundi midi.

Le gouvernement fédéral a déjà été appelé en renfort au Québec, de même que dans les autres provinces aux prises avec de graves feux de forêt. Ainsi, 150 membres des Forces armées canadiennes sont maintenant sur le terrain dans la région de Sept-Îles. Cent cinquante autres ont été déployés en Alberta, et 200 en Nouvelle-Écosse.

M. Trudeau a soutenu que, malgré les projections fédérales qui laissent présager un possible record de feux de forêt au Canada cet été, les Forces armées devraient être assez nombreuses pour soutenir les pompiers des différentes communautés qui seront touchées. Le gouvernement fédéral est cependant conscient que la situation pourrait changer, et s’aggraver, et Ottawa est « donc en train de préparer des plans de contingence », a indiqué le premier ministre.

L’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et les États-Unis ont déjà envoyé de leurs propres pompiers en renfort. Le président français, Emmanuel Macron, a promis de faire de même cette fin de semaine.

« On est en train de parler avec d’autres pays, d’ailleurs, pour essayer qu’on ait des ressources dans les semaines et les mois à venir si, effectivement, la saison se prolonge tout au long de l’été », a en outre affirmé le premier ministre Trudeau.

Plus de 400 feux de forêt brûlent actuellement à l’échelle du Canada, dont 249 qui sont jugés non maîtrisés. Quelque 3,3 millions d’hectares de territoire ont été brûlés. Environ 26 000 personnes demeurent évacuées, en date de lundi.



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