Émilise Lessard-Therrien se lance dans la course à la co-chefferie de QS

«Québec solidaire a déjà des racines profondes dans les villes, mais je pense qu’il est plus que temps de les planter dans la ruralité et dans les régions éloignées. Et j’ai l’impression que c’est beaucoup ce que j’incarne», affirme Émilise Lessard-Therrien.
Adil Boukind Archives Le Devoir «Québec solidaire a déjà des racines profondes dans les villes, mais je pense qu’il est plus que temps de les planter dans la ruralité et dans les régions éloignées. Et j’ai l’impression que c’est beaucoup ce que j’incarne», affirme Émilise Lessard-Therrien.

L’ancienne députée Émilise Lessard-Therrien se lance dans la course pour tenter de se faire élire cet automne au poste de co-porte-parole de Québec solidaire (QS), afin d’y porter la « voix des régions ».

« QS a déjà des racines profondes dans les villes, mais je pense qu’il est plus que temps de les planter dans la ruralité et dans les régions éloignées. Et j’ai l’impression que c’est beaucoup ce que j’incarne », affirme la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue de 2018 à 2022. Depuis la défaite de Mme Lessard-Therrien aux élections générales du 3 octobre dernier, la formation politique ne compte que des élus à Montréal, à Québec et à Sherbrooke.

Au terme « d’intenses réflexions », la femme de 31 ans se lance donc finalement dans la course pour être co-porte-parole féminine de son parti. Aux prochaines élections québécoises, en 2026, Québec solidaire doit proposer « une offre politique dans laquelle l’ensemble du Québec va pouvoir se reconnaître », fait-elle valoir en entrevue téléphonique au Devoir, la voix entrecoupée par le gloussement des poules qu’elle élève. L’accès aux services publics dans les régions éloignées est d’ailleurs l’un de ses chevaux de bataille.

Lors d’un vote qui aura lieu durant le congrès de QS du 24 au 26 novembre prochain, elle tentera donc de succéder à Manon Massé. Cette dernière a annoncé à la mi-mai qu’elle ne solliciterait pas de nouveau mandat de co-porte-parole à l’automne prochain, mais qu’elle restait toutefois députée.

L’élue solidaire dans la circonscription montréalaise de Mercier, Ruba Ghazal, a annoncé il y a deux semaines qu’elle se lançait dans la course, en affirmant à La Presse canadienne vouloir faire de l’indépendance, la langue et la culture ses grands thèmes.

Christine Labrie, qui est la députée solidaire de Sherbrooke, a affirmé pour sa part toujours être en réflexion.

S’inspirer de Manon Massé

Pour Mme Lessard-Therrien, qui milite activement au sein du parti depuis 2014, pas question d’essayer de « remplacer » Mme Massé. Elle souhaite plutôt s’en inspirer. « Je pense que ce qu’on a en commun, Manon et moi, c’est le terrain, l’amour des gens et l’amour d’être proche du monde », souligne la mère de deux fillettes âgées de deux et cinq ans.

Si elle est élue co-porte-parole, la résidente et native de Duhamel-Ouest, en Abitibi-Témiscamingue, estime que de ne pas être députée à l’Assemblée nationale serait un avantage pour elle. « C’est une grande disponibilité en fait que je vais avoir pour être sur le terrain et me promener dans les différentes régions pour vraiment être à l’affût du terrain et être proche des mouvements sociaux qui sont partout sur le territoire. »

Au tout départ, Émilise Lessard-Therrien raconte avoir eu envie de participer à la vie citoyenne grâce aux artistes, et non aux politiciens. « Adolescente, je carburais à écouter Les Cowboys Fringants, Vulgaires Machins, Loco Locass. J’ai l’impression que c’est avant tout les artistes québécois qui m’ont politisée », relate-t-elle.

Débats d’idées et de visions

Mme Lessard-Therrien voit d’un bon oeil les débats qui auront lieu durant la course. « Si ça peut faire en sorte que la population québécoise ait accès à des débats d’idées et de visions, ça peut être très intéressant et enrichissant. Peut-être que ça peut faire en sorte que des gens se raccrochent à la politique parce que tout d’un coup, ils se reconnaissent dans des candidats. »

La course, qui sera déclenchée officiellement le 25 août prochain, donnera lieu à une campagne de 13 semaines. Pour être candidate, il sera nécessaire d’être membre en règle du parti, en plus d’avoir récolté 500 signatures de membres venant de six régions et 20 circonscriptions différentes.

L’actuel co-porte-parole masculin, Gabriel Nadeau-Dubois, a confirmé qu’il solliciterait un nouveau mandat à l’automne prochain. Il est le chef parlementaire du parti ainsi que le député de Gouin, à Montréal. Étant donné qu’Émilise Lessard-Therrien veut incarner la voix des régions, elle estime qu’ils sont donc « complémentaires ».

Outre la régionalisation, elle veut mettre au coeur de sa campagne la question de la protection du territoire et de l’accès à celui-ci. « Il y a des gens qui se battent pour garder des petits bouts de territoire, pour en faire des parcs, pour avoir accès aux plans d’eau », souligne-t-elle.

Cette dernière plaide en faveur « des souverainetés », c’est-à-dire celle du Québec, mais aussi celle des régions, des villes et des nations autochtones. « Je milite ardemment pour qu’on retrouve du pouvoir dans toutes les instances, pour que les gens puissent se mettre en marche et puissent participer aux décisions qui les concernent », dit-elle, avec vigueur.

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