Québec se donne 24 mois pour se préparer aux demandes anticipées d’aide à mourir

Les personnes qui ont obtenu un diagnostic d’alzheimer et qui souhaitent pouvoir recourir à l’aide médicale à mourir lorsque leurs capacités cognitives se dégraderont devront s’armer de patience : Québec se donne jusqu’à deux ans pour se préparer à recevoir des demandes anticipées.
« Bien sûr, on souhaiterait que ce soit plus rapide. On comprend qu’il y a des personnes qui vont être déçues. […] Mais on veut faire les choses correctement », a expliqué mercredi la ministre déléguée à la Santé et responsable des Aînés, Sonia Bélanger.
Cette décision transpartisane a été prise en commission parlementaire mardi. « On a eu de longues discussions à ce sujet-là et on s’est donné une échéance de 24 mois. » Le délai s’appliquera à compter de l’adoption du projet de loi, qui doit se faire d’ici la fin de la session parlementaire, le 9 juin prochain.
Le gouvernement et le ministère de la Santé « ont du travail à faire » pour « accompagner ces personnes correctement », a ajouté la ministre Bélanger. Les délais sont requis, dit-elle, pour le travail « d’harmonisation aux autres lois », la mise en place des protocoles cliniques et la formation des infirmières dans le constat de décès, notamment.
La possibilité de faire des demandes anticipées fait partie de la loi 11 sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir. Elle permet notamment aux personnes ayant obtenu un diagnostic d’alzheimer d’y recourir.
Souplesse quant au lieu du départ
Les parlementaires ont également décidé de donner un plus grand choix aux gens quant au lieu où ils souhaitent obtenir l’aide médicale à mourir. À l’origine, celle-ci ne pouvait être prodiguée que dans trois lieux : en établissement, en centre de soins palliatifs ou à la maison.
Or, à la suite de révélations de La Presse sur l’offre de services payants dans des salons funéraires, la commission parlementaire s’est ajustée. « On ne voulait pas que ce soit commercialisé, a dit Mme Bélanger. On ajoute une quatrième option, qui est “selon la volonté de la personne”. »
Les gens pourront ainsi recevoir l’aide médicale à mourir dans un autre endroit, à condition de faire approuver ce lieu par les supérieurs du médecin ou de l’infirmière praticienne spécialisée qui la prodiguera, soit la direction des soins infirmiers ou la direction des services professionnels.
Avec Marie-Michèle Sioui