Les tests de français «made in France» seront adaptés au contexte québécois
![«Il faudrait à tout le moins que les tests [de français] soient mieux adaptés au contexte québécois», a convenu mercredi la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette.](https://media2.ledevoir.com/images_galerie/nwd_1499589_1155650/image.jpg)
La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, convient qu’il faut « mieux adapter » au contexte québécois les tests de français pour les immigrants, mais elle ne compte pas pour autant exiger que ces examens soient conçus au Québec.
« Il faudrait à tout le moins que les tests soient mieux adaptés au contexte québécois. Il y a des références au Québec qui ont déjà été introduites dans plusieurs des tests standardisés. On veut que ça se poursuive, comme travail », a déclaré la ministre mercredi, lors de la période des questions.
Elle était interrogée par la députée Ruba Ghazal, de Québec solidaire, au sujet d’un dossier du Devoir qui révèle les écueils des tests pour l’immigration. Ceux-ci sont conçus en France et sont truffés de références européennes.
La ministre Fréchette a refusé de s’engager à confier la production des tests à une organisation québécoise, comme le lui suggérait Mme Ghazal. « On va continuer à procéder à ces analyses-là jusqu’à ce qu’elles soient complètes, et on verra quelles sont les pistes d’action », a-t-elle affirmé.
« Bonne chance de demander à des Français d’adapter le test à notre réalité québécoise avec notre accent québécois. J’ai hâte de voir ça », a répondu avec ironie sa collègue solidaire.
Des changements demandés
En matinée, les partis d’opposition ont pressé Québec de faire mieux. « Il est temps que ces tests-là soient revus, a lancé André Fortin. Je pense qu’on est capables de fournir [aux immigrants] un bien meilleur accueil et de leur présenter notre langue sous un bien différent angle. »
« Franchement, les tests de français pour les immigrants devraient être faits au Québec, a lâché Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire. Pour bien mesurer l’intégration d’un immigrant au français québécois, il faut avoir des outils québécois. François Legault se présente comme le chevalier du français. Ça fait dur, là, d’utiliser des tests faits en France. »
Le député péquiste Pascal Bérubé a déclaré que les tests devraient être « adaptés à notre réalité ». « Et on a une expertise pour ça », a-t-il précisé.
Les deux instances françaises, dont France Éducation international, assurent que les tests ont déjà été adaptés. La Chambre de commerce et d’industrie de Paris Île-de-France, qui en fait passer deux sur huit, affirme avoir reçu « une demande forte de la part du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration d’inclure davantage de référents culturels québécois ». Elle avance aussi que l’accent québécois « est présent à 35 % environ dans l’épreuve de compréhension orale ».
Le Devoir a cependant constaté, en allant passer le test, que cette proportion est nettement surévaluée : seuls quatre enregistrements sur plus d’une quarantaine présentent un accent québécois. Ces enregistrements sonores permettent aux participants de répondre à 51 questions.
Avec Alexandre Robillard et Sarah R. Champagne