Les oppositions dénoncent les délais dans l'aide aux enfants d'Agir tôt

Réagissant à une enquête du Devoir sur les longs délais d’attente à Agir tôt, le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS) ont attaqué le gouvernement Legault sur sa gestion de la pénurie de main-d’oeuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Selon l’enquête du Devoir, l’attente moyenne en orthophonie pour les enfants repérés grâce à Agir tôt est d’au moins 10 mois dans une dizaine de régions au Québec.
Le co-porte-parole solidaire Gabriel Nadeau-Dubois estime que le premier ministre François Legault « ne s’occupe pas » de ce problème qui est pourtant à l’origine, selon lui, des délais pour obtenir des services publics. « Pendant que François Legault se bat corps et âme pour améliorer les conditions de travail de ses députés et de ses ministres, les conditions des gens dans le secteur public stagnent, parfois même se détériorent », a-t-il affirmé lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.
D’ailleurs, selon M. Nadeau-Dubois, les réformes des systèmes de santé et d’éducation actuellement à l’étude, les projets de loi 15 et 23, « passent complètement à côté du vrai problème dans nos services publics, le manque de personnel ».
Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, juge pour sa part qu’Agir tôt « ne fonctionne pas comme il devrait à cause des mauvaises décisions du gouvernement ». « Ils ont nié la pénurie de main-d’oeuvre. […] Ils ont déposé trois ans trop tard leur stratégie pour recruter des gens. Les programmes qui sont en place, on ne sait pas où ils s’en vont avec ça », a dit l’élu libéral en point de presse.
M. Tanguay croit qu’Agir tôt est une « excellente » idée, mais rappelle que des ressources sont nécessaires pour offrir les services requis. « D’entendre le ministre nous dire “un an de délai, c’est pas grave, ça n’aura pas d’impact tant qu’on le voit avant la maternelle”, désolé, mais c’est toute l’essence même d’Agir tôt. »
Le député péquiste Pascal Bérubé affirme pour sa part que « le gouvernement est bon pour les annonces », mais que « l’application » de celles-ci est « moins là ». « Les enfants, inutile de vous dire que ça devrait être la priorité », a-t-il affirmé en point de presse.
Dans une entrevue accordée au Devoir dans le cadre de son enquête, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a souligné que le but d’Agir tôt est d’intervenir « avant l’entrée à l’école ». Il a notamment indiqué qu’il souhaitait ajouter des ressources lors du prochain budget afin de réduire les listes d’attente.
Réaction syndicale
Le syndicat FP-CSN, qui représente des professionnels du secteur de la santé et des services sociaux (orthophonistes, ergothérapeutes, etc.), croit que le gouvernement Legault peut en faire plus pour retenir et attirer du personnel dans le réseau public, et ainsi éviter l’exode au privé.
Il réclame des augmentations de salaire, mais aussi de meilleures conditions de travail, comme de plus longues vacances. « Dans le réseau public, la cinquième semaine de vacances n’arrive qu’à 25 ans [d’ancienneté] », indique Andréane Demers-Laberge, représentante du FP-CSN au comité qui négocie avec le gouvernement.
Le syndicat croit que les délais d’attente au public, notamment à Agir tôt, pourraient être réduits grâce au rehaussement volontaire des heures de travail par les employés. L’ensemble des professionnels pourraient décider, deux fois par année, de travailler 7 heures ou 7,5 heures par jour, explique Mme Demers-Laberge. « On pense qu’il y a énormément de gens qui seraient intéressés à rehausser [leurs heures], et ça pourrait être une réponse à la pénurie de main-d’oeuvre s’il y avait une certaine flexibilité. »
Le FP-CSN demande aussi au gouvernement de réduire la paperasse, un problème cité par des professionnels d’Agir tôt au Devoir.
Avec Isabelle Porter