Pierre Fitzgibbon reconnaît la crédibilité de Michael Sabia

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a reconnu mercredi la crédibilité de Michael Sabia, pressenti pour une nomination à titre de président-directeur général d’Hydro-Québec.
M. Fitzgibbon s’est toutefois abstenu de confirmer que M. Sabia succédera à Sophie Brochu à la tête de la société d’État.
« Il est crédible en raison de son background, a-t-il dit avant de participer à une réunion du caucus caquiste. Mais on ne parlera pas de ça aujourd’hui. On va attendre, il va y avoir une nomination au moment approprié. »
Le premier ministre François Legault est lui aussi demeuré avare de commentaires lorsque questionné sur une éventuelle nomination de M. Sabia, qui a été p.-d.g. de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) de 2009 à 2020.
« On devrait avoir une annonce à faire la semaine prochaine pour la présidence d’Hydro-Québec », a-t-il dit avant de filer vers le Salon bleu pour la période des questions.
Manque d’audace
Le Parti québécois a affirmé que la nomination de M. Sabia démontrerait le manque d’audace du gouvernement dans un contexte de transition énergétique.
« Les libéraux l’aimaient beaucoup, les caquistes l’aiment autant, a dit le député Pascal Bérubé. L’Ontarien Michael Sabia a une carrière remarquable dans le domaine financier. »
M. Bérubé a affirmé que M. Legault et son ministre Bernard Drainville avaient critiqué la nomination de M. Sabia à la CDPQ quand ils étaient tous deux dans le caucus péquiste.
« François Legault aussi, à plusieurs reprises, a demandé aux libéraux : “Pourquoi vous nommez cette personne-là qui est tout sauf nationaliste ?” Alors, de plus en plus, ceux qui pensent que la CAQ a remplacé le Parti québécois, non, la CAQ a remplacé le Parti libéral », a dit M. Bérubé.
Dans une lettre ouverte publiée en 2009 par Le Devoir, M. Drainville avait accusé les libéraux de commettre une « erreur historique » en nommant M. Sabia à la Caisse de dépôt et placement du Québec .
« En nommant un fédéraliste notoire, ex-membre influent du Conseil privé du Canada et ex-membre du Conseil de l’unité canadienne, Jean Charest consolide l’influence de ceux qui ne veulent pas d’un Québec trop fort, écrivait-il. Qui le veulent petit, docile, résigné à sa condition provincialiste. »
Mercredi, M. Drainville est passé en coup de vent devant les journalistes après être sorti de l’édifice où se trouvent les bureaux du premier ministre. « Il a fait un excellent travail à la Caisse de dépôt », a-t-il dit au sujet de M. Sabia.
En commission
Les libéraux ont exprimé une préoccupation par rapport à l’indépendance que M. Sabia pourra avoir face aux ambitions du gouvernement en ce qui concerne Hydro-Québec, qui ont suscité des objections de la part de Mme Brochu.
« Je ne veux pas quelqu’un à la merci du ministre de l’Économie, a dit le député Monsef Derraji. C’est très grave, ce qui se passe au niveau de l’énergie au Québec. »
M. Derraji a réclamé que le prochain p.-d.g. d’Hydro-Québec expose sa vision aux députés lors d’une commission parlementaire.
« Est-ce qu’on va construire plus de barrages ? Est-ce qu’on va régler le problème d’infrastructures ? a-t-il demandé. M. Sabia a un bon ancrage au niveau économique, il a du rattrapage à faire avec le secteur énergétique. »
Du côté de Québec solidaire, la co-porte-parole Manon Massé a également réclamé que les députés le reçoivent à l’Assemblée nationale.
« C’est un banquier, ce n’est pas un spécialiste de l’énergie, alors nous, on veut l’entendre », a-t-elle dit.
M. Sabia a été chef de la direction financière du CN au moment de la privatisation de la société ferroviaire puis de sa transformation en société à capital ouvert. Il a commencé sa carrière au ministère fédéral des Finances, puis comme sous-secrétaire du cabinet au Conseil privé, à Ottawa.
En décembre 2020, M. Sabia avait été nommé sous-ministre des Finances par le gouvernement fédéral. Il avait auparavant dirigé Bell Canada, de 2002 à 2008.