Pierre Fitzgibbon reconnaît la crédibilité de Michael Sabia

Michael Sabia lors d’une allocution devant des gens d’affaires de Montréal, le 28 novembre 2019, alors qu’il était le p.-d.g. de la Caisse de dépôt et placement du Québec
Graham Hughes La Presse canadienne Michael Sabia lors d’une allocution devant des gens d’affaires de Montréal, le 28 novembre 2019, alors qu’il était le p.-d.g. de la Caisse de dépôt et placement du Québec

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a reconnu mercredi la crédibilité de Michael Sabia, pressenti pour une nomination à titre de président-directeur général d’Hydro-Québec.

M. Fitzgibbon s’est toutefois abstenu de confirmer que M. Sabia succédera à Sophie Brochu à la tête de la société d’État.

« Il est crédible en raison de son background, a-t-il dit avant de participer à une réunion du caucus caquiste. Mais on ne parlera pas de ça aujourd’hui. On va attendre, il va y avoir une nomination au moment approprié. »

Le premier ministre François Legault est lui aussi demeuré avare de commentaires lorsque questionné sur une éventuelle nomination de M. Sabia, qui a été p.-d.g. de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) de 2009 à 2020.

« On devrait avoir une annonce à faire la semaine prochaine pour la présidence d’Hydro-Québec », a-t-il dit avant de filer vers le Salon bleu pour la période des questions.

Manque d’audace

Le Parti québécois a affirmé que la nomination de M. Sabia démontrerait le manque d’audace du gouvernement dans un contexte de transition énergétique.

« Les libéraux l’aimaient beaucoup, les caquistes l’aiment autant, a dit le député Pascal Bérubé. L’Ontarien Michael Sabia a une carrière remarquable dans le domaine financier. »

M. Bérubé a affirmé que M. Legault et son ministre Bernard Drainville avaient critiqué la nomination de M. Sabia à la CDPQ quand ils étaient tous deux dans le caucus péquiste.

« François Legault aussi, à plusieurs reprises, a demandé aux libéraux : “Pourquoi vous nommez cette personne-là qui est tout sauf nationaliste ?” Alors, de plus en plus, ceux qui pensent que la CAQ a remplacé le Parti québécois, non, la CAQ a remplacé le Parti libéral », a dit M. Bérubé.

Dans une lettre ouverte publiée en 2009 par Le Devoir, M. Drainville avait accusé les libéraux de commettre une « erreur historique » en nommant M. Sabia à la Caisse de dépôt et placement du Québec .

« En nommant un fédéraliste notoire, ex-membre influent du Conseil privé du Canada et ex-membre du Conseil de l’unité canadienne, Jean Charest consolide l’influence de ceux qui ne veulent pas d’un Québec trop fort, écrivait-il. Qui le veulent petit, docile, résigné à sa condition provincialiste. »

Mercredi, M. Drainville est passé en coup de vent devant les journalistes après être sorti de l’édifice où se trouvent les bureaux du premier ministre. « Il a fait un excellent travail à la Caisse de dépôt », a-t-il dit au sujet de M. Sabia.

En commission

Les libéraux ont exprimé une préoccupation par rapport à l’indépendance que M. Sabia pourra avoir face aux ambitions du gouvernement en ce qui concerne Hydro-Québec, qui ont suscité des objections de la part de Mme Brochu.

« Je ne veux pas quelqu’un à la merci du ministre de l’Économie, a dit le député Monsef Derraji. C’est très grave, ce qui se passe au niveau de l’énergie au Québec. »

M. Derraji a réclamé que le prochain p.-d.g. d’Hydro-Québec expose sa vision aux députés lors d’une commission parlementaire.

« Est-ce qu’on va construire plus de barrages ? Est-ce qu’on va régler le problème d’infrastructures ? a-t-il demandé. M. Sabia a un bon ancrage au niveau économique, il a du rattrapage à faire avec le secteur énergétique. »

Du côté de Québec solidaire, la co-porte-parole Manon Massé a également réclamé que les députés le reçoivent à l’Assemblée nationale.

« C’est un banquier, ce n’est pas un spécialiste de l’énergie, alors nous, on veut l’entendre », a-t-elle dit.

M. Sabia a été chef de la direction financière du CN au moment de la privatisation de la société ferroviaire puis de sa transformation en société à capital ouvert. Il a commencé sa carrière au ministère fédéral des Finances, puis comme sous-secrétaire du cabinet au Conseil privé, à Ottawa.

En décembre 2020, M. Sabia avait été nommé sous-ministre des Finances par le gouvernement fédéral. Il avait auparavant dirigé Bell Canada, de 2002 à 2008.

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