La réforme Dubé est «négative» plutôt que collaborative, disent les médecins de famille

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, lors d’une conférence de presse le 29 mars dernier
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, lors d’une conférence de presse le 29 mars dernier

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a affirmé être « déçue et choquée » de la réforme du ministre de la Santé, Christian Dubé, qui mise sur une approche « négative » plutôt que collaborative, selon elle.

Les médecins de famille « ont l’impression que le projet de loi 15 a été écrit par des fonctionnaires qui souhaitaient obtenir davantage de contrôle et de pouvoirs sur la profession médicale », s’est désolé le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot. Ce dernier était de passage en commission parlementaire à l’Assemblée nationale mardi.

Le texte législatif, qui vise à rendre le réseau de la santé plus efficace, adopte selon lui « une approche négative [qui] risque d’aggraver la pénurie de médecins de famille et d’accentuer les départs prématurés à la retraite ».

Le Dr Amyot déplore notamment que le projet de loi souhaite remplacer les directions régionales de médecine générale, « qui fonctionnent actuellement très bien avec à leur tête des dirigeants désignés par les pairs », par des directions territoriales de médecine familiale « dirigées par un fonctionnaire ».

« Pourquoi démanteler une cogestion éprouvée entre la médecine familiale et le système de santé par une loi expulsant les médecins des paliers décisionnels qui leur permettent de contribuer à l’amélioration des soins offerts ? » a-t-il soulevé.

Lors des travaux, le ministre Dubé a soutenu que l’allocution du président de la FMOQ semblait « avoir été écrite par les avocats ». « Je ne sens pas cela dans nos discussions de tous les jours », a-t-il fait valoir.

Au cours d’échanges animés, M. Dubé a demandé au Dr Amyot s’il estimait comme lui que le statu quo n’était plus acceptable. « On est d’accord que les Québécois n’ont pas assez d’accès » aux soins, a rétorqué le président de la FMOQ. Mais il ne faut pas faire reposer ce « déficit d’accès » sur les épaules des médecins de famille, a-t-il ajouté.

En début de journée, Christian Dubé avait soutenu que son rôle des prochains jours serait d’écouter les différents groupes en commission parlementaire. « Tout le monde voudrait que je prenne position par rapport à l’un et l’autre, a-t-il dit. Mais en même temps, ce que je vous dirais, c’est que tout ce monde-là doit travailler ensemble. »

Le projet de loi 15 propose la création de l’agence Santé Québec, qui s’occupera des activités courantes du réseau, tandis que le ministère de la Santé sera responsable de ses grandes orientations.

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec sera l’un des groupes entendus lors des travaux sur l’étude du projet de loi mercredi.

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