Le PCQ multiplie les actions pour inciter Éric Caire à démissionner

Le chef conservateur, Éric Duhaime, lors d’un point de presse le 6 avril dernier
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le chef conservateur, Éric Duhaime, lors d’un point de presse le 6 avril dernier

Pétition et porte-à-porte : le Parti conservateur du Québec (PCQ) multiple les actions pour provoquer la démission du ministre de la Cybersécurité et du Numérique et député de La Peltrie, Éric Caire, en raison de l’abandon du troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis.

« On va envoyer des dépliants, on va être à l’épicerie, au centre d’achat, vous allez nous voir partout. On va faire de l’affichage. On va tout faire pour qu’Éric Caire soit forcé de démissionner », a martelé lundi le chef conservateur, Éric Duhaime, en point de presse devant les bureaux de circonscription du caquiste à Québec.

Une cinquantaine de militants ont affronté la pluie battante pour appuyer M. Duhaime. Ce dernier a lancé une pétition en s’inspirant d’un projet de loi déposé en 2011 par Éric Caire lui-même, alors qu’il était dans l’opposition, voulant que la récolte d’une majorité de signatures d’électeurs d’une circonscription permette la destitution d’un élu.

« Quand il était dans l’opposition, il aimait se faire qualifier de shérif Caire […] Le shérif n’est pas au-dessus des lois et il va falloir qu’il goûte à sa propre médecine aujourd’hui », a souligné le chef du PCQ.

En 2018, le député caquiste avait mis son siège en jeu advenant un recul de son parti sur le troisième lien. Il avait aussi promis en 2022 de se battre jusqu’à sa « dernière goutte de sang » pour la réalisation du projet.

Jeudi dernier, au dévoilement du projet impliquant un tunnel dédié exclusivement au transport en commun, le ministre a toutefois précisé qu’il n’avait pas l’intention de démissionner. « Je fais confiance au jugement de mes concitoyens, comme je l’ai toujours fait dans les six derniers mandats », a-t-il dit.

Selon M. Duhaime, l’incapacité du ministre à « honorer sa parole » accroît le cynisme de la population envers les politiciens et les institutions. Il l’invite donc à remettre sa démission, ce qui déclencherait alors une élection partielle.

Advenant le cas où Éric Caire tenterait de se faire réélire lors de cet éventuel scrutin complémentaire, le chef conservateur assure qu’il serait également candidat. « J’ai l’intention de l’affronter et je vais laisser la population de Québec décider », a-t-il dit, sous les applaudissements de la foule. À l’heure actuelle, le PCQ ne compte aucun député à l’Assemblée nationale.

Quand il était dans l'opposition, il aimait se faire qualifier de shérif Caire [...]. Le shérif n'est pas au-dessus des lois et il va falloir qu'il goûte à sa propre médecine.

 

Dans la foulée de l’abandon du volet automobile du troisième lien, Éric Duhaime en a profité pour tendre la main à 14 élus caquistes de la région de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches, la fin de semaine dernière.

Le premier ministre, François Legault, tiendra une rencontre mardi avec les députés de son caucus représentant ces régions, a pu confirmer Le Devoir, après que l’information a d’abord été relayée par le 98,5 FM.

De la « marchandise électorale »

Lundi, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a réclamé des excuses officielles de M. Legault en raison d’un « abus de confiance majeur » envers la population. « Le parti au pouvoir a traité les électeurs comme de la marchandise électorale en prenant des engagements électoraux qu’il n’avait aucune intention de respecter », a-t-il fait valoir dans un communiqué.

S’inspirant du projet de loi de M. Caire en 2011, le Parti québécois a d’ailleurs annoncé qu’il comptait déposer un texte législatif permettant la révocation de députés ne respectant pas leurs promesses. M. St-Pierre Plamondon dit vouloir offrir des mécanismes formels aux citoyens pour leur permettre de « se faire entendre lorsqu’on se moque d’eux ».

De son côté, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, estime que François Legault et Éric Caire « ont niaisé les gens de la grande région de Québec pendant cinq ans ». « M. Caire doit démissionner », a-t-il soutenu.

Le député de Québec solidaire Etienne Grandmont est du même avis, mais il ne croit pas qu’Éric Caire démissionnera. « Ceci dit, la meilleure punition pour M. Caire, c’est de rester au caucus de la CAQ et de défendre l’abandon de leur plus grosse promesse », souligne l’élu dans Taschereau, à Québec.

Joint par Le Devoir, le cabinet d’Éric Caire a dit ne pas souhaiter faire de commentaires.

Avec Dave Noël

À voir en vidéo