Fitzgibbon veut éviter les dérapages de l’intelligence artificielle

« L’encadrement réglementaire, l’encadrement éthique doit être mieux défini, a déclaré Pierre Fitzgibbon jeudi. On a la chance d’avoir au Québec des gens qui vont pouvoir nous aider. »
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne « L’encadrement réglementaire, l’encadrement éthique doit être mieux défini, a déclaré Pierre Fitzgibbon jeudi. On a la chance d’avoir au Québec des gens qui vont pouvoir nous aider. »

Le ministre de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, veut encadrer le développement de l’intelligence artificielle (IA) afin d’éviter les dérapages craints par plusieurs experts.

M. Fitzgibbon a convié des spécialistes et des représentants de l’opposition à une réunion pour discuter de la question, la semaine prochaine, à Montréal.

« L’encadrement réglementaire, l’encadrement éthique doit être mieux défini, a-t-il déclaré jeudi lors de la période des questions. On a la chance d’avoir au Québec des gens qui vont pouvoir nous aider. »

La semaine dernière, le chercheur québécois Yoshua Bengio, qui participera à la rencontre, a cosigné une lettre dans laquelle un moratoire de six mois est demandé aux laboratoires d’intelligence artificielle. Les gouvernements étaient également invités à plancher sur un système de gouvernance de l’IA.

« Nous sommes très soucieux des enjeux sociétaux qui ont été décrits dans la lettre, particulièrement quand les machines remplacent les humains, a affirmé jeudi M. Fitzgibbon. Clairement, on veut avoir un exercice non partisan pour que tous les participants puissent contribuer. »

Le gouvernement fédéral avait déjà signalé son intention de mieux encadrer les activités de développement de l’IA, la semaine dernière.

Mauvaises fins

Six experts de l’IA au Québec, dont M. Bengio, offriront mercredi leur pers­pective pour permettre au Québec d’avoir « une position dominante sur le marché » international, a indiqué jeudi M. Fitzgibbon.

« On va commencer un travail avec les gens de l’industrie », a-t-il dit.

Après la période des questions, M. Fitzgibbon a affirmé qu’il fera à cette occasion une annonce dont il n’a pas révélé la teneur.

« On ne veut pas que nos chercheurs fassent des choses au niveau des algorithmes qui vont servir à de mauvaises fins, il faut contrôler l’utilisation de l’IA, a-t-il dit aux journalistes. Au Québec, on n’a pas d’enjeux sur ça présentement. »

Sa collègue Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, n’a pas été informée de problèmes avec l’intelligence artificielle dans la fonction publique.

« Je n’ai pas été alertée d’utilisations inappropriées de quoi que ce soit, a-t-elle dit. On est très soucieux de l’encadrement éthique. »

Lors de la période des questions, le député libéral Fred Beauchemin, qui participera à la rencontre convoquée par M. Fitzgibbon, a affirmé qu’une commission parlementaire doit se saisir du dossier.

« Il y a des limites connues à propos de l’intelligence artificielle comme ChatGPT, des biais comme le racisme, le sexisme, l’utilisation de ces logiciels pour la désinformation, la confidentialité des données, l’impact sur les études et le marché du travail, la responsabilité légale et les droits d’auteur », a-t-il dit, après avoir posé une première question entièrement préparée par ChatGPT.

Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, a affirmé qu’il existe déjà des dispositions sur le sujet. « On a aussi adopté la première stratégie d’intégration de l’intelligence artificielle qui considère les aspects éthiques de l’intelligence artificielle », a-t-il précisé, en chambre.

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