Drainville interdira les locaux de prière dans les écoles publiques

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé mercredi qu’il transmettrait une directive aux centres de services scolaires afin d’interdire les locaux de prière dans les écoles publiques du Québec.
Lors d’une mêlée de presse, avant d’entrer au Salon bleu, il a affirmé que ce n’était « tout simplement pas compatible avec le principe de la laïcité et avec la Loi sur la laïcité » de l’État québécois, mieux connue sous le nom de « loi 21 ».
En début de semaine, Cogeco Nouvelles rapportait que deux écoles secondaires de Laval ont autorisé l’ouverture temporaire d’un local de « ressourcement » pour permettre aux élèves de prier. Les directions des établissements ont soutenu que certains jeunes priaient dans plusieurs endroits de l’école, souvent inappropriés, selon le média.
Après avoir affirmé mardi que les locaux de prière dans les écoles ne devaient pas être réservés à une seule religion, M. Drainville est allé plus loin mercredi. « L’école, ce n’est pas un lieu de prière. Ce n’est pas compliqué », a-t-il répété.
Il y a toutes sortes de façons de prier, a souligné le ministre. « Je ne peux pas interdire la prière. J’interdis les salles de prière dans les salles de classe. Maintenant, si quelqu’un veut prier silencieusement, c’est son droit fondamental. »
Le cabinet de M. Drainville a précisé que la directive s’appliquerait à toutes les salles et à tous les locaux d’une école.
Contacté par Le Devoir, le Centre de services scolaire de Laval a indiqué qu’il se conformerait aux directives du ministre. « Nous attendons des précisions du ministère de l’Éducation à cet égard », a écrit Annie Goyette, directrice adjointe au Secrétariat général et au Service des communications.
L’esprit de la « loi 21 »
Mercredi, l’Assemblée nationale a adopté la motion du député péquiste Pascal Bérubé — déposée conjointement avec le ministre de l’Éducation — selon laquelle « la mise en place de lieux de prière, peu importe la confession, dans les locaux d’une école publique, va à l’encontre du principe de laïcité ».
Plus tôt en matinée, M. Bérubé avait souligné l’importance pour le gouvernement de faire respecter sa propre loi sur la laïcité de l’État. « Les écoles ne sont pas des lieux de culte. Aménager des locaux pour la prière, ça va à l’encontre de l’esprit même de la loi 21. »
Les établissements scolaires sont des lieux laïques dont la mission fondamentale est l’apprentissage, a pour sa part affirmé la députée libérale Marwah Rizqy. « Il revient au ministre Drainville d’établir une directive avec des balises claires qui assurera que les principes de laïcité de l’État, d’égalité homme-femme et de liberté de religion soient respectés. »
Le député de Québec solidaire Alexandre Leduc a dit de son côté ne pas être à l’aise avec l’idée de locaux réservés à la prière dans les écoles. « Mais des lieux de ressourcement, de méditation, multiconfessionnels, ouverts aux gens qui sont sans confession également, ouverts aux hommes, aux femmes et qui ne prennent pas des locaux prévus pour la mission scolaire de l’école, on n’a aucun problème avec ça. »