Avec l’agence Santé Québec, Dubé est qualifié de «mini-ministre» par l’opposition

Le projet de loi 15 vise à confier à la future agence Santé Québec la responsabilité de toute la gestion quotidienne du système de santé. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, ne serait plus que responsable des orientations.
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le projet de loi 15 vise à confier à la future agence Santé Québec la responsabilité de toute la gestion quotidienne du système de santé. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, ne serait plus que responsable des orientations.

Le gouvernement veut créer l’agence Santé Québec pour faire de la bureaucratie, centraliser et se tenir à distance des controverses, ont dénoncé les oppositions à l’Assemblée nationale dans une nouvelle salve de critiques, jeudi.

« On peut se demander à quoi servira le ministre Dubé après l’adoption de ce projet de loi là », a fait valoir le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay.

« Si on dit que Pierre Fitzgibbon, c’est un superministre, on va se rendre compte qu’après […] cette réforme […], on aura un mini-ministre de la Santé. »

Le projet de loi 15, déposé mercredi, vise à confier à la future agence (et à son ou sa p.-d.g.) la responsabilité de toute la gestion quotidienne du système de santé. Le ministère ne serait plus que responsable des orientations.

Ce qui fait dire aux libéraux que l’agence est un « bouclier » auquel le gouvernement pourra recourir pour ne plus être « imputable » lorsque les services de santé sont déficients.

Québec solidaire y voit plutôt « un trip de bureaucrates ». « Cette réforme-là, ce n’est pas une réforme pour les patients, c’est une réforme par et pour les bureaucrates », a fait valoir le co-porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois.

Pas assez de temps pour l’étudier

À l’instar du PLQ, la formation de gauche croit que Santé Québec va « permettre au gouvernement de se déresponsabiliser » et de « mettre à mal ce qu’on appelle la responsabilité ministérielle », pour reprendre les mots du député de Rosemont, Vincent Marissal.

Le Parti québécois s’interroge de son côté sur l’ajout prévu de nombreux cadres dans le système. « C’est le plus grand projet de centralisation du système de santé qu’on n’a jamais vécu », a dit le député Joël Arseneau.

L’élu des Îles-de-la-Madeleine ne voit pas non plus comment le Parlement pourra l’étudier en totalité d’ici la fin de la session, en juin. Avec plus d’un millier d’articles, le projet de loi 15 est considéré comme l’un des plus gros à avoir été présentés au Parlement.

Le gouvernement, de son côté, rappelle que des experts comme Michel Clair et Claude Castonguay ont recommandé la création d’une agence. « Nous, on a le courage politique de faire ça », s’est vanté le ministre de la Santé, Christian Dubé. L’agence n’est « pas du tout » un bouclier en matière d’imputabilité, s’est-il aussi défendu. Son chef, François Legault, reproche, quant à lui, aux oppositions et aux syndicats de « défendre le statu quo ».

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