Facturer des frais aux patients refusant une place en CHSLD «manque d’humanité», déplore l’opposition

Le député péquiste Joël Arseneau soutient que la facture de 429 $ par jour est «scandaleuse».
Photo: Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Le député péquiste Joël Arseneau soutient que la facture de 429 $ par jour est «scandaleuse».

Les trois partis d’opposition ont dénoncé en chœur, mercredi, le « montant excessif » que doivent payer des patients du CIUSSS de l’Estrie-Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) qui ont obtenu leur congé de l’hôpital et qui refusent une place dans un milieu d’hébergement transitoire.

La facture de 429 $ par jour imposée aux usagers qui ont reçu leur congé de l’hôpital, mais qui ont refusé une chambre dans un milieu d’hébergement transitoire est « scandaleuse », a soutenu le député péquiste Joël Arseneau. « Lorsqu’il est question de régler les problèmes du système de santé, est-ce qu’on peut regarder justement l’humain d’abord et particulièrement les personnes les plus vulnérables ? » s’est-il demandé en point de presse à l’Assemblée nationale.

Mercredi, Le Devoir rapportait que le CIUSSS de l’Estrie-CHUS a récolté plus de quatre millions de dollars en trois ans en imposant de tels frais à ses patients. Les établissements de santé sont tenus d’exiger ces sommes conformément à un règlement d’application de la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Le montant est « déterminé par le gouvernement provincial », a souligné le CIUSSS.

Comme relaté dans nos pages, Victoria Della Porta a toutefois refusé de payer cette facture destinée à sa mère inapte de 86 ans. Cette dernière s’était d’abord fait offrir une place dans un CHSLD de Granby, un lieu qui ne convenait pas parce qu’il est situé à 50 km du domicile de sa fille, sa proche aidante. Le CIUSSS avait ensuite proposé à la patiente une chambre dans un CHSLD à Sutton, plus près de la résidence familiale.

Un « manque d’humanité »

Des situations similaires ont cours dans d’autres régions, a renchéri André Fortin, député libéral de Pontiac, en Outaouais. « On dit aux gens : “On vous offre une place en CHSLD à 50 km, 60 km, 70 km de chez vous, où vos proches ne pourront pas vous visiter quotidiennement, là où vous ne serez pas dans votre communauté.” […] Et quelques jours plus tard, on est capable d’offrir une place à 5 km, 10 km, 15 km de la résidence du patient. »

Selon M. Fortin, il y a un « manque d’humanité » derrière ces prises de décision. Certaines personnes se voient forcées d’accepter une chambre dans un CHSLD loin de leurs proches parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer 429 $ par jour.

De son côté, le député de Québec solidaire Vincent Marissal s’est inquiété du bien-être des patients qui sont soignés dans un système de santé « très, très ébranlé ». « Ces gens-là, en ce moment, ils sont mis à mal », a-t-il clamé.

Dans une déclaration transmise au Devoir, le cabinet de la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, a dit comprendre que les frais exigés aux patients soulèvent des questionnements. « Le réseau de la santé et des services sociaux est grandement sollicité et les lits sont nécessaires pour soigner les patients », a toutefois écrit l’attachée de presse de Mme Bélanger, Sarah Bigras.

Cette dernière souligne que des efforts sont faits pour améliorer l’offre en hébergement afin « d’assurer des services de proximité pour les familles et répondre aux besoins ».

Avec Marie-Eve Cousineau

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