Le Québec a «fait sa part» dans l’accueil de migrants, dit Legault
François Legault ne veut rien savoir d’accueillir davantage de migrants au Québec, même si la nouvelle entente Ottawa-Washington touchant le chemin Roxham prévoit l’arrivée au Canada de 15 000 demandeurs d’asile supplémentaires.
« Je pense que le Québec, avec 40 000 irréguliers dans la dernière année… Je pense qu’on a fait notre part », a souligné le premier ministre du Québec mardi, lors d’une mêlée de presse à l’hôtel du Parlement.
L’annonce vendredi dernier d’un accord bilatéral entre les gouvernements fédéraux américain et canadien prévoit l’accueil de 15 000 migrants de plus en provenance de « l’hémisphère occidental ». Le ministre canadien de l’Immigration, Sean Fraser, a donné peu de détails à ce sujet jusqu’ici, mais a affirmé lundi qu’il espérait ouvrir les frontières à ces nouveaux arrivants au cours des 12 prochains mois.
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L’an dernier, le gouvernement fédéral a comptabilisé 39 171 passages irréguliers au chemin Roxham, entre l’État américain de New York et la Montérégie. En janvier et février de cette année, ce chiffre a atteint 9392. Le gouvernement Legault voyait là une vague sans précédent qui menaçait la capacité d’accueil du Québec.
Un an avant l’annonce
Vendredi, après plusieurs années de statu quo, le président américain, Joe Biden, et le premier ministre canadien, Justin Trudeau, ont annoncé une révision en profondeur de leur entente migratoire, qui permet aux agents frontaliers de renvoyer dans le pays voisin tout demandeur d’asile qui a récemment traversé la frontière de manière irrégulière, comme par le chemin Roxham. Cet accord de principe était déjà prêt. Et ce, depuis un an.
En matinée, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, s’est interrogé sur la décision du fédéral de maintenir le Québec dans le noir pendant 12 mois. « Est-ce que ça a aidé la cause ? Je ne pense pas, parce qu’on a vu des dizaines de milliers [de migrants] arriver de façon désordonnée. Ça a créé des problèmes pour tout le monde », a-t-il dit lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.
Selon le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, l’intervalle entre la conclusion de l’accord et le moment où il a été rendu public démontre « l’absence de rapport de force pour le nationalisme fédéraliste de la [Coalition avenir Québec (CAQ)] ». « La CAQ a beau essayer, comme elle l’a fait vendredi, de se vanter et de s’approprier les mérites de cette décision-là, le constat, c’est que la CAQ n’était pas dans le coup », a déploré l’élu de Camille-Laurin.
« C’est un peu pathétique », a rétorqué le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, mardi. « Je comprends que, pour le PQ, c’est un peu une défaite en vue de leur référendum sur la souveraineté », a ajouté M. Legault quelques instants plus tard. La semaine dernière, il avait salué une « très belle victoire » pour le Québec.
Legault se justifie
En fin d’avant-midi, la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, avait elle aussi dénoncé les difficultés qu’a eues le gouvernement du Québec, pendant 12 mois, à obtenir les réponses à ses questions sur Roxham. « C’est une des raisons fondamentales pour lesquelles notre projet de société nécessite l’indépendance du Québec : c’est de pouvoir être, à ces moments-là, un acteur dont la voix est incontournable », a-t-elle soulevé.
Interrogé sur les délais, François Legault s’est porté à la défense du gouvernement fédéral. « En pratique, de pouvoir fermer Roxham puis de retourner ces personnes-là au point d’entrée régulier, je pense que ce n’était pas automatique dans l’entente qui était là il y a un an », a-t-il dit.
« Quand j’ai rencontré l’ambassadeur des États-Unis au Canada, je lui [ai] expliqué l’urgence, a-t-il poursuivi. Puis il est sorti pour dire : “Bien, ce n’est pas vraiment ça, le problème, là.” Je pense qu’il y avait un défi d’en faire une priorité dans les négociations avec les États-Unis, puis ça a été fait par Ottawa. »