L’appui de Gaétan Barrette à la création de Santé Québec fait sourciller

L’ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette appuie la création de l’agence Santé Québec, que défend son successeur Christian Dubé.
Graham Hughes La Presse canadienne L’ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette appuie la création de l’agence Santé Québec, que défend son successeur Christian Dubé.

L’appui sans réserve de l’ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette à l’agence que compte créer son successeur Christian Dubé devrait en soi inquiéter les Québécois, jugent Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ). Le Parti libéral du Québec (PLQ), lui, se montre moins lapidaire.

« Moi, de voir Gaétan Barrette applaudir une réforme en santé, ça m’inquiète pas mal », a déclaré le co-porte-parole solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. Non sans ironie, le député péquiste Pascal Bérubé a relevé que « le premier appui significatif du ministre Christian Dubé, [c’était] Gaétan Barrette ». « Je m’arrêterai là, donc. Ai-je besoin d’en rajouter ? »

Le ministre de la Santé doit déposer mercredi un ambitieux projet de loi visant à créer une agence externe à son ministère. Or, à tort ou à raison, la dernière réforme du système de santé, menée il y a 10 ans par Gaétan Barrette, a surtout laissé de mauvais souvenirs aux Québécois.

Baptisée Santé Québec, cette nouvelle agence prendrait en charge la gestion au quotidien du réseau, laissant au ministère le soin de fixer ses orientations à plus long terme. Il s’agit de l’un des piliers du plan présenté il y a un an par le ministre Dubé.

La réforme imposerait aussi de nouvelles obligations aux médecins spécialistes dans les hôpitaux et s’attaquerait à la règle de l’ancienneté du personnel, selon des informations diffusées par La Presse et applaudies par Gaétan Barrette depuis.

Mardi, le premier ministre François Legault a également mentionné qu’il souhaitait réduire le pouvoir des syndicats locaux avec ce projet de loi. « II y a actuellement des négociations locales qui peuvent être bloquées par des syndicats locaux. On voudrait que ce ne soit plus possible », a-t-il dit à propos des syndicats d’infirmières.

Pas besoin d’une « guerre mondiale », dit Tanguay

Le PLQ — auquel appartenait M. Barrette — a lui aussi dû commenter cette sortie mardi. Son chef intérimaire, Marc Tanguay, s’est d’abord distancié des propos de l’ex-ministre selon lesquels la réforme allait déclencher une « troisième guerre mondiale » entre le gouvernement et les détracteurs du projet : « Je pense que celles et ceux qui sont sur la liste d’attente n’[en] ont pas besoin. »

À propos des reproches faits par M. Barrette, qui soutient que le PLQ l’aurait empêché de créer une agence semblable à l’époque, M. Tanguay s’est d’ailleurs dit « heureux » qu’il n’y ait pas eu de « troisième guerre mondiale » sous l’ancien gouvernement libéral.

Or, Christian Dubé promet qu’« il n’y aura pas de guerre mondiale » cette fois-ci non plus. « Je ne suis pas [une personne] de confrontation. […] Je l’ai prouvé par le passé », a-t-il déclaré sans pour autant écorcher l’ex-ministre Barrette.

À un journaliste qui le questionnait sur l’appui de ce dernier, M. Dubé a rétorqué qu’il allait « prendre l’appui de tous les Québécois ». « Les gens reconnaissent que le statu quo n’est pas acceptable », a-t-il glissé.

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