Drainville déclenche une enquête générale après des cas de violences sexuelles dans les écoles

Le ministre Bernard Drainville demande aux fonctionnaires de la Direction des affaires internes de faire une enquête «de portée générale» sur «toute situation impliquant des comportements pouvant raisonnablement faire craindre pour la sécurité physique ou psychologique des élèves».
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre Bernard Drainville demande aux fonctionnaires de la Direction des affaires internes de faire une enquête «de portée générale» sur «toute situation impliquant des comportements pouvant raisonnablement faire craindre pour la sécurité physique ou psychologique des élèves».

La multiplication des cas de violence sexuelle dans les écoles force le ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville, à déclencher une enquête générale.

« Les cas d’allégation concernant des agressions de nature sexuelle se multiplient au Québec », a déclaré ce dernier au Salon bleu de l’Assemblée nationale, mardi après-midi, à la suite d’une question de la députée de Québec solidaire Ruba Ghazal.

Le #moiaussiscolaire appelle à un changement de mentalités profond dans nos écoles

 

Dans un acte de désignation signé mardi et envoyé au Devoir, le ministre demande aux fonctionnaires de la Direction des affaires internes de faire une enquête « de portée générale » sur « toute situation impliquant des comportements pouvant raisonnablement faire craindre pour la sécurité physique ou psychologique des élèves ».

Les processus de traitement des plaintes et la gestion administrative des comportements problématiques, qui ont fait l’objet de critiques récemment, seront particulièrement sous la loupe. Les processus d’embauche seront également analysés. Un rapport final est attendu d’ici le 31 juillet 2023.

Les cas médiatisés d’un enseignant du Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy, d’une éducatrice spécialisée du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île et d’un enseignant du Centre de services scolaire des Patriotes ont incité Bernard Drainville à déclencher un tel processus. « Cela pourrait inclure les affaires de Cowansville », a lancé le ministre, après avoir souligné que toute nouvelle information pouvait être intégrée à l’enquête.

De jeunes filles de l’école secondaire anglophone Massey-Vanier, située à Cowansville, rapportaient lundi être la cible répétée de violences sexuelles de la part d’un garçon de leur établissement, ce qui les a incitées à porter plainte à la Sûreté du Québec. Les élèves dénoncent ce qu’elles qualifient d’inaction de la part de l’école depuis un an et demi, et affirment avoir été plus prises au sérieux par les policiers que par la direction.

Dans la journée de mardi, un enseignant de 48 ans du collège Stanislas de Montréal a également comparu au palais de justice de Montréal. Alexandre Gagné fait face à 15 chefs d’accusation, dont agression sexuelle, exploitation sexuelle, leurres, menaces, extorsion et distribution de cannabis.

Loi-cadre demandée

La députée libérale porte-parole en matière d’éducation, Marwah Rizqy, a déclaré sur Twitter qu’elle offrirait sa « pleine collaboration » au ministre Drainville dans cette enquête « malheureusement nécessaire ». « Nous devons tourner toutes les pierres pour comprendre ce fléau et mieux protéger les jeunes dans nos écoles, a-t-elle écrit. Il reste beaucoup à faire mais chaque geste compte. »

Ruba Ghazal, porte-parole en éducation pour Québec solidaire, estime elle aussi qu’une enquête « était rendue nécessaire ». « Le #moiaussiscolaire appelle à un changement de mentalités profond dans nos écoles, a-t-elle écrit sur le réseau social. La prévention passera par une loi-cadre. » Le parti compte déposer un projet de loi visant à prévenir et à contrer les violences sexuelles en milieu scolaire, comme cela a déjà été fait pour les établissements d’enseignement supérieur.

À cela, Bernard Drainville a répondu à la députée solidaire au Salon bleu que le protecteur national de l’élève entrerait en fonction en septembre prochain. « Ils [les protecteurs régionaux et national] vont pouvoir se saisir prioritairement des cas de violence sexuelle dans les écoles, a souligné le ministre. Il faut leur permettre […] d’enquêter correctement. » « Si ce n’est pas suffisant, nous agirons », a-t-il ajouté.

Le collectif La voix des jeunes compte, qui lutte contre les violences sexuelles dans les écoles, veut de son côté veiller à ce que l’enquête aille « au fond des choses » et à ce que « rien ne [soit] omis ou bâclé ». « On veut s’assurer que les victimes, les témoins, les parents et les organisations puissent être rencontrés », a déclaré le collectif, qui réclame lui aussi une loi-cadre depuis 2018.

La porte-parole du Parti Québécois, Méganne Perry Mélançon, accueille elle aussi positivement la tenue d’une enquête, estimant qu’il s’agit d’« un pas dans la bonne direction ». « Cependant, nous croyons qu’il aurait été préférable que celle-ci soit tenue par des personnes indépendantes du réseau de l’éducation », ajoute-t-elle.



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