«Il faut qu’il y ait du punitif» dans la LHJMQ, dit son futur commissaire

Le futur commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Mario Cecchini, a répondu pour la première fois mardi aux questions des élus québécois au sujet de l’avenir du hockey semi-professionnel. Après tant d’années d’initiations violentes passées sous silence, « il faut qu’il y ait du punitif », a-t-il affirmé.
M. Cecchini, encore pour l’instant président des Alouettes de Montréal, s’est présenté en commission parlementaire mardi. La ligue qu’il dirigera est sous le feu des critiques pour avoir toléré durant des années des comportements toxiques, voire des agressions sexuelles, parmi ses quelque 400 joueurs.
« Je veux qu’il soit clair et incontestable qu’aucune culture d’équipe ou de vestiaire ne peut servir à protéger des agresseurs ou à empêcher des victimes de parler. Ça sera tolérance zéro pour l’intolérable », a déclaré d’entrée de jeu M. Cecchini.
Les plaintes feront l’objet d’un suivi indépendant, a-t-il affirmé auprès des parlementaires. Le commissaire doit agir de concert avec les propriétaires d’équipe sur la « mise en marché » du sport, certes, mais pour « tout ce qui est intégrité du jeu, des arbitres, des entraîneurs, de la sécurité et du bien-être, c’est là qu’on doit avoir de l’indépendance ».
Pour en savoir plus
Questionné par les élus sur son expérience de gestion de plaintes dans le domaine du sport, Mario Cecchini a notamment parlé du dossier du joueur des Alouettes Christophe Normand, accusé de leurre d’adolescente.
« J’ai eu l’appel à 7 h 20. À 9 h on a suspendu le joueur, a-t-il raconté. Dès [qu’on a pu le faire], on a [sorti] le joueur de notre équipe. »
« J’ai eu à gérer […] un morning man au Canada anglais qui a dû suivre des cours de gestion de colère, a renchéri l’ancien propriétaire de radio de sport. J’ai eu à gérer des animateurs qui ont dû s’excuser pour des propos… »
Si la Ligue doit continuer son travail de « prévention », cela ne suffit plus. « L’éducation et la prévention demeureront prioritaires à l’intérieur de notre mission. Mais, s’il y a fautes, il doit y avoir sanctions. Celles-ci doivent être claires et connues de tous pour éviter le maximum de zones grises. […] Il faut qu’il y ait du punitif. »
Protéger l’intégrité, plus que l’image
La culture du silence qui prévalait dans la LHJMQ autour des agressions permettait à la Ligue de préserver son image, a relevé le député libéral Enrico Ciccone, lui-même hockeyeur d’expérience. Or, « ça posait problème de vouloir protéger l’image de la Ligue ».
Un « changement de culture » s’impose donc, a répliqué Mario Cecchini. « Plus vite on sort, plus vite on explique [le problème], plus vite on le gère […] Je pense que ça, c’est protéger l’intégrité de la Ligue plutôt que l’image. »
Celui qui entre en poste le 8 mai prochain ne promet cependant pas de réforme « profonde » pour la prochaine saison. « Quand on parle de changement de culture, ça ne commence pas vendredi pour finir lundi. Ça va être profond, ça va être long. C’est pour ça que je parle pour les prochaines années. »
J'ai eu l'appel à 7 h 20. À 9 h on a suspendu le joueur. Dès [qu'on a pu le faire], on a [sorti] le joueur de notre équipe.
M. Cecchini a décliné l’invitation de détailler certaines réponses, car il n’est pas encore à l’embauche de la Ligue. « J’aurais tout de même préféré vous parler quelques mois après mon entrée en poste », a-t-il d’ailleurs indiqué en tout début d’allocution. Il reste ouvert à toutes éventuelles convocations politiques.
De nouvelles allégations
Une nouvelle affaire d’agression sexuelle dans la LHJMQ est remontée aux oreilles des dirigeants en fin de semaine dernière, a révélé quelques minutes plus tôt Martin Lavallée, l’actuel commissaire par intérim. « Les joueurs se sont retrouvés à un endroit pour participer à une activité d’intégration ou d’initiation où des activités à connotations sexuelles se sont déroulées », a-t-il succinctement dévoilé.
Pressé de fournir des détails, il a tenu ceux-ci secrets pour ne pas révéler l’identité de la victime. « [Ça s’est déroulé] dans les années 1990, dans une de nos formations », a-t-il simplement ajouté. « Lorsque j’ai été informé de la situation, nous avons procédé à une quête d’informations qui nous a rapidement menés à la mise en place d’une enquête indépendante pour nous assurer d’aller au fond des choses. »
Les élus québécois ont ensuite demandé si les dirigeants de la LHJMQ étaient au courant d’initiations qui tournent mal de nos jours. « Qui se tiennent toujours ? Non. Qui se sont passées ? Oui. »
La commission parlementaire sur les initiations dans le milieu du hockey junior se poursuit mercredi et jeudi. L’ex-entraîneuse de l’équipe canadienne de hockey, Danièle Sauvageau, et le président de l’Assemblée des membres de la LHJMQ, Richard Létourneau, répondront notamment aux questions des élus.