La publicité sur le faucon «sick» ne s’attaque pas aux jeunes, dit Roberge
Le ministre Jean-François Roberge s’est défendu jeudi de prendre pour cibles les jeunes Québécois dans la publicité du ministère de la Langue française sur le faucon pèlerin « sick ».
Le court message télévisuel, d’abord diffusé mercredi, vise à décourager l’utilisation à l’envi d’anglicismes par des Québécois francophones. Il met en vedette un faucon, qualifié par un narrateur de « sick » et de « chill ».
« Malgré que ses skills de chasse soient insane, l’avenir du faucon pèlerin demeure sketch », peut-on entendre, avant qu’un message indiquant qu’« au Québec, le français est en déclin » apparaisse à l’écran.
Au Québec, le français est en déclin.
— Jean-F. Roberge (@jfrobergeQc) March 15, 2023
Ensemble, renversons la tendance.
Voici la nouvelle publicité du Ministère de la Langue française pour susciter une prise de conscience des Québécois au déclin du français au Québec.#polqc pic.twitter.com/O6gtxFU0IK
Jeudi, les trois groupes d’opposition à l’Assemblée nationale ont reproché au ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, de s’attaquer injustement aux plus jeunes avec cette publicité. « J’ai surtout eu le sentiment que ça ne visait pas la bonne cible », a soulevé le député solidaire de Rosemont, Vincent Marissal, lors d’un point de presse en matinée. « Moi, quand j’étais ado, j’en avais plein, d’expressions, aussi, qui n’étaient probablement pas dans le Larousse. »
La députée Madwa-Nika Cadet, qui arrive au quatrième rang des plus jeunes élus de l’Assemblée nationale — et qui, accessoirement, est la porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de langue française —, estime qu’« on fait un peu fausse route en ciblant particulièrement les jeunes ».
« Il y a certains termes anglais qui ont été choisis qui sont souvent associés à la jeune génération. Alors que l’emploi de termes anglais dans le langage courant, c’est un enjeu qui touche toutes les générations, a signifié l’élue libérale. Ils font encore porter ce chapeau-là à ma génération, mais surtout à celles qui suivent. »
Interrogé à ce sujet par les médias, jeudi matin, le député des Îles-de-la-Madeleine, le péquiste Joël Arseneau, a lui aussi soulevé des points d’interrogation sur les intentions du gouvernement de François Legault. Après tout, a-t-il dit, le ministre de la Santé, Christian Dubé, utilisait pas plus tard que cette semaine l’expression « les colonnes du temple vont shaker ». À la fin février, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, avait fait appel au terme « bullshit » dans une entrevue télévisée.
« Est-ce que ce sont davantage les jeunes qu’on doit viser, alors qu’on sait que le gouvernement, dans des sorties récentes, et encore cette semaine […] a utilisé [ces] expressions anglaises ? » s’est demandé Joël Arseneau jeudi.
Roberge nie
Or, cette publicité truffée d’anglicismes ne vise pas seulement les jeunes, a répété le ministre Roberge à sa sortie du Salon bleu jeudi avant-midi. « C’est un appel à un grand réveil national. Effectivement, il y a des jeunes qui peuvent s’exprimer de cette manière-là, mais pas seulement des jeunes. Ça m’arrive de m’échapper aussi », a-t-il admis.
« Personne n’est parfait, a-t-il ajouté. Parfois, je me rends à une rencontre, puis j’appelle ça meeting. »
Selon l’élu de la Coalition avenir Québec, les données du dernier recensement font « prendre conscience de la fragilité du français ». L’objectif d’une telle publicité était justement d’attirer l’attention sur le déclin de l’utilisation de la langue de Molière chez les Québécois, a-t-il déclaré pour se justifier.
Selon le recensement canadien de 2021, la proportion des résidents du Québec dont le français est la langue maternelle a chuté de 77,1 % à 74,8 % depuis le dernier décompte, effectué en 2016. Ceux qui parlent principalement français à la maison sont, de leur côté, passés de 79 % à 77,5 % de la population.