La publicité sur le faucon «sick» ne s’attaque pas aux jeunes, dit Roberge

Le ministre Jean-François Roberge s’est défendu jeudi de prendre pour cibles les jeunes Québécois dans la publicité du ministère de la Langue française sur le faucon pèlerin « sick ».

Le court message télévisuel, d’abord diffusé mercredi, vise à décourager l’utilisation à l’envi d’anglicismes par des Québécois francophones. Il met en vedette un faucon, qualifié par un narrateur de « sick » et de « chill ».

« Malgré que ses skills de chasse soient insane, l’avenir du faucon pèlerin demeure sketch », peut-on entendre, avant qu’un message indiquant qu’« au Québec, le français est en déclin » apparaisse à l’écran.

Jeudi, les trois groupes d’opposition à l’Assemblée nationale ont reproché au ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, de s’attaquer injustement aux plus jeunes avec cette publicité. « J’ai surtout eu le sentiment que ça ne visait pas la bonne cible », a soulevé le député solidaire de Rosemont, Vincent Marissal, lors d’un point de presse en matinée. « Moi, quand j’étais ado, j’en avais plein, d’expressions, aussi, qui n’étaient probablement pas dans le Larousse. »

La députée Madwa-Nika Cadet, qui arrive au quatrième rang des plus jeunes élus de l’Assemblée nationale — et qui, accessoirement, est la porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de langue française —, estime qu’« on fait un peu fausse route en ciblant particulièrement les jeunes ».

« Il y a certains termes anglais qui ont été choisis qui sont souvent associés à la jeune génération. Alors que l’emploi de termes anglais dans le langage courant, c’est un enjeu qui touche toutes les générations, a signifié l’élue libérale. Ils font encore porter ce chapeau-là à ma génération, mais surtout à celles qui suivent. »

Interrogé à ce sujet par les médias, jeudi matin, le député des Îles-de-la-Madeleine, le péquiste Joël Arseneau, a lui aussi soulevé des points d’interrogation sur les intentions du gouvernement de François Legault. Après tout, a-t-il dit, le ministre de la Santé, Christian Dubé, utilisait pas plus tard que cette semaine l’expression « les colonnes du temple vont shaker ». À la fin février, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, avait fait appel au terme « bullshit » dans une entrevue télévisée.

« Est-ce que ce sont davantage les jeunes qu’on doit viser, alors qu’on sait que le gouvernement, dans des sorties récentes, et encore cette semaine […] a utilisé [ces] expressions anglaises ? » s’est demandé Joël Arseneau jeudi.

Roberge nie

 

Or, cette publicité truffée d’anglicismes ne vise pas seulement les jeunes, a répété le ministre Roberge à sa sortie du Salon bleu jeudi avant-midi. « C’est un appel à un grand réveil national. Effectivement, il y a des jeunes qui peuvent s’exprimer de cette manière-là, mais pas seulement des jeunes. Ça m’arrive de m’échapper aussi », a-t-il admis.

« Personne n’est parfait, a-t-il ajouté. Parfois, je me rends à une rencontre, puis j’appelle ça meeting. »

Selon l’élu de la Coalition avenir Québec, les données du dernier recensement font « prendre conscience de la fragilité du français ». L’objectif d’une telle publicité était justement d’attirer l’attention sur le déclin de l’utilisation de la langue de Molière chez les Québécois, a-t-il déclaré pour se justifier.

Selon le recensement canadien de 2021, la proportion des résidents du Québec dont le français est la langue maternelle a chuté de 77,1 % à 74,8 % depuis le dernier décompte, effectué en 2016. Ceux qui parlent principalement français à la maison sont, de leur côté, passés de 79 % à 77,5 % de la population.

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