Gilles Courteau accepte de témoigner à nouveau en commission parlementaire

Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, lors de sa comparution en commission parlementaire, le 22 février dernier
Jacques Boissinot La Presse canadienne Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, lors de sa comparution en commission parlementaire, le 22 février dernier

Le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Gilles Courteau, acceptera de répondre une nouvelle fois aux questions des élus de l’Assemblée nationale « s’il est invité ». Il regrette le manque de préparation dont il a fait preuve en commission parlementaire la semaine dernière, mais refuse de démissionner.

Les députés québécois rouvriront bientôt la commission parlementaire sur les initiations violentes dans le hockey. Une rencontre de travail de la Commission de la culture et de l’éducation est à l’agenda pour convenir des détails, mais un consensus émerge déjà : Gilles Courteau doit à nouveau témoigner, affirment en choeur les quatre groupes parlementaires.

« Si j’y suis invité, je vais participer avec plaisir », a soutenu le commissaire Courteau en entrevue avec Le Devoir jeudi.

Dans un jugement de la Cour supérieure de l’Ontario rendu public au début du mois dernier, une vingtaine de joueurs ayant joué dans les trois ligues de hockey junior canadiennes, dont la LHJMQ, affirment avoir subi, sur une période de 35 ans, des actes de séquestration, d’intimidation et de viol dans le cadre de cérémonies d’initiation organisées à même leurs vestiaires.

C’est Radio-Canada qui a d’abord attiré l’attention sur cette situation en publiant à la mi-février une partie des témoignages contenus dans le document de cour. Interrogé à ce sujet en commission parlementaire la semaine dernière, Gilles Courteau avait insisté sur le fait qu’« aucune des situations énumérées dans l’article n’impliquait une équipe de la LHJMQ ».

À sa sortie de la salle de commission, il avait convenu qu’un ex-joueur de la Ligue, Stephen Quirk, avait bel et bien effectué un témoignage — non rapporté dans le texte de Radio-Canada —, mais qu’il ne faisait aucune référence à des gestes à « connotation sexuelle ». C’est faux. Dans sa déclaration sous serment, l’ancien joueur des Wildcats de Moncton et des Mooseheads d’Halifax raconte entre autres avoir été pénétré contre son gré avec de la crème analgésique chauffante.

« Je n’avais pas pris connaissance de l’affidavit de Stephen Quirk au complet, et je m’en excuse », a admis M. Courteau jeudi lorsqu’il a été interrogé à ce sujet par Le Devoir.

« Aucune connotation sexuelle »

La semaine dernière, la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, avait affirmé être satisfaite des résultats de la commission parlementaire sur les violences dans le hockey junior. Les propos contradictoires de M. Courteau l’ont incité à faire volte-face jeudi. « À la lumière des nouvelles informations révélées dans les derniers jours par différents médias, [Mme] Charest se dit très favorable à ce que les travaux de la commission parlementaire se poursuivent », a cette fois-ci indiqué son cabinet.

Dans l’opposition, tant le Parti libéral du Québec que Québec solidaire exigent la démission immédiate du grand manitou de la LHJMQ. Des demandes auxquelles M. Courteau a tenu à répliquer jeudi.

« J’ai passé ma vie dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, j’ai fait 47 ans dans cette ligue-là. La [LHJMQ], c’est l’équivalent de ma deuxième famille. Les 400 joueurs qui prennent part aux activités de la ligue, ce sont comme mes enfants », a-t-il soutenu.

« Est-ce qu’on veut constamment s’améliorer ? Oui. C’est ce que je vais faire jusqu’à la fin de mon mandat : 31 mai 2024 », a-t-il renchéri. « Je ne démissionne pas. »

Le jugement de la Cour supérieure de l’Ontario rendu le mois dernier fait état de gestes commis entre 1979 et 2014 dans les trois circuits de hockey junior du Canada. Selon M. Courteau, les initiations sont proscrites depuis le début des années 2000 dans la LHJMQ.

Depuis, « lorsque [des initiations] ont été portées à notre connaissance, on a agi en conséquence », a assuré le commissaire de la ligue jeudi. Après 2014, « aucun cas n’a été rapporté au niveau de la ligue », a-t-il précisé.

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