La CAQ conserve sa longueur d’avance dans les intentions de vote

La lune de miel entre François Legault et la population québécoise s’étire et s’étire, montre un sondage Léger-Le Devoir. « Pour le moment ! » indique le stratège-conseil à Léger Éric Normandeau, pointant deux indicateurs clés : la popularité du premier ministre et les intentions de vote de la Coalition avenir Québec (CAQ).

La CAQ recueillerait 40 % des votes si des élections générales se tenaient ces jours-ci (-1 point de pourcentage par rapport au scrutin du 3 octobre dernier), comparativement à 18 % pour le Parti québécois (+3 points), 17 % pour Québec solidaire (+2 points), 14 % pour le Parti libéral du Québec (stable) et 9 % pour le Parti conservateur du Québec (-4 points), indique le coup de sonde réalisé en ligne entre les 24 et 26 février derniers.


 

Le Parti québécois (PQ), qui s’est fait doubler par Québec solidaire (QS) dans la course aux votes le 3 octobre dernier, consolide sa position au deuxième rang des intentions de vote — derrière la CAQ, devant QS — qu’il avait regagnée en fin d’année 2022. Le « style » souvent « positif » et jamais « hargneux » du chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, n’y est pas pour rien. « Le succès d’estime qu’il a eu dans le dernier droit de la campagne électorale et durant la bataille qu’il a menée [pour mettre fin au] serment [obligatoire des députés] au roi avant les Fêtes, ça continue à lui payer », affirme Éric Normandeau.

François Legault « loin devant tout le monde »

Après un automne en dents de scie (+4 points entre octobre et novembre, -3 points entre novembre et décembre), QS a repris du poil de la bête (+3 points depuis le 10 décembre dernier). Une remontée qui n’est pas étrangère au retour du porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois sous le feu des projecteurs, mentionne le stratège. « Il sort de l’ombre et c’est payant. »

Privé de député à l’Assemblée nationale, Éric Duhaime demeure confiné à l’extérieur des murs de l’hôtel du Parlement et, par ricochet, « bénéficie de moins d’exposition médiatique » que les chefs caquiste, péquiste, solidaire et libéral, ce qui plombe le Parti conservateur du Québec.

Avec 9 % des intentions de vote, le parti enregistre son score le plus faible depuis décembre 2021. À l’époque, il avait vu ses appuis doubler en un mois (de 5 % à 11 %), gracieuseté de la grogne populaire suscitée par l’imposition, à compter du réveillon du Nouvel An, d’un nouveau couvre-feu visant à freiner la progression de la COVID-19. Les conservateurs perdent aussi de la vitesse dans la région de Québec (17 %, comparativement à 25 % l’été dernier).


 

Doyen de l’Assemblée nationale et récent adepte de TikTok, François Legault est connu de tous les Québécois ou presque. En effet, 96 % de la population pourrait le reconnaître, comparativement à 84 % pour Gabriel Nadeau-Dubois, 78 % pour Éric Duhaime, 69 % pour Paul St-Pierre Plamondon… et 36 % pour Marc Tanguay, qui a été choisi pour assurer l’intérim à la direction du Parti libéral (PLQ), et ce, jusqu’à la désignation d’un chef en titre.

Près de la moitié des sympathisants libéraux (48 %) ne connaissent pas Marc Tanguay — qui n’a pas exclu de briguer la chefferie du PLQ —, même s’il est désormais chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale et porte les couleurs de la formation dans la circonscription montréalaise de LaFontaine depuis plus de 10 ans.

Trois mois après la démission de Dominique Anglade, les libéraux obtiennent 14 % des intentions de vote, recueillant l’appui d’à peine 4 % des francophones et 46 % des non-francophones. À l’inverse, la CAQ reçoit l’appui de 46 % des francophones, mais 20 % des non-francophones.

Plus de la moitié des Québécois (60 %) ont une bonne opinion de M. Legault, tandis que 36 % ont une mauvaise opinion de lui. « Il est toujours populaire. Il est toujours apprécié. Et, il est loin devant tout le monde », note Éric Normandeau.

Un impératif d’équilibre

L’idée de l’indépendance du Québec n’est pas morte. En effet, le « Oui » à un Québec-pays jouit de l’appui de 38 % des Québécois, une hausse de 6 points de pourcentage depuis le dernier sondage Léger-Le Devoir sur le sujet, effectué en 2018. « Ce n’est pas rien pour un enjeu qui n’occupe pas le devant de la scène », soutient Éric Normandeau dans un échange avec Le Devoir. La CAQ et QS comptent d’ailleurs une proportion presque identique d’indépendantistes parmi leurs partisans, soit respectivement 42 % et 43 %.

Ni indépendantiste ni fédéraliste, mais « nationaliste », François Legault « va continuer à faire l’équilibriste comme il le fait » depuis la présentation de son Nouveau projet pour les nationalistes du Québec, à l’automne 2015, « en maintenant un discours plus nationaliste sans être indépendantiste », prévoit Éric Normandeau.

Le coup de sonde a été réalisé en ligne entre le 24 et le 26 février 2023 auprès de 1044 Québécois âgés de 18 ans ou plus et ayant le droit de vote au Québec. On ne peut attribuer de marge d’erreur officielle aux sondages menés par panel Web, mais un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur maximale de plus ou moins 3 %, dans 19 cas sur 20.

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