QS veut régulariser les personnes sans statut au Québec

« L’objectif est de sortir ces gens de la marginalité et de les intégrer à l’économie formelle du Québec pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre », a affirmé le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’une entrevue téléphonique, mardi.
Jacques Boissinot La Presse canadienne « L’objectif est de sortir ces gens de la marginalité et de les intégrer à l’économie formelle du Québec pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre », a affirmé le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’une entrevue téléphonique, mardi.

Québec solidaire (QS) propose d’instaurer un programme de régularisation des personnes sans statut qui sont au pays depuis au moins cinq ans, mais qui résident actuellement au Québec, a appris Le Devoir.

« L’objectif est de sortir ces gens de la marginalité et de les intégrer à l’économie formelle du Québec pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre », a affirmé le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’une entrevue téléphonique, mardi.

Les familles comptant au moins un enfant et résidant au Québec ne seraient toutefois pas soumises au critère d’arrivée au pays depuis au moins cinq ans. Elles seraient admissibles au programme dès son entrée en vigueur, a précisé Guillaume Cliche-Rivard, avocat en immigration et candidat solidaire à l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne.

Selon QS, les gens visés par le programme seraient notamment des ex-étudiants étrangers ou d’anciens travailleurs temporaires dont le permis ou le visa a expiré.

Ces personnes sont vulnérables et ont souvent besoin d’aide, a souligné M. Cliche-Rivard. « On s’est donné des lois et protections sociales notamment en matière de logement et de droit du travail, a-t-il poursuivi. Malheureusement, les gens qui n’ont pas de papiers n’ont pas accès à ces mécanismes ou recours pour défendre leurs droits minimums. »

« Pas de raisons d’attendre après Justin Trudeau »

Ottawa travaille actuellement sur un programme de régularisation du statut des travailleurs sans papiers qui contribuent aux communautés canadiennes.

Or, le Québec est le mieux placé pour connaître ses besoins en matière d’immigration, a fait valoir M. Nadeau-Dubois. « Il n’y a pas de raison d’attendre après [le premier ministre canadien] Justin Trudeau pour mettre sur pied un programme québécois de régularisation des personnes sans statut », a-t-il soutenu.

Le gouvernement québécois établirait donc les critères de ce programme qui se ferait conjointement avec Ottawa, tout comme s’est fait celui de régularisation des « anges gardiens » du secteur de la santé durant la pandémie de COVID-19, a dit M. Cliche-Rivard. « Malheureusement, le programme a été hyperrestrictif. Finalement, il y a bien peu de gens qui avaient été visés », a-t-il déploré.

Avec sa proposition, QS souhaiterait régulariser un maximum de 10 000 personnes lors de la première année. Ce chiffre pourrait être rajusté au besoin lors des années suivantes. « La proposition se ferait à l’intérieur des seuils d’immigration du gouvernement du Québec », a toutefois indiqué Gabriel Nadeau-Dubois.

En campagne électorale, l’an dernier, son parti avait proposé d’accueillir annuellement entre 60 000 et 80 000 immigrants en sol québécois.

Le plan déposé en décembre dernier par la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, maintient la cible d’environ 50 000 nouveaux résidents permanents en 2023.

Contacté par Le Devoir au sujet de la proposition solidaire, le cabinet de Mme Fréchette a indiqué que la régularisation des personnes sans statut relevait du gouvernement fédéral. « Le Québec a fait valoir son intérêt à examiner avec Ottawa la possibilité de régulariser la situation de ces personnes. »

De son côté, le député péquiste Pascal Bérubé a affirmé ne pas vouloir critiquer les propositions des autres partis d’opposition. « Je laisse le soin aux gens qui analyseront cette proposition de le faire selon son réalisme en vertu des pouvoirs que le Québec a et de notre capacité d’accueil », s’est-il limité à dire.

Au Parti libéral du Québec, le député Monsef Derraji a estimé qu’il était louable de vouloir régulariser ces personnes vivant dans la précarité. Un tel programme ne doit toutefois pas devenir un incitatif au non-respect des règles d’immigration, a-t-il lancé en guise d’avertissement. « Attention au message qu’on risque d’envoyer afin de ne pas miner l’intégrité de notre système d’immigration. »

Une « pleine contribution » à la société québécoise

Selon Gabriel Nadeau-Dubois, il n’existe aucune raison valable de se priver d’une pleine contribution des personnes sans statut à la société québécoise. « On a besoin de renfort partout, et ces gens sont déjà sur le territoire du Québec », a-t-il soutenu.

Régulariser ces gens sans papiers n’aggraverait pas la crise du logement qui frappe le territoire québécois, a renchéri Guillaume Cliche-Rivard. « Les gens sont déjà logés, ils sont déjà ici. »

Le manque de logements est d’ailleurs l’un des principaux thèmes de l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne, avait soutenu en janvier M. Cliche-Rivard.

Ce dernier tentera de se faire élire le 13 mars prochain dans cette circonscription montréalaise. Lors des dernières élections québécoises, il avait terminé au deuxième rang, derrière l’ancienne cheffe libérale, Dominique Anglade. Elle a quitté son siège de députée le 1er décembre dernier.

Cette fois, l’entrepreneur social Christopher Baenninger portera les couleurs libérales. La candidate péquiste Andréanne Fiola, le caquiste Victor Pelletier et le conservateur Lucien Koty seront aussi de la course.

Avec Lisa-Marie Gervais

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