Les syndicats du secteur public dénoncent les tactiques de négociation de Sonia LeBel

Les pressions faites par la présidente du Conseil du trésor du Québec, Sonia LeBel, pour passer outre aux tables de négociation traditionnelles sont décriées par les syndicats de la fonction publique, qui y voient une façon d’affaiblir leur rapport de force.
Avec ses forums de discussion, « l’employeur veut nous amener sur un terrain où il contrôle le format, les sujets et les participants », déplore Robert Comeau, président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, qui représente notamment les psychologues du secteur public.
La ministre LeBel souhaite discuter avec tous les syndicats lors de forums sur les équipes de soins, l’enseignement primaire et la santé mentale, entre autres. Cette formule permettrait d’éviter de répéter l’exercice à chaque table de négociation, soutient Québec.
Les enseignants ne sont pas tous représentés par la même centrale syndicale, par exemple, fait-on remarquer : certains syndicats sont affiliés à la Centrale des syndicats du Québec, tandis que d’autres le sont à la Fédération autonome de l’enseignement.
Du gaspillage de temps, disent les syndicats
Devant le refus des syndicats de la fonction publique de participer à l’exercice, Sonia LeBel a dévoilé aux médias mercredi matin certaines des offres qu’elle comptait présenter, irritant encore davantage les principaux intéressés.
« S’embarquer dans une discussion parallèle ne ferait qu’allonger les délais », a dénoncé la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) dans une communication vidéo adressée à ses membres en fin de journée. Les discussions d’un forum de ce genre porteraient inévitablement « sur des sujets qui touchent la partie patronale […] et ses demandes » plutôt que « de traiter une par une les 60 demandes du syndicat à la table officielle », a d’ailleurs fait valoir Nathalie Perron, membre du comité de négociation de la FIQ.
« On reçoit ça comme une tonne de roches », a quant à elle déclaré la présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Magali Picard, en entrevue à La Presse canadienne. Elle s’est dite déçue de « l’amateurisme » de Québec, qui n’a pas déposé ses offres devant les équipes de négociation proprement dites, comme il se doit.
Les propositions de Québec
En éducation, les nouvelles offres du Conseil du trésor prévoient que des employés du service de garde prêtent assistance aux enseignants dans 15 000 des 25 000 classes du réseau. Cette approche est actuellement testée dans une centaine de classes sous la forme de projet pilote. « Selon les échos qu’on a, c’est très bien reçu », a souligné Sonia LeBel.
En santé, les infirmières à temps complet auraient accès à davantage de congés, et Québec s’engagerait à mieux rémunérer celles qui demeurent au poste la fin de semaine. Des propositions sont aussi destinées aux psychologues du secteur public, mais la ministre est restée très vague quant à leur nature, n’évoquant qu’une bonification de leur « rémunération globale ».
Au total, ces nouvelles propositions coûteraient à l’État québécois 700 millions de dollars supplémentaires, estime la ministre.
Québec a jusqu’ici offert aux employés du secteur public des augmentations salariales de 9 % sur cinq ans, plus un montant forfaitaire de 1000 $, plus une somme équivalant à 2,5 % réservée à des « priorités gouvernementales ». Québec affirme donc présenter une offre allant jusqu’à 13 % sur cinq ans.
Avec La Presse canadienne