Les révélations de violences ne touchaient pas la LHJMQ, assure Courteau

Les vestiaires de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) n’ont pas été le théâtre des initiations violentes dans le hockey récemment révélées au public, assure le commissaire Gilles Courteau. Ces activités d’accueil sont de toute façon « défendues », a-t-il dit en commission parlementaire.
M. Courteau répondait mercredi aux questions des députés de l’Assemblée nationale dans le cadre d’une commission parlementaire sur la violence perpétrée lors des initiations dans le milieu du hockey junior.
La LHJMQ est prise dans un tourbillon médiatique depuis la parution au début du mois d’un jugement de la Cour supérieure de l’Ontario qui fait état de gestes dégradants posés dans les vestiaires des trois ligues de hockey junior canadiennes, puis d’un article de Radio-Canada qui relate les histoires de quatre joueurs.
« Nous avons fait des vérifications. Aucune des situations énumérées dans l’article n’impliquait une équipe de la LHJMQ. C’est un fait important à noter », a affirmé le commissaire Courteau.
Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est qu’il n’y a pas d’indépendance dans les processus d’enquête. […] On demande à un jeune de 16-17 ans de prendre le téléphone et d’appeler une [vice-présidente] de la ligue pour se plaindre d’un comportement probablement inadéquat et parfois même illégal. Ce n’est pas sérieux.
Selon le grand manitou de la LHJMQ, il existe effectivement une « culture qui peut être nocive » dans certains vestiaires. « Il y a un moment où la porte du vestiaire se ferme. […] C’est cette culture qu’il faut changer », a-t-il dit, « troublé », devant les élus de la Commission de la culture et de l’éducation.
M. Courteau a toutefois rappelé mercredi que les initiations étaient interdites dans les 18 équipes du circuit. « Quand on est mis au courant de quelque chose, on intervient. Si on a vent avant qu’une situation se produise, [on peut l’annuler] », a-t-il assuré.
« Code du vestiaire »
Dans un esprit de « réflexion », la LHJMQ mènera des consultations au cours des prochains mois et déposera un « code du vestiaire » à temps pour la saison 2023-2024. Le transgresser pourrait mener à des expulsions, a indiqué M. Courteau : « Nous ne sommes pas au-dessus des autres ligues. »
Un plan d’action et un programme de prévention seront également mis sur pied prochainement, et M. Courteau entend rencontrer les joueurs « le plus rapidement possible ».
Accosté à la sortie de la commission, mercredi, le député solidaire Vincent Marissal a indiqué avoir été « laissé sur [sa] faim » par le passage de la LHJMQ en commission parlementaire. Il a d’ailleurs demandé une prolongation des travaux « afin de nous assurer que, collectivement, nous ne touchions pas seulement à la pointe du glacier dans le dossier des violences lors d’initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation dans d’autres sports ».
« Ce qui m’a beaucoup frappé, c’est qu’il n’y a pas d’indépendance dans les processus d’enquête. […] On demande à un jeune de 16-17 ans de prendre le téléphone et d’appeler une [vice-présidente] de la ligue pour se plaindre d’un comportement probablement inadéquat et parfois même illégal, a déploré l’élu de Québec solidaire, qui avait initialement demandé la mise sur pied de cette commission. Ce n’est pas sérieux. »
Présente aux côtés du commissaire Courteau mercredi, la directrice des services aux joueurs de la LHJMQ, Natacha Llorens, a reconnu que dans le processus de traitement des plaintes, c’est elle-même qui « prend l’appel ». « À ma connaissance, aucune plainte n’a été soulevée à la ligue pour des cas d’initiations inappropriées », a cependant affirmé le commissaire Courteau.
Nous avons fait des vérifications. Aucune des situations énumérées dans l’article n’impliquait une équipe de la LHJMQ. C’est un fait important à noter.
Après le passage de la LHJMQ en commission, la Ligue canadienne de hockey (LCH), qui englobe les trois ligues juniors canadiennes, a confirmé avoir reçu 12 plaintes en cinq ans en lien avec des initiations ayant tourné au vinaigre. Dix d’entre elles étaient recevables.
« Les événements décrits [dans le jugement] se sont passés il y a des décennies, et il y a eu beaucoup d’améliorations depuis les 20 dernières années. On ne dit pas que ces problèmes n’existent plus, mais les procédures qu’on a mises en place sont très différentes de ce qui existait à l’époque », a soutenu mercredi le président de la LCH, Dan MacKenzie.
Tout comme M. Courteau auparavant, M. MacKenzie a maintenu que la ligue n’avait jamais conclu d’entente à l’amiable dans des cas d’initiations dégradantes. L’an dernier, Hockey Canada a été plongé dans un vaste scandale après qu’il eut été révélé que la fédération gérait des fonds de réserve destinés à régler des cas d’agression sexuelle impliquant ses joueurs.