Jacques Chagnon aura son portrait à la peinture à l’huile à l’Assemblée nationale

L’ex-président de l’Assemblée nationale Jacques Chagnon a choisi de renouer avec la peinture à l’huile pour un portrait qui l’immortalisera avec « une touche originale » au panthéon de l’institution, où il rejoindra ses prédécesseurs.
M. Chagnon, dont le mandat s’est terminé il y a plus de quatre ans, a expliqué au Devoir qu’il devra cependant attendre 2024 pour dévoiler l’oeuvre, au terme de ce qu’il qualifie lui-même de « saga ».
« Ce n’est pas simple de trouver des peintres portraitistes aujourd’hui », a-t-il confié.
Pour cette raison, son successeur, François Paradis, le devancera mercredi, lors d’une cérémonie dans le hall de l’Assemblée nationale, où il présentera le portrait qu’une photographe a réalisé de lui.
M. Chagnon avait pourtant amorcé son projet un peu avant de quitter ses fonctions, en 2018. Il a d’abord choisi un peintre autochtone avec qui le projet n’a pas abouti. Une deuxième artiste s’est ensuite désistée. Finalement, la semaine dernière, M. Chagnon a conclu une entente avec la peintre Rosalie Gamache, qui a accepté de faire son portrait.
« C’est encore assez chaud, a-t-il reconnu. Il sera prêt en mai l’an prochain, alors c’est une saga, c’est juste parce que ce sera un peu plus long. »
La décision de M. Chagnon rompt avec la pratique récente, qui a mené quatre présidents à opter pour une photo d’eux plutôt qu’une peinture, depuis 2009.
« Chacun d’entre eux a décidé que c’était ça qu’il préférait, a-t-il expliqué. Je ne peux pas commenter leur choix, mais personnellement, je cherchais quelque chose d’un petit peu plus original. »
M. Chagnon, député libéral de 1985 à 2018, affirme que la toile qui le représentera respectera le budget, qui est limité à 15 000 dollars.
« J’ai pris la décision que ce serait une peinture à l’huile et non pas une photographie. C’est un petit peu plus compliqué que quand tu prends le photographe de l’Assemblée nationale, c’est un autre monde », concède-t-il.
Photos et peintures

Même s’il se défend de vouloir offrir « un gain spéculatif virtuel » à l’Assemblée nationale, M. Chagnon a souligné que le portrait de son prédécesseur Clément Richard, réalisé par le célèbre peintre Jean Paul Lemieux, valait maintenant plus que son coût de 15 000 $, qui avait provoqué une controverse, au début des années 1980.
« Tout le monde s’était roulé dans le scandale, mais aujourd’hui, c’est une toile qui doit valoir un million », a-t-il estimé.
Amateur de peinture, M. Chagnon a échangé avec Rosalie Gamache à propos de ses conceptions artistiques avant de décider qu’elle ferait son portrait.
« Je suis sensible à ça, alors j’ai essayé de trouver quelqu’un qui aurait une sensibilité assez concordante », a-t-il confié.
Je ne peux pas commenter [le choix de mes prédécesseurs], mais personnellement, je cherchais quelque chose d'un petit peu plus original
Quelques séances de pose seront nécessaires. Elles devraient commencer après un voyage que M. Chagnon doit faire au printemps à Amsterdam, où il se rendra d’ailleurs pour voir une importante rétrospective du peintre néerlandais du XVIIe siècle Johannes Vermeer.
Selon M. Chagnon, un portrait comme le sien devra nécessairement être figuratif.
« Évidemment, il faut que tu reconnaisses le sujet, c’est une bonne idée », a-t-il dit.
Le décor dans lequel il apparaîtra reste toutefois à déterminer. L’ex-président a laissé entendre que les jardins en fleurs du parlement sont parmi les options sur la table.
« J’ai dit comment je les trouvais beaux et que je trouvais ça important », a-t-il affirmé.

Plus vite et moins dispendieux
François Paradis, qui a succédé à M. Chagnon de 2018 à 2022, a affirmé qu’il avait opté pour la simplicité du portrait photographique.
« On a le choix, mais je trouvais que c’était agréable, j’avais une bonne artiste, et c’est manifestement moins dispendieux également », a-t-il expliqué au Devoir.
Selon M. Paradis, le coût de sa photo est d’environ la moitié du maximum de 15 000 $ prévu.
« Je voulais que ça soit fait assez rapidement pour laisser toute la place à ceux qui continuent de faire du bon travail », a-t-il ajouté.
Une porte-parole de l’institution, Béatrice Zacharie, a affirmé que chaque président a la responsabilité de choisir le type d’oeuvre à créer, photographie ou peinture, et de sélectionner le photographe ou l’artiste-peintre.
Le budget de 15 000 dollars inclut les coûts de réalisation et d’encadrement.
Avec Dave Noël