Jacques Chagnon aura son portrait à la peinture à l’huile à l’Assemblée nationale

À gauche, la photographie de François Gendron. À droite, la toile de Louise Harel. Tous les deux ont été présidents de l'Assemblée nationale.
Photomontage: Christian Chevalier et Jacques Denis / photomontage Le Devoir À gauche, la photographie de François Gendron. À droite, la toile de Louise Harel. Tous les deux ont été présidents de l'Assemblée nationale.

L’ex-président de l’Assemblée nationale Jacques Chagnon a choisi de renouer avec la peinture à l’huile pour un portrait qui l’immortalisera avec « une touche originale » au panthéon de l’institution, où il rejoindra ses prédécesseurs.

M. Chagnon, dont le mandat s’est terminé il y a plus de quatre ans, a expliqué au Devoir qu’il devra cependant attendre 2024 pour dévoiler l’oeuvre, au terme de ce qu’il qualifie lui-même de « saga ».

« Ce n’est pas simple de trouver des peintres portraitistes aujourd’hui », a-t-il confié.

Pour cette raison, son successeur, François Paradis, le devancera mercredi, lors d’une cérémonie dans le hall de l’Assemblée nationale, où il présentera le portrait qu’une photographe a réalisé de lui.

M. Chagnon avait pourtant amorcé son projet un peu avant de quitter ses fonctions, en 2018. Il a d’abord choisi un peintre autochtone avec qui le projet n’a pas abouti. Une deuxième artiste s’est ensuite désistée. Finalement, la semaine dernière, M. Chagnon a conclu une entente avec la peintre Rosalie Gamache, qui a accepté de faire son portrait.

« C’est encore assez chaud, a-t-il reconnu. Il sera prêt en mai l’an prochain, alors c’est une saga, c’est juste parce que ce sera un peu plus long. »

La décision de M. Chagnon rompt avec la pratique récente, qui a mené quatre présidents à opter pour une photo d’eux plutôt qu’une peinture, depuis 2009.

« Chacun d’entre eux a décidé que c’était ça qu’il préférait, a-t-il expliqué. Je ne peux pas commenter leur choix, mais personnellement, je cherchais quelque chose d’un petit peu plus original. »

M. Chagnon, député libéral de 1985 à 2018, affirme que la toile qui le représentera respectera le budget, qui est limité à 15 000 dollars.

« J’ai pris la décision que ce serait une peinture à l’huile et non pas une photographie. C’est un petit peu plus compliqué que quand tu prends le photographe de l’Assemblée nationale, c’est un autre monde », concède-t-il.

Photos et peintures

Photo: Alexandre Robillard Le Devoir Michel Bissonnet avait renoué avec les portraits photographiques en 2009. Dans les décennies précédents, les président avaient plutôt opté pour la peinture, comme Clément Richard.
Après avoir quitté ses fonctions de président en 2008, Michel Bissonnet avait lui-même rompu avec la pratique des décennies précédentes en choisissant d’être photographié plutôt que peint. Les portraits en photo étaient la norme à l’époque de Maurice Duplessis, rappelait à cette occasion Le Devoir. Ses successeurs Yvon Vallières, François Gendron et M. Paradis l’ont ensuite imité.

Même s’il se défend de vouloir offrir « un gain spéculatif virtuel » à l’Assemblée nationale, M. Chagnon a souligné que le portrait de son prédécesseur Clément Richard, réalisé par le célèbre peintre Jean Paul Lemieux, valait maintenant plus que son coût de 15 000 $, qui avait provoqué une controverse, au début des années 1980.

« Tout le monde s’était roulé dans le scandale, mais aujourd’hui, c’est une toile qui doit valoir un million », a-t-il estimé.

Amateur de peinture, M. Chagnon a échangé avec Rosalie Gamache à propos de ses conceptions artistiques avant de décider qu’elle ferait son portrait.

« Je suis sensible à ça, alors j’ai essayé de trouver quelqu’un qui aurait une sensibilité assez concordante », a-t-il confié.

Je ne peux pas commenter [le choix de mes prédécesseurs], mais personnellement, je cherchais quelque chose d'un petit peu plus original

 

Quelques séances de pose seront nécessaires. Elles devraient commencer après un voyage que M. Chagnon doit faire au printemps à Amsterdam, où il se rendra d’ailleurs pour voir une importante rétrospective du peintre néerlandais du XVIIe siècle Johannes Vermeer.

Selon M. Chagnon, un portrait comme le sien devra nécessairement être figuratif.

« Évidemment, il faut que tu reconnaisses le sujet, c’est une bonne idée », a-t-il dit.

Le décor dans lequel il apparaîtra reste toutefois à déterminer. L’ex-président a laissé entendre que les jardins en fleurs du parlement sont parmi les options sur la table.

« J’ai dit comment je les trouvais beaux et que je trouvais ça important », a-t-il affirmé.

Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le portrait officiel de François Paradis (à gauche) a été dévoilé mercredi à l'Assemblée nationale.

Plus vite et moins dispendieux

François Paradis, qui a succédé à M. Chagnon de 2018 à 2022, a affirmé qu’il avait opté pour la simplicité du portrait photographique.

« On a le choix, mais je trouvais que c’était agréable, j’avais une bonne artiste, et c’est manifestement moins dispendieux également », a-t-il expliqué au Devoir.

Selon M. Paradis, le coût de sa photo est d’environ la moitié du maximum de 15 000 $ prévu.

« Je voulais que ça soit fait assez rapidement pour laisser toute la place à ceux qui continuent de faire du bon travail », a-t-il ajouté.

Une porte-parole de l’institution, Béatrice Zacharie, a affirmé que chaque président a la responsabilité de choisir le type d’oeuvre à créer, photographie ou peinture, et de sélectionner le photographe ou l’artiste-peintre.

Le budget de 15 000 dollars inclut les coûts de réalisation et d’encadrement.

Avec Dave Noël

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