Fitzgibbon s’active pour trouver un nouveau patron d’Hydro-Québec

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, a largement sollicité les avis de son entourage pour trouver une candidature à la succession de la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu.
M. Fitzgibbon a précisé mercredi qu’il n’avait « pas nécessairement » fait de suggestions au conseil d’administration de la société d’État, qui est légalement responsable de faire une recommandation à ce sujet au gouvernement.
Le ministre a toutefois pris une part active de son côté, tout comme le premier ministre François Legault, dans la recherche de candidats.
« On a parlé à différentes personnes, moi, le premier ministre, a-t-il confirmé. Le Conseil des ministres, c’est beaucoup de ministres, tout le monde a des idées là-dedans. »
M. Fitzgibbon a affirmé que le gouvernement souhaite nommer une personne « qui connaît le développement énergétique ». « Il y a beaucoup de gens intéressés, qui connaissent ça et qui trouvent le défi intéressant », a-t-il dit.
La Loi sur Hydro-Québec établit que le gouvernement nomme, « sur la recommandation du conseil d’administration », le président-directeur général de la société d’État.
M. Fitzgibbon a soutenu mercredi que les administrateurs d’Hydro-Québec n’avaient pas à soumettre au gouvernement une liste comprenant plus d’un finaliste.
« Non, ce n’est pas dans la loi, ce n’est pas une pratique », a-t-il dit.
Sophie Brochu a annoncé le mois dernier qu’elle quitterait ses fonctions le 11 avril. Dans le communiqué faisant part de son départ, la société d’État affirmait être déjà en position d’exercer son pouvoir de recommandation.
« En matière de planification de la relève, le conseil d’administration d’Hydro-Québec a joué son rôle et est ainsi en mesure de recommander des candidats et candidates au gouvernement du Québec », indiquait le communiqué.
Sensibilité québécoise
Mercredi, M. Fitzgibbon a affirmé que le rôle du conseil d’administration est de s’assurer d’avoir « les ressources qui vont être capables d’exécuter la vision stratégique du gouvernement ».
« Le gouvernement, c’est l’actionnaire, a rappelé le ministre. Donc, le gouvernement va décider ultimement. »
Dans son échange avec les journalistes, M. Fitzgibbon a insisté sur l’importance que le prochain dirigeant d’Hydro-Québec ait « une sensibilité québécoise », sans indiquer s’il privilégiera une candidature du Québec. Il a par la suite corrigé le tir sur les médias sociaux avec une publication qui précise sa pensée sur le processus et les priorités du gouvernement.
« Il n’y a pas de doute, le prochain président-directeur d’Hydro-Québec sera un Québécois, a-t-il écrit sur Twitter. Le conseil d’administration a le rôle de recommander des candidatures au Conseil des ministres, qui va choisir la personne la plus apte à développer la société d’État. »
Il n’y a pas doute, le prochain PDG d’@hydroquebec sera un québécois. Le conseil d’administration a le rôle de recommander des candidatures au conseil des ministres, qui va choisir la personne la plus apte à développer la société d’État. https://t.co/GSi565eu37
— Pierre Fitzgibbon (@MinFitzgibbon) February 15, 2023
Du côté d’Hydro-Québec, le service des communications s’est refusé à tout commentaire sur le processus en cours.
« Puisque le processus relève du gouvernement du Québec, je vous dirige vers lui », a répondu le porte-parole Maxence Huard-Lefebvre.
L’automne dernier, Mme Brochu avait mis le gouvernement en garde contre la tentation de transformer la société d’État en « magasin à un dollar » de l’électricité en offrant des tarifs avantageux aux entreprises.
En s’expliquant sur les raisons de son départ, en janvier, Mme Brochu a insisté sur ce point : il faut que le gouvernement du Québec utilise ses programmes de subventions, et non Hydro-Québec, pour aider les entreprises et faire du développement économique.
Durant la dernière campagne électorale, M. Legault a affirmé qu’il voulait relancer la construction de barrages hydroélectriques pour répondre à une demande accrue.
Manque de respect
Le député libéral Gregory Kelley, porte-parole en matière d’énergie, affirme que les propos de M. Fitzgibbon remettent en question l’intégrité du processus de sélection.
« Je comprends de plus en plus pourquoi Sophie Brochu quitte [son poste], a-t-il dit en entrevue. C’est clair que M. Fitzgibbon et le premier ministre Legault veulent imposer leur vision à Hydro-Québec. C’est un manque de respect pour le conseil d’administration d’Hydro-Québec. »
Selon M. Kelley, les déclarations de M. Fitzgibbon montrent que le gouvernement n’a aucune intention de tenir compte des recommandations des administrateurs.
« Je trouve ça un petit peu bizarre qu’ils soient déjà en train de mettre quelqu’un en place sans consulter personne », a-t-il dit, tout en reconnaissant que la loi n’oblige pas le gouvernement à se limiter aux suggestions du conseil d’administration.