La LHJMQ devra s’expliquer au sujet des abus dans le hockey junior

Isabelle Charest a subtilement invité ses collègues de la Commission de la culture et de l’éducation à convoquer le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, pour qu’il s’explique.
Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Isabelle Charest a subtilement invité ses collègues de la Commission de la culture et de l’éducation à convoquer le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, pour qu’il s’explique.

La ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, émet des doutes sur le leadership de Gilles Courteau à la tête de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), en plein scandale sur les sévices dans les vestiaires de hockey. Elle pourra l’entendre s’expliquer en commission parlementaire.

Mercredi matin, Mme Charest a subtilement invité ses collègues de la Commission de la culture et de l’éducation à convoquer le commissaire de la LHJMQ à l’Assemblée nationale pour qu’il s’explique sur la perpétuation alléguée des initiations violentes à l’intérieur des vestiaires du circuit. « Je serais très prête à [l’entendre]. Je ne mettrai pas de pression sur la commission, mais je serais très favorable à ce que ça se fasse », a-t-elle lancé en mêlée de presse.

Dans les minutes suivantes, le premier ministre François Legault est allé plus loin. « On va avoir une commission parlementaire », a-t-il confirmé aux médias.

La veille, Québec solidaire avait envoyé une demande de mandat d’initiative pour entendre tant la LHJMQ que Hockey Québec en commission parlementaire. L’appui du Parti libéral et du Parti québécois était acquis, mais la Coalition avenir Québec n’avait pas officiellement donné son aval. Ce sont les membres de la commission qui décident d’approuver ou non un mandat d’initiative.

« J’espère que cela se fera rapidement, a indiqué le député solidaire à l’origine de la requête de mandat d’initiative, Vincent Marissal. Il faut faire la lumière sur ces histoires et mettre fin à la culture toxique qui met en danger nos jeunes joueurs. Ça presse. » Interrogée elle aussi à ce sujet, Mme Charest s’est dite « absolument » heureuse que le lancement d’une commission soit confirmé.

Viols et intimidation

Dans un jugement récent de la Cour supérieure de l’Ontario, une vingtaine d’ex-joueurs des trois ligues junior majeur du Canada font état de viols et d’actes de séquestration et d’intimidation perpétrés sur des dizaines d’années dans le cadre de cérémonies d’initiation. Après avoir gardé le silence sur les actes allégués, le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, a accordé ses premières entrevues mercredi.

Au 98.5, il a affirmé que « jamais personne ne [lui avait] parlé d’une situation » semblable aux scénarios évoqués dans les déclarations sous serment compilées dans le jugement. Du même souffle, il a convenu qu’il avait entendu des histoires de séquestration dans les toilettes d’un autobus et de biscuits insérés dans l’anus.

« Je n’ai pas été rassurée par ses explications », a affirmé mercredi Isabelle Charest, lorsqu’interrogée sur le rôle de la LHJMQ dans cette histoire. Est-ce que M. Courteau fait partie du problème ? « C’est une excellente question », a répondu l’élue caquiste.

Selon elle, nommer une femme à la tête du circuit serait « fantastique » pour mettre fin à la culture « toxique » dans le hockey. « Au fil des discussions qu’on a eues lors des dernières années, il y a souvent des questions [auxquelles on n’a] pas répondu. Ce matin, il dit qu’il est au courant de certaines choses qui, à mon sens, sont des situations dégradantes », a-t-elle enchaîné.

Mme Charest a convenu que c’est la ligue qui décidera si M. Courteau mérite toujours d’occuper le siège de commissaire. Elle espère cependant voir plus de femmes occuper des postes de pouvoir dans le hockey au Québec. « Ça amènerait un renouveau, une façon de penser différente », a-t-elle dit.

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