Québec solidaire met le scrutin 2022 derrière lui

«C’est un témoignage que j’ai souvent entendu : des gens qui nous disaient nous avoir bien aimés dans l’opposition […], mais hésiter encore à nous donner une chance », a lancé Gabriel Nadeau-Dubois dimanche.
Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne «C’est un témoignage que j’ai souvent entendu : des gens qui nous disaient nous avoir bien aimés dans l’opposition […], mais hésiter encore à nous donner une chance », a lancé Gabriel Nadeau-Dubois dimanche.

Malgré des critiques de militants quant à sa position sur Amira Elghawaby et le serment au roi dimanche, Québec solidaire (QS) qualifie de « succès » son conseil national du week-end. Conclu sans « déchirements », il servira de base pour colmater la brèche entre le parti et les régions, selon le co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois.

« Je lisais certains chroniqueurs, certains analystes qui, à la fin de la semaine dernière, nous disaient : “attention, ce sera le théâtre de grands déchirements.” Je lisais ces commentaires-là avec un sourire en coin et, ce que je constate, c’est que ça ne s’est pas produit », a lancé M. Nadeau-Dubois à la clôture du rassemblement militant annuel, dimanche, à Montréal.

Les statuts de Québec solidaire stipulent qu’après chaque élection générale, l’exécutif doit dresser un bilan de la campagne. Présenté samedi aux délégués et aux journalistes, il a ensuite fait l’objet de débats à huis clos.

Un constat phare en est ressorti : le parti tarde à s’imposer à l’extérieur de Montréal. Il perd même des plumes dans une foule de circonscriptions en région. Dans son bilan, QS constate que, sur les 47 circonscriptions où il a perdu au moins un point de pourcentage entre 2018 et 2022, 34 étaient dites « rurales ». Il a aussi laissé la circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue lui glisser entre les doigts, une défaite « humiliante » aux yeux d’Émilise Lessard-Therrien, qui occupait précédemment ce siège.

Tournée du Québec

Pour éviter les erreurs qui l’ont empêché de progresser au scrutin d’octobre dernier, le parti a donc décidé de se lancer sur les routes du Québec. Les délégués réunis en fin de semaine ont appuyé une proposition visant à mettre sur pied une « tournée de mobilisation et de consultation » à l’extérieur des villes. Le but : aller voir les électeurs en région pour comprendre ce qui les rebute chez Québec solidaire.

« C’est un témoignage que j’ai souvent entendu : des gens qui nous disaient nous avoir bien aimés dans l’opposition […], mais hésiter encore à nous donner une chance », a lancé M. Nadeau-Dubois lors d’une mêlée de presse dimanche. « L’objectif de cette tournée-là, un des objectifs, c’est d’aller rencontrer ces gens-là et de leur dire : “qu’est-ce qu’on pourrait mieux faire ?” »

En point de presse samedi, le co-porte-parole solidaire avait assuré que le parti n’entamait pas cette tournée « pour aller faire des “steppettes” » en région. L’élu de Gouin convient que certaines mesures proposées pendant la campagne ont pu rater leur cible en dehors des grands centres urbains. Il s’engage notamment à « améliorer » la taxe sur l’achat de véhicules à essence, que François Legault avait affublée du titre de « taxes orange ».

« La fameuse exception pour les agriculteurs [dans la proposition d’impôt sur les grandes fortunes], d’un point de vue communication, ça n’a pas été optimal. La complexité de ces propositions-là [taxes et impôts] prêtait flanc à toutes sortes d’attaques », a convenu « GND » dimanche.

« Il y a peut-être aussi des absences dans notre programme. Je pense qu’en région, il y a beaucoup de gens qui veulent entendre parler de décentralisation de l’État québécois, de ses services, notamment en matière de santé. […] Est-ce qu’on en a assez parlé ? Pas sûr », a-t-il ajouté.

Des critiques

Fidèles à leurs habitudes, les délégués de Québec solidaire n’ont pas quitté le conseil national sans avoir débattu. Samedi, ils ont décidé après plusieurs échanges de permettre à l’exécutif d’« imposer des candidatures féminines ».

Interpellée dimanche par un militant selon qui QS a « tenté de plaire à tout le monde » et a « fini par ne plaire à personne » en demandant le départ de la conseillère fédérale à la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby, la co-porte-parole Manon Massé a justifié les actions de son parti : « Les propos qu’elle [Mme Elghawaby] a tenus, on n’était pas d’accord avec ça », a-t-elle dit.

Un autre délégué, Raphaël Simard, est allé au micro dimanche pour dénoncer que le parti se soit réduit « à être dans l’ombre du Parti québécois » en acceptant de prêter serment d’allégeance au roi Charles III même s’il voulait l’abolir. Le serment a été rendu facultatif cet automne, ce qui a permis aux députés péquistes de siéger sans le prononcer.

Les militants de QS se réuniront de nouveau en conseil national en mai pour réviser les statuts du parti. Un congrès, où aura notamment lieu un vote sur les co-porte-parole, est également prévu cet automne.

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