Legault invite les électeurs à se souvenir de la réponse insuffisante de Trudeau

Le premier ministre François Legault espère que les Québécois se souviendront de la réponse insuffisante du gouvernement de Justin Trudeau, concernant le financement de la santé, au moment où ils voteront aux prochaines élections fédérales.
M. Legault a déclaré mercredi que son rapport de force réside actuellement dans la prochaine élection fédérale et dans la priorité que les électeurs donneront au financement de la santé.
« C’est pas acceptable, donc les Québécois doivent en tenir compte », a-t-il dit dans un point de presse, tout en reconnaissant que la date du prochain scrutin est encore inconnue.
D’ici là, M. Legault espère tout de même obtenir plus que ce qu’Ottawa a proposé mardi au front commun des provinces dont il faisait partie.
« J’ai demandé qu’on continue le front commun pour demander plus, a-t-il dit. On va protéger ce front commun. M. Trudeau nous a dit que c’était une offre finale, mais on sait que le budget est en train d’être écrit au cours des prochains jours. »
Une réunion des premiers ministres des provinces est prévue vendredi. Sans préciser s’il acceptera l’offre d’Ottawa officiellement, M. Legault s’est montré disposé à composer avec les sommes qui sont sur la table.
« Si je regarde le Québec, on demandait 6 milliards par année, on a eu à peu près 1 milliard par année, a-t-il dit. J’aime mieux avoir 1 milliard, puis je veux qu’on le mette dans le budget. »
Le premier ministre québécois a estimé que cette réponse insuffisante d’Ottawa aura un impact sur les finances publiques du Québec.
« Ça va affecter notre déficit pour le Québec, mais c’est un problème qui est commun à toutes les provinces », a-t-il dit en soulignant que les Canadiens et les Québécois envoient 40 % de leurs impôts à Ottawa.
Le ministre des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, a affirmé que, malgré la rencontre de mardi, le gouvernement du Québec s’attend à plus.
« On veut aller chercher plus, je prends le premier ministre Trudeau au mot, a-t-il déclaré. Il a dit que c’était [mardi] une rencontre de travail, parfait, c’est une rencontre de travail. Il peut retourner à la table de travail et revenir avec une proposition plus intéressante. »
M. Trudeau avait convié à Ottawa ses homologues des provinces pour leur dévoiler mardi sa réponse à leur demande d’augmentation du Transfert canadien en santé (TCS).
Les premiers ministres veulent que le fédéral augmente à 35 % sa part du financement des coûts des soins de santé, ce qui nécessiterait l’injection de 26 milliards de dollars dès cette année. Au lieu de cela, Ottawa a plutôt fait une offre sur 10 ans de 196,1 milliards, dont 46,2 milliards en nouveaux fonds supplémentaires.
Aplaventrisme et résignation
Aplaventrisme, résignation et manque de nationalisme : les partis de l’opposition n’ont pas ménagé les épithètes, mercredi, à l’Assemblée nationale, pour qualifier les résultats obtenus d’Ottawa par François Legault pour le financement des soins de santé avec ses homologues provinciaux.
Le chef libéral, Marc Tanguay, a aussi estimé que l’offre fédérale équivaut à six fois moins que les 6 milliards de dollars par année attendus par M. Legault.
« François Legault doit se ressaisir, il doit se battre pour aller chercher notre butin, il doit penser aux patients qui sont sur des listes d’attente, c’est inacceptable, a-t-il dit en point de presse. J’aimerais sentir un premier ministre beaucoup plus combatif que ça. J’y vois une résignation. »
Son collègue porte-parole libéral en santé, André Fortin, a déploré que M. Legault semble avoir baissé les bras. Selon lui, la porte demeure ouverte pour obtenir plus du côté fédéral.
« Qu’il aille chercher plus d’argent, a-t-il dit. On aurait dit que sur la route vers Ottawa, M. Legault avait laissé son nationalisme quelque part entre Rigaud et Hawkesbury. Il doit se ressaisir, il est temps d’aller en chercher beaucoup plus, parce que nous ne serons pas capables au Québec, avec ces sommes-là, d’assurer des soins de santé de qualité. »
Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a affirmé que M. Legault s’est effondré devant Ottawa après avoir échoué à obtenir ce qu’il voulait.
« Je ne comprends pas cet aplaventrisme-là », a-t-il dit en faisant valoir que la souveraineté éviterait ce type de situation au Québec.
Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a quant à lui fait savoir que la résignation affichée depuis mardi par M. Legault face à l’offre décevante d’Ottawa démontre que le mandat majoritaire fort qu’il voulait ne sert à rien.
« Il y a peut-être une fatigue, à un moment donné, à toujours être choqué mais à n’avoir aucun rapport de force », a-t-il dit en s’appuyant lui aussi sur la souveraineté comme solution.