Québec solidaire réclame à son tour la démission d’Elghawaby

Québec solidaire (QS) réclame à son tour la démission d’Amira Elghawaby, après avoir été incapable de rencontrer l’émissaire fédérale à la lutte contre l’islamophobie concernant ses propos controversés au sujet des Québécois.
Mme Elghawaby a informé lundi la formation politique qu’elle ne pourrait pas rencontrer ses représentants avant le 20 février, date de son entrée en fonction, un délai jugé inacceptable par Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole du deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.
« L’objet de la rencontre était de déterminer si, selon nous, elle était la bonne personne pour occuper cette fonction, a-t-il expliqué en point de presse. Il fallait que la rencontre ait lieu en amont de l’entrée en fonction. Si on dit “je ne vous rencontrerai pas avant que tout soit déjà officiel, attaché”, ça défait l’objectif de la rencontre. »
QS était jusqu’ici le seul parti représenté à l’Assemblée nationale à ne pas avoir encore demandé la démission de Mme Elghawaby en raison de ses propos accusant la majorité des Québécois d’être islamophobes, écrits en 2019.
La semaine dernière, quelques jours après l’annonce controversée de sa nomination comme représentante spéciale à la lutte contre l’islamophobie, Mme Elghawaby avait présenté ses excuses aux Québécois.
À cette occasion, QS, qui jugeait ces propos inacceptables, avait rappelé son intention de rencontrer l’ancienne chroniqueuse avant de tirer ses conclusions.
Mais mardi, M. Nadeau-Dubois a affirmé que les députés de sa formation politique en avaient décidé autrement en raison des disponibilités insuffisantes de Mme Elghawaby pour les rencontrer.
« Condamner quelqu’un avant de l’entendre, ce n’est pas notre style, alors on a pris le temps de tendre la main pour le dialogue, a expliqué le co-porte-parole. Maintenant qu’on constate que le dialogue n’est pas possible, le caucus, unanimement, s’est rendu à la conclusion qu’il fallait ramener le débat au Québec. »
« Voir la lumière »
M. Nadeau-Dubois a écarté tout lien entre cette décision et le déclenchement, lundi, de la campagne en vue d’une élection complémentaire dans la circonscription montréalaise de Saint-Henri–Sainte-Anne, un siège que QS tente de ravir aux libéraux.
« On a appris hier qu’il n’y avait pas d’intérêt mutuel pour cette rencontre, pas dans des délais raisonnables, a-t-il dit. Dans ce contexte, on ne peut pas dialoguer seuls. »
QS a réclamé au gouvernement un plan de lutte contre l’islamophobie adapté au Québec, sans préciser si un poste équivalent à celui de Mme Elghawaby serait nécessaire ici.
« Il ne faut pas que ce débat sur les propos de Mme Elghawaby et que la controverse fassent dévier le débat de ce qui est fondamental, a déclaré M. Nadeau-Dubois. Ce qui est fondamental, c’est comment on crée un Québec où il y a de la place pour tout le monde. »
Le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, a estimé que QS avait tardé à « voir la lumière ». Selon lui, la formation politique a constaté que sa position était inconfortable.
« C’est juste de mal lire les Québécois, je pense que c’est ça qui est surprenant, a-t-il dit. Aujourd’hui, quand ils réalisent ça, on voit une tentative de récupération basée sur une rencontre qui n’aura pas lieu. »
M. Skeete n’a pas voulu dire s’il y a de l’islamophobie au Québec. Il s’est limité à reconnaître l’existence du racisme.
« Il y a des gens qui se font discriminer parce qu’ils sont noirs. Il y a des gens qui se font discriminer parce qu’ils sont juifs. Il y a des gens qui se font discriminer parce qu’ils sont musulmans. »
Le ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, a constaté le changement de position de QS.
« Avec ses déclarations précédentes, je pense que c’était clair que Mme Elghawaby n’avait pas les compétences pour ce poste, a-t-il dit. Québec solidaire s’en est rendu compte parce qu’ils se sont fait virer de bord. »
Après s’être dit blessé par ses propos, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a affirmé qu’il avait rencontré Mme Elghawaby et qu’il fallait lui donner une seconde chance.
« Nous avons eu la chance d’avoir une conversation ouverte où je lui ai expliqué le rôle de la religion dans l’histoire du Québec et des Québécois, le rôle de la Révolution tranquille et comment les choses ont changé, a-t-il déclaré. C’était une conversation qui s’est déroulée avec ouverture et transparence. »