La parité au centre du conseil national de QS

Des militants de Québec solidaire (QS) veulent voir leur parti réaffirmer ses valeurs féministes. Réunis en conseil national cette fin de semaine à Montréal, ils discuteront de propositions pour « s’assurer que le caucus solidaire soit paritaire le plus rapidement possible ».
Ce sera le premier conseil national depuis les élections générales du 3 octobre 2022. Ce rassemblement annuel est habituellement l’occasion pour le parti de faire une introspection. C’est d’autant plus le cas cette fois-ci, alors que le bureau national a prévu un « bilan politique de l’élection » samedi.
Mais les délégués qui se réuniront à Montréal vendredi, samedi et dimanche ont aussi en ligne de mire la non-parité du caucus solidaire actuel. Des onze députés de la formation, quatre sont des femmes et sept, des hommes. Bien loin d’afficher la parité parfaite du dernier mandat — cinq femmes, cinq hommes —, le groupe pourrait davantage s’éloigner de la zone paritaire si l’avocat Guillaume Cliche-Rivard remporte le scrutin complémentaire dans Saint-Henri–Sainte-Anne le mois prochain.
Le Devoir a mis la main sur les propositions dont débattront les associations locales et nationales de QS en fin de semaine. L’une d’elles suggère notamment « que le comité de coordination national et le comité électoral soient mandatés de prendre les moyens à leur disposition […] afin de s’assurer que le caucus solidaire soit paritaire le plus rapidement possible, notamment en encourageant […] des candidatures féminines lors de futures investitures ».
Sept associations locales en demandent plus. Elles proposeront cette fin de semaine « que des moyens soient développés et adoptés dans une instance nationale future pour imposer des candidatures féminines dans des circonscriptions spécifiques ».
« Discussions franches »
Le mois dernier, l’auteur et membre solidaire Simon-Pierre Beaudet a signé une lettre particulièrement critique des choix du parti quant à la parité. Il reprochait notamment aux co-porte-parole d’avoir soutenu la candidature d’Étienne Grandmont comme remplaçant à la députée sortante de Taschereau, Catherine Dorion. Ce dernier a été élu le 3 octobre.
Le texte, publié dans les pages du Devoir, avait résonné chez Mme Dorion, qui l’avait relayé sur Twitter en ajoutant que « ceci [l’attristait] beaucoup ».
Joint au téléphone, Simon-Pierre Beaudet s’est dit satisfait de voir des délégués solidaires locaux porter le ballon de la parité au conseil national. « C’est au parti lui-même d’inscrire des mécanismes qui permettent, voire contraignent, la parité dans sa députation », a-t-il affirmé en entrevue.
Le militant de gauche espère que le conseil national du week-end prochain mènera à des « discussions franches sur la représentativité » au sein de l’équipe solidaire à Québec. « Si jamais QS gagnait l’élection dans Saint-Henri–Sainte-Anne, il y aurait une représentation de deux hommes pour une femme au sein du caucus, ce qui est extrêmement débalancé, surtout pour un parti comme Québec solidaire, qui a inscrit la parité dans ses statuts », a-t-il ajouté.
Chez QS, « ce sont les membres qui décident », avait répondu la co-porte-parole du deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, Manon Massé, le mois dernier, lorsqu’interrogée sur la non-parité de son caucus. « Effectivement, ça soulève un certain nombre de questions », avait-elle reconnu.
Interrogée en soirée lundi, Mme Massé a assuré que l’objectif a toujours été d’avoir un caucus paritaire, mais que « concilier démocratie et parité, c’est un défi ». « Le résultat, cette fois, n’était pas satisfaisant. […] Il faut qu’on réussisse à avoir des moyens. On s’entend tous sur l’objectif, mais par quel moyen [agir] ? » a-t-elle dit à l’autre bout du fil.
Régions et indépendance
En plus de faire le bilan des élections, les membres de QS réunis en conseil national discuteront cette fin de semaine de la place de l’indépendance dans le discours électoral solidaire et des difficultés du parti à s’adresser à la clientèle des régions rurales et des banlieues.
Déjà, le mois dernier, le co-porte-parole solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, avait admis en conférence de presse que la formation peinait à sortir des centres urbains. Les délégués échangeront donc sur la possibilité que QS « lance une tournée de mobilisation et de consultation dans les régions du Québec […] pour mieux enraciner le projet solidaire dans les réalités de l’ensemble des régions ». Une proposition qui satisfait l’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue Émilise Lessard-Therrien : « On avait une certaine difficulté à faire atterrir le projet solidaire dans les régions du Québec », a-t-elle dit en entrevue.
Même s’il a remporté des circonscriptions urbaines supplémentaires dans Maurice-Richard et Verdun, QS a perdu son unique siège à l’extérieur de Montréal, Québec et Sherbrooke lorsque Rouyn lui a glissé entre les mains le 3 octobre.