L’hydrogène vert approvisionnera le tiers du transport lourd, croit Pierre Fitzgibbon

Le tiers du secteur des transports lourds devra être approvisionné par de l’hydrogène vert pour que la transition énergétique soit complète, a déclaré le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, quelques jours après avoir tiré un trait sur la majorité des projets qui visent à développer ce nouveau carburant au Québec.
En compagnie du premier ministre François Legault, M. Fitzgibbon a participé jeudi à l’annonce d’un financement gouvernemental de 3 millions de dollars pour un projet pilote de train à l’hydrogène conçu en Allemagne et fonctionnant avec des piles conçues en Ontario.
En conférence de presse, le ministre a affirmé qu’il ne savait « pas réellement » quelle sera la proportion d’hydrogène vert nécessaire pour que le Québec atteigne l’objectif de neutraliser les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050, comme convenu dans le cadre d’accords internationaux sur les changements climatiques. « Il est clair pour nous que l’hydrogène va jouer un rôle dans les transports, a-t-il dit. Probablement un tiers va devoir passer par l’hydrogène parce que les batteries ne sont pas disponibles. Deuxièmement, on a aussi conclu que, pour les procédés industriels, si on veut faire de l’acier vert, ça prendra de l’hydrogène. »
M. Fitzgibbon a répété qu’Hydro-Québec ne pouvait pas fournir l’électricité nécessaire pour répondre à la demande de toutes les entreprises qui veulent produire de l’hydrogène vert. Il vise toutefois quelques projets stratégiques auxquels le gouvernement pourrait attribuer les précieux mégawatts. « On ne fera pas 9000 MW de projets d’hydrogène vert, ce n’est pas réaliste, on n’a pas l’électricité, a-t-il dit. Par contre, on va appuyer certains projets stratégiques, comme celui d’Alstom. À court terme, on va prioriser les projets visant une consommation locale d’hydrogène et de bioénergie afin de maximiser les réductions d’émissions ici, au Québec. »
Le projet pilote financé par Québec permettra à la société Alstom de tester son train à l’hydrogène en vue de l’adapter aux exigences nord-américaines. Il circulera pendant un an sur le circuit touristique qui dessert la région de Charlevoix depuis Québec. L’objectif est de donner l’impulsion qui permettra de remplacer les trains au diesel par des véhicules plus écologiques.
Même si le train d’Alstom a été conçu à l’extérieur du Québec, M. Fitzgibbon a assuré que le secteur québécois de l’hydrogène n’était pas en retard sur ses concurrents. Le ministre a donné l’exemple d’Air Liquide et de l’entreprise Harnois, qui produisent de l’hydrogène vert. « On est en avance sur beaucoup de monde », a dit le ministre.
M. Legault a expliqué que la production d’hydrogène vert nécessitait d’importantes quantités d’énergie renouvelable. « Pour l’instant, avec les technologies, ça prend beaucoup d’électricité, ce n’est pas rentable de le faire, mais on ne peut pas se permettre de ne pas investir dans l’hydrogène vert, » a-t-il dit.
Churchill Falls et l’avenir d’Hydro-Québec
Le premier ministre a d’ailleurs affirmé qu’il rencontrait jeudi soir la p.-d.g. d’Hydro-Québec afin de préparer les négociations avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador sur les approvisionnements provenant de la centrale de Churchill Falls, dont le contrat arrive à échéance en 2041.
Selon M. Legault, l’issue de cette négociation sera déterminante pour la détermination de tous les critères à partir desquels un comité qu’il préside décidera quelles entreprises pourront bénéficier de rabais sur leur électricité, dont celles qui souhaitent produire de l’hydrogène.
« On n’a pas dit exactement quels vont être les nouveaux tarifs et quelles seront les conditions. Les critères qui seront utilisés, c’est décarboner le Québec et amener des emplois bien payés — donc, des retombées — au Québec. C’est sur cette base-là qu’on va choisir les entreprises. »
M. Fitzgibbon a également évoqué des éléments qui aideront les entreprises à bénéficier de tarifs d’électricité plus avantageux : la diminution des GES, l’acceptabilité sociale et les retombées économiques. « Il va y avoir trois critères qui vont être utilisés pour la sélection des projets que nous voulons promouvoir », a-t-il dit.