Trudeau «cautionne le mépris» envers les Québécois, dit Legault

« Je n’en reviens pas que M. Trudeau nous dise qu’il l’appuie à 100 %, après tout ce qu’elle a dit, après tout le mépris qu’elle a montré envers les Québécois », a déclaré François Legault en mêlée de presse mardi, au sujet de Mme Elghawaby.
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne « Je n’en reviens pas que M. Trudeau nous dise qu’il l’appuie à 100 %, après tout ce qu’elle a dit, après tout le mépris qu’elle a montré envers les Québécois », a déclaré François Legault en mêlée de presse mardi, au sujet de Mme Elghawaby.

Le premier ministre québécois, François Legault, a affirmé que son homologue canadien, Justin Trudeau, cautionnait le mépris envers les Québécois en maintenant en poste la nouvelle représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby.

« Je n’en reviens pas que M. Trudeau nous dise qu’il l’appuie à 100 %, après tout ce qu’elle a dit, après tout le mépris qu’elle a montré envers les Québécois », a déploré M. Legault, en mêlée de presse, mardi, à l’Assemblée nationale. Une motion a d’ailleurs été adoptée en après-midi au Salon bleu afin de demander au gouvernement fédéral de mettre fin au mandat de Mme Elghawaby. Les députés de Québec solidaire se sont abstenus.

Cette dernière avait écrit en 2019 que « la majorité des Québécois semble portée non pas par la primauté du droit, mais par un sentiment antimusulman ». Le texte d’opinion publié dans le quotidien Ottawa Citizen était cosigné avec Bernie Farber, président du réseau canadien anti-haine, et dénonçait l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État par le gouvernement Legault.

Vendredi dernier, elle a nuancé ses propos sur Twitter. « Je ne crois pas que les Québécois sont islamophobes ; mes commentaires passés faisaient référence à un sondage au sujet de la loi 21 », a-t-elle gazouillé.

Mardi, Justin Trudeau a soutenu qu’Amira Elghawaby était la bonne personne pour ce poste. « Elle a démontré tout au long de ses années de travail une sensibilité, une ouverture et une rigueur dont on a besoin maintenant », a-t-il dit, à Ottawa.

Pourtant, son lieutenant politique pour le Québec, Pablo Rodriguez, a dit avoir pour sa part été profondément blessé par les propos de la nouvelle représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. « Son travail, c’est de trouver un dialogue. Je suis prêt à discuter. » Il avait demandé à la rencontrer vendredi dernier et le fera jeudi, a pu confirmer Le Devoir.

La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, a elle aussi déploré que les « propos tenus par le passé manquaient de nuance ».

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, rencontrera Mme Elghawaby mercredi.

Trudeau a choisi de « creuser des fossés », dit Roberge

Le ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, avait exigé lundi la démission de la nouvelle représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. « Et si elle ne le fait pas, le gouvernement doit la démettre sans délai », avait-il affirmé, dans une déclaration écrite.

« Je pense que le gouvernement Trudeau a passé à côté d’une belle occasion de bâtir des ponts. Il a plutôt choisi de creuser des fossés, c’est dommage », a-t-il dit mardi en mêlée de presse, à l’occasion de la reprise des travaux parlementaires. M. Roberge a ajouté que Québec ne « gagnera pas toutes » les batailles contre le gouvernement fédéral.

Le Parti québécois (PQ) a joint sa voix à Québec mardi afin de réclamer la démission d’Amira Elghawaby. « Elle dit que le Québec est islamophobe », a affirmé le député péquiste Pascal Bérubé, lors d’un point de presse tenu à l’Assemblée nationale. « C’est une évidence que c’est une hérésie. »

Selon lui, cette nomination est un argument en faveur de l’indépendance du Québec. « Quittons, nous, ce pays. C’est une démonstration supplémentaire que ce pays n’est pas le nôtre et qu’ils font des choix qui sont les leurs, selon leurs valeurs. »

De son côté, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, a réclamé des excuses « claires et franches » de la part d’Amira Elghawaby. « C’est pour nous une condition sine qua non, a-t-il dit en point de presse mardi matin. Si elle ne le fait pas, elle ne peut pas rester en poste très clairement. »

Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a pour sa part dit que son parti souhaite rencontrer Mme Elghawaby afin de lui poser des questions. « Demander des démissions à tout vent, ce n’est pas mon style », a-t-il fait valoir.

Avec Marie Vastel, Alexandre Robillard et La Presse canadienne

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