Fitzgibbon veut laisser l’éolien au privé

Le développement de la production d’énergie par éolienne doit demeurer entre les mains du secteur privé, affirme le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, qui mise d’abord sur cette forme de production pour déterminer si la construction de nouveaux barrages hydroélectriques est nécessaire.
M. Fitzgibbon a plaidé, jeudi, pour le statu quo, alors qu’Hydro-Québec a besoin d’augmenter de façon importante sa production d’électricité.
« Les éoliennes, on peut donner ça en sous-contrat à des gens comme on le fait déjà », a déclaré dans une mêlée de presse le ministre avant le début d’une réunion des députés de la Coalition avenir Québec.
La société d’État pourrait tout au plus jouer un rôle dans le choix de l’endroit où établir ces nouveaux parcs. « C’est Hydro-Québec qui doit déterminer où on doit mettre les éoliennes, a dit M. Fitzgibbon. Pour arriver à ça, il faut impliquer les municipalités et faire en sorte que ce soit socialement acceptable. »
Le ministre a affirmé que les mesures de sobriété énergétique et le déploiement d’éoliennes sont les premières étapes qui serviront à déterminer s’il faut construire de nouveaux barrages. « Le barrage, c’est la résultante. On peut faire des choses avant. Est-ce qu’on peut faire assez de choses avant pour ne pas faire de barrages ? Idéalement, oui, mais peut-être pas. »
Plus précisément, M. Fitzgibbon croit que le Québec a du rattrapage à faire dans le développement de sa filière éolienne. « Pour avoir passé beaucoup de temps en Europe avec des sociétés qui font de l’éolien, je pense qu’on sous-performe, on n’en fait pas assez », explique-t-il.
Hydro-Québec n’exploite aucun parc éolien, mais la société d’État souhaite s’impliquer financièrement dans certains projets, comme le projet éolien des Neiges, sur la Côte-de-Beaupré. Ce dernier est piloté par une coentreprise formée en collaboration avec Boralex et Énergir.
La société d’État souhaite développer ce genre de partenariat financier sans toutefois en devenir un exploitant. « Pour construire et exploiter des parcs éoliens, les promoteurs éoliens ont davantage d’expérience qu’Hydro-Québec, dont l’expertise est l’hydroélectricité », a affirmé le porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.
Le dossier Churchill Falls
Le premier ministre François Legault a annoncé en campagne électorale son intention de relancer la construction de barrages hydroélectriques. Il souhaite ainsi disposer de cette carte dans les négociations avec Terre-Neuve-et-Labrador quant à l’énergie provenant de la centrale de Churchill Falls, dont le contrat arrive à échéance en 2041.
Après avoir accumulé des surplus d’énergie pendant des années, Hydro-Québec aura besoin de nouveaux approvisionnements à partir de 2027. D’ici 2050, il faudra ajouter 100 à 150 TWh aux capacités de la société d’État, qui produit actuellement 200 TWh.
Jeudi, en prenant la parole devant ses députés réunis dans un hôtel de Laval jusqu’à vendredi pour préparer la rentrée parlementaire, M. Legault a répété que les enjeux énergétiques seront au coeur de leurs travaux. L’objectif est d’utiliser l’électrification pour éliminer les gaz à effet de serre émis par le Québec d’ici 2050. « On veut être les premiers à ramener ça à zéro, a lancé le premier ministre. Ça veut dire, entre autres, faire grossir Hydro-Québec de 50 %. Préparons-nous, on va avoir de l’ouvrage. »
M. Fitzgibbon a également affirmé jeudi que les négociations avec Terre-Neuve-et-Labrador doivent bientôt commencer. « Écoutez, 2041, c’est demain, a-t-il résumé. Je pense qu’on doit, comme gouvernement, être rigoureux, s’assurer qu’il y aura une pérennité. »
Le ministre de l’Économie et de l’Énergie n’a pas exclu la possibilité de partenariats avec Terre-Neuve pour le développement d’autres projets de barrage sur la Basse-Churchill. « La discussion avec Terre-Neuve, je pense que c’est important pour [s’assurer] qu’on maintienne Churchill et qu’on maintienne le développement », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, selon les informations disponibles, les consultations commenceront la semaine prochaine sur le projet de loi 2 qui plafonnerait les tarifs d’Hydro-Québec. M. Fitzgibbon prévoit également des consultations préliminaires au dépôt de son projet de loi qui doit revoir le fonctionnement d’Hydro-Québec.
La place du privé en santé
M. Fitzgibbon a aussi défendu jeudi le recours au secteur privé chez Hydro-Québec et chez Investissement Québec, deux sociétés d’État dont il est responsable, après la publication d’un reportage révélant que leurs employés ont accès à des services de télémédecine hors du réseau de soins publics. « Pour les entreprises, il y a une question de rétention d’employés. On va s’occuper de nos employés », a-t-il dit.
Les deux sociétés d’État offrent à leurs employés la possibilité de consulter les services de la firme Dialogue, une entreprise cotée en Bourse, a rapporté jeudi Le Journal de Montréal.
Questionné sur le sujet, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a également soutenu cette décision des sociétés d’État d’encourager le recours à des services, comme ceux offerts par Dialogue ou Olive, qui font concurrence au réseau public. « Ces gens-là ont le droit d’avoir un accès, a-t-il dit aux journalistes en marge de la réunion du caucus. On a un problème d’accès dans la santé, il nous manque du personnel. S’ils sont capables d’offrir, parmi les avantages sociaux de leurs employés, un meilleur accès à un système de santé, pourquoi leur enlever ? »
Face à ces questions d’équité, M. Dubé a affirmé que son ministère déploie actuellement de nouveaux services pour améliorer l’accès à la télémédecine, qui a commencé à être utilisée plus largement lors de la pandémie. Il a notamment cité l’application Ma Santé en exemple.
« Cette application va devenir exactement la même chose que les compagnies plus privées peuvent offrir à des clients. C’était très clair pour nous qu’on ne voulait pas arrêter les services d’un Dialogue ou d’un Olive pendant qu’on le prépare », a-t-il assuré.
Élection partielle
François Legault a aussi annoncé jeudi que Victor Pelletier, 21 ans, défendra les couleurs de la Coalition avenir Québec lors de l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne. Étudiant en communications, M. Pelletier est président de la Commission de la relève de la CAQ.
Le siège de la circonscription montréalaise est vacant depuis la démission de la cheffe libérale Dominique Anglade. Aux élections du 3 octobre dernier, elle y avait récolté 36,15 % des voix. Ses adversaires de Québec solidaire, de la CAQ et du Parti québécois avaient reçu respectivement 27,72 %, 17,73 % et 8,27 % des votes.
Les libéraux n’ont pas encore désigné de candidat pour tenter de succéder à Mme Anglade dans Saint-Henri–Sainte-Anne. Du côté de Québec solidaire, l’avocat en immigration Guillaume Cliche-Rivard a remporté, il y a deux semaines, l’investiture dans la circonscription.