Legault se défend de vouloir brader l’électricité

Mercredi, François Legault a fait directement référence aux propos de Sophie Brochu, qui avait formulé, en octobre dernier, une mise en garde contre la tentation de transformer Hydro-Québec en « magasin à un dollar » de l’électricité.
Photo: Gilles Rivest Getty Images Mercredi, François Legault a fait directement référence aux propos de Sophie Brochu, qui avait formulé, en octobre dernier, une mise en garde contre la tentation de transformer Hydro-Québec en « magasin à un dollar » de l’électricité.

Le premier ministre François Legault affirme ne pas avoir l’intention de brader la production d’Hydro-Québec pour approvisionner des entreprises au rabais, contrairement à une perception « injuste » dont il se dit victime depuis l’annonce de la démission de la présidente-directrice générale de la société d’État, Sophie Brochu.

Dans un point de presse à l’Assemblée nationale, mardi, M. Legault s’est attaqué à ce qu’il a « entendu et lu » pour démontrer que son gouvernement n’était pas inféodé aux intérêts du monde des affaires.

« Je pense que c’est injuste, a expliqué le premier ministre. Je pense que c’est important que tout le monde comprenne qu’on travaille tous au bénéfice des Québécois. Dans certains cas, pour travailler au bénéfice des Québécois, il faut travailler avec certaines entreprises. »

Mme Brochu a annoncé la semaine dernière qu’elle quitterait prématurément ses fonctions au printemps, ce qui a suscité plusieurs questionnements sur les orientations que le gouvernement souhaite donner à Hydro-Québec, qui fera face à un manque d’électricité à moyen terme, après avoir été aux prises avec des surplus pendant des années.

« Vous avez, comme moi, entendu et lu toutes sortes de choses depuis une semaine et demie, depuis la démission de Sophie Brochu, lundi passé, a déclaré M. Legault. Je vous le dis, il n’y a pas deux clans au Québec, le clan qui défend les intérêts des Québécois puis le clan qui défend les intérêts des entreprises. Il y a juste un clan qui travaille, d’abord, au bénéfice des citoyens. »

Mercredi, M. Legault a fait directement référence aux propos de Mme Brochu, qui avait formulé, en octobre dernier, une mise en garde contre la tentation de transformer Hydro-Québec en « magasin à un dollar » de l’électricité. « J’ai entendu cette mise en garde de Sophie Brochu il y a un certain nombre de mois, a-t-il déclaré. On a eu le temps de s’expliquer depuis ce temps-là. Je ne pense pas qu’elle répéterait ça aujourd’hui. »

Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne « Jamais on ne va donner un rabais sur le prix de l’électricité sans s’assurer que les revenus additionnels pour le gouvernement du Québec soient supérieurs à ce rabais-là », soutient François Legault.

En s’expliquant sur les raisons de son départ, la semaine dernière, Mme Brochu a insisté sur ce point : il faut que le gouvernement du Québec utilise ses programmes de subventions et non Hydro-Québec pour aider les entreprises et faire du développement économique.

« On n’est pas obligés de donner des tarifs spéciaux à des industries, parce que le gouvernement a plein d’autres façons de le faire, a-t-elle dit dans une entrevue radio au 98,5. Ça, c’est une façon d’hier, et là, on est aujourd’hui et on s’en va vers demain. »

Ne pas devenir un Dollarama

Mercredi, M. Legault a voulu se faire rassurant sur ses intentions et celles de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui a hérité après les dernières élections du portefeuille de l’Énergie, traditionnellement associé à celui des Ressources naturelles.

« Jamais on ne va donner un rabais sur le prix de l’électricité sans s’assurer que les revenus additionnels pour le gouvernement du Québec soient supérieurs à ce rabais-là », a-t-il garanti.

M. Legault a soutenu que son gouvernement veillerait à ce que la production d’Hydro-Québec soit bien utilisée, contrairement à ce qu’il a pu observer dans le passé. « C’est arrivé, dans le passé, que des gouvernements ont signé des contrats où les rabais qui étaient donnés en électricité étaient inférieurs aux revenus additionnels pour le gouvernement du Québec, a-t-il dit. C’est arrivé, donc Sophie Brochu avait raison de dire : “Attention de ne pas devenir le Dollarama.” »

Le premier ministre a donné l’exemple des entreprises de la filière batteries qui veulent venir s’établir à Bécancour.

« C’est certain que si on a des emplois à 100 000 dollars par année qui remplacent d’autres emplois à 50 000 $ par année, ça amène des revenus additionnels au gouvernement du Québec », a-t-il dit.

Plan B

Après avoir annoncé que M. Fitzgibbon héritait du portefeuille de l’Énergie, M. Legault a créé un comité qu’il préside pour déterminer quels projets doivent bénéficier des tarifs avantageux d’Hydro-Québec.

Le premier ministre a indiqué que les entreprises qui bénéficieraient de rabais sur leur approvisionnement en électricité devraient également contribuer à réduire le bilan québécois des émissions de gaz à effet de serre (GES).

« Il faut que les entreprises nous aident à atteindre deux objectifs, a-t-il dit. Un, décarboner, réduire les GES. Deux, amener des revenus additionnels au gouvernement du Québec. »

M. Legault a répété que la relance des projets de construction de barrages hydroélectriques serait nécessaire pour ajouter 50 % à la production d’Hydro-Québec. Cela permettrait aussi au Québec de disposer d’un rapport de force lorsqu’il faudra négocier avec Terre-Neuve-et-Labrador le renouvellement du contrat d’approvisionnement de la centrale de Churchill Falls, qui expire en 2041. « Je veux avoir un plan B dans la poche pour ne pas être obligé d’accepter n’importe quel tarif que [le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador] Andrew Furey me propose », a expliqué M. Legault.

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