Legault veut trouver le remplaçant de Sophie Brochu «rapidement»
![« Sophie [Brochu] n’avait pas, contrairement à ce que certains ont dit, de différences d’orientations avec nous autres », a déclaré mercredi François Legault.](https://media2.ledevoir.com/images_galerie/nwd_1447824_1111624/image.jpg)
Le premier ministre François Legault nie l’existence de tout climat de tension avec la présidente-directrice générale sortante d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, mais souhaite amorcer dès maintenant le processus de nomination de son remplaçant.
L’élu caquiste n’attendra pas avant de lancer la recherche d’un nouveau p.-d.g., « une personne compétente » qui l’aidera à relever le « défi » de l’électrification au Québec. Il demande à la société d’État d’augmenter de 50 % sa capacité pour atteindre la carboneutralité en 2050.
« Je cherche quelqu’un qui va être en mode développement », a-t-il soutenu lors d’une mêlée de presse mercredi, quelques instants avant une séance du Conseil des ministres.
Le départ à venir de Sophie Brochu après seulement trois ans en poste « attriste » M. Legault, lui qui « aimai[t] beaucoup Sophie ». « C’est une femme brillante, c’est une femme qui avait de l’expérience dans le secteur de l’énergie, c’est une excellente communicatrice », a-t-il répondu lorsqu’interrogé sur la gestionnaire, qu’il avait lui-même choisie en avril 2020.
Mais la décision de la dirigeante ne démontre en aucun cas que le gouvernement et la société d’État s’étaient engagés dans des voies divergentes, a souligné le premier ministre. « Sophie n’avait pas, contrairement à ce que certains ont dit, de différences d’orientations avec nous autres », a-t-il dit.
Désaccord ?
Lors d’une entrevue au 98.5 FM, l’automne dernier, Mme Brochu avait tenu à lancer un avertissement au Cabinet Legault : Hydro ne deviendrait pas le « magasin à une piastre » de l’hydroélectricité, malgré le désir du gouvernement d’attirer les investisseurs étrangers avec l’électricité propre du Québec.
« Tant que le cadre de gouvernance à l’intérieur du gouvernement, d’Hydro-Québec, est sain, puis qu’on est capable de faire valoir les grandes prérogatives du besoin du système énergétique, je vais être là. […] Si, pour une raison ou pour une autre, […] je voyais qu’on mettait à risque l’évolution du système énergétique, j’aurais de sérieuses conversations avec mon actionnaire », avait-elle ajouté.
Depuis, le premier ministre Legault a tendu une branche d’olivier à Mme Brochu en l’invitant à siéger, avec quatre autres ministres, à la table du comité sur l’économie et la transition énergétique. Elle continuera d’ailleurs d’y représenter Hydro jusqu’à son départ, en avril.
En outre, Mme Brochu poursuivra son implication dans les discussions entre Hydro-Québec et le gouvernement au sujet du projet de loi « costaud » sur la sobriété énergétique et le cadre réglementaire et tarifaire promis par le ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. « Notons toutefois qu’il n’y a pas qu’un seul porteur de ballon dans nos échanges à ce sujet », a précisé le porte-parole de la société d’État Maxence Huard-Lefebvre. De nombreux membres de la direction et de nombreux experts prennent part à ces pourparlers cruciaux.
« Elle était rendue ailleurs »
François Legault dit avoir discuté avec Mme Brochu de son avenir en décembre. « Mais j’ai senti, là, en janvier, que sa décision était prise, a indiqué le premier ministre. Elle sentait qu’elle était rendue ailleurs, puis qu’elle souhaitait faire autre chose. »
Interpellé à l’entrée du Conseil des ministres, mercredi, le ministre des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, a salué le travail de Sophie Brochu l’« alliée », quelques heures après que l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador eut fait connaître son « inquiétude » par rapport à sa démission. Le ministre de l’Environnement Benoit Charette a pour sa part assuré que le gouvernement était « bien enligné » en matière de transition énergétique, malgré l’annonce de la p.-d.g. d’Hydro.
À ce sujet, le premier ministre Legault entend d’ailleurs tenir des réunions avec les partis d’opposition la semaine prochaine afin d’« écouter leurs suggestions » pour le chantier de l’électrification des transports et de l’industrie.
Avec Alexis Riopel