Assurance réclamée pour les usagers du traversier citron «F.-A.-Gauthier»

Depuis son entrée en fonction, en 2015, le traversier a tant multiplié les avaries que le premier ministre François Legault l’a publiquement qualifié de «citron».
Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Depuis son entrée en fonction, en 2015, le traversier a tant multiplié les avaries que le premier ministre François Legault l’a publiquement qualifié de «citron».

Échaudé par la multiplication des pannes du traversier F.-A.-Gauthier, le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, se prépare à soumettre au gouvernement un projet de politique d’assurance pour les usagers.

« Le gouvernement du Québec a le monopole du traversier entre Matane et la Côte-Nord. Et depuis l’arrivée du F.-A.-Gauthier, trop souvent, le navire est hors fonction », a-t-il expliqué en entrevue mardi matin. « À partir du moment où le gouvernement n’est pas en mesure de garantir la traversée, il doit dédommager les usagers », dit-il.

Cette « assurance traverse » permettrait aux personnes touchées par les pannes de réclamer une compensation à la Société des traversiers du Québec (STQ). Ce type de protection existe depuis 2019 dans le secteur de l’aviation, grâce à la charte fédérale des voyageurs. Cette dernière prévoit l’indemnisation des passagers dont les vols sont annulés.

En Matanie, l’impact des annulations du service de traversier est « considérable » — en particulier pour les travailleurs, qui n’ont pas le choix de faire un détour par Québec pour rejoindre l’autre rive, l’équivalent de plus de 10 heures de route —, soutient le député. « Imaginons un camionneur qui doit faire Matane-Québec et Québec–Sept-Îles. Il faut calculer l’essence, les nuitées, les repas… »

Des pannes à répétition

La plus récente panne majeure du traversier F.-A.-Gauthier date d’octobre dernier. Des bris mécaniques avaient alors forcé l’arrêt du service pendant deux jours et l’annulation de plus de 700 réservations. Lorsque cela se produit, le service doit normalement être assuré par un bateau de remplacement, le Saaremaa I, qui dessert les Maritimes. Or, ce dernier n’était pas disponible à ce moment.

Une autre panne, survenue en juin, avait aussi forcé l’arrêt du service deux jours durant. Même chose en janvier 2022.

Depuis son entrée en fonction, en 2015, le F.-A.-Gauthier a tant multiplié les avaries que le premier ministre François Legault l’a publiquement qualifié de « citron ». Une enquête de la vérificatrice générale du Québec avait établi en 2020 qu’il avait déjà entraîné pas moins de 235 millions de dollars en dépenses publiques imprévues à l’époque.

Le problème ne se posait pas avant l’arrivée de ce bateau, note le député Pascal Bérubé. « Le traversier Camille-Marcoux, qui était là précédemment, a été là pendant 40 ans, et on n’a pas eu de [problèmes] majeurs à part durant les périodes de grosses glaces. »

Pas besoin de loi, selon Pascal Bérubé

Selon l’élu de Matane-Matapédia, la création d’une assurance pour les usagers du traversier F.-A.-Gauthier ne nécessite pas l’adoption d’un projet de loi et pourrait donc passer par l’adoption d’une « politique d’indemnisation » qu’il entend soumettre à la nouvelle ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Joint mardi, le cabinet de cette dernière a dit attendre de voir la proposition de M. Bérubé avant de se prononcer. « Il est essentiel pour notre gouvernement que les Québécois puissent se déplacer d’une région à l’autre, a par contre indiqué l’attaché de presse de la ministre, Louis-Julien Dufresne. La STQ joue un rôle important à cet égard. »

En parallèle avec ses démarches auprès de la ministre Guilbault, le député péquiste entend solliciter l’appui des deux nouveaux députés nord-côtiers de la Coalition avenir Québec, Kateri Champagne Jourdain (Duplessis) et Yves Montigny (René-Lévesque).

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