Les chèques envoyés par Québec ratent la cible, déplore l’opposition
Les trois partis d’opposition ont affirmé mardi que le gouvernement québécois ratait sa cible en envoyant des chèques anti-inflation de 400 $ à 600 $ à certains députés.
Il s’agit d’un « gaspillage de fonds publics », a déploré Joël Arseneau, député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, en point de presse. Dans un contexte d’inflation, les mesures doivent être « beaucoup plus ciblées » vers les personnes vulnérables, a-t-il ajouté.
L’aide gouvernementale qui est actuellement distribuée s’élève à 600 $ pour les Québécois ayant gagné 50 000 $ ou moins et à 400 $ pour ceux ayant déclaré un revenu entre 50 000 $ et 100 000 $ en 2021. L’an dernier, l’indemnité annuelle de base des députés au Québec s’élevait à 95 704 $. Les élus qui occupent une fonction parlementaire ou ministérielle reçoivent toutefois un montant additionnel.
Les élues Ruba Ghazal et Michelle Setlakwe, respectivement de Québec solidaire (QS) et du Parti libéral du Québec (PLQ), font partie de celles qui ont reçu un chèque. Elles ont toutes deux décidé de le remettre à des organismes oeuvrant pour la sécurité alimentaire. « Je viens de recevoir 400 $ du gouvernement, a écrit Mme Ghazal sur Twitter dimanche. En tant que députée, en avais-je vraiment besoin ? »
Mme Setlakwe estime pour sa part qu’il est « franchement choquant de voir le gouvernement manquer la cible », après avoir reçu 600 $. « Est-ce si compliqué de tenir compte du revenu familial ? ! » a-t-elle gazouillé lundi dernier. L’élue est admissible à ce montant parce qu’elle a gagné moins de 50 000 $ l’an dernier en tant que conseillère municipale à la Ville de Mont-Royal. Or, son conjoint, Michael Fortier, est un banquier et un ancien ministre conservateur.
Le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay, a salué le geste de la députée de Mont-Royal–Outremont. Il a dit vouloir laisser les autres membres du caucus décider de ce qu’ils feront avec leur versement.
Les Québécois admissibles aux sommes versées par le gouvernement « sont libres d’utiliser ce soutien comme bon leur semble, par exemple en l’offrant à des oeuvres de charité », a écrit Claudia Loupret, attachée de presse du ministre des Finances, Eric Girard. Elle ajoute : « 75 % de ceux qui recevront un montant gagnent moins de 54 000 $ par année. Nous faisons confiance aux Québécois pour qu’ils utilisent le montant ponctuel selon leurs besoins. »
Donner « plus » à ceux qui gagnent moins
M. Tanguay a affirmé que « les députés de l’Assemblée nationale n’ont pas besoin d’avoir un chèque de 400 $, 500 $, 600 $ ». « J’aurais aimé mieux qu’on en donne plus à ceux qui gagnent moins. »
Selon Joël Arseneau, les élus qui donnent leur chèque à des organismes le font pour « ridiculiser et pour critiquer un geste du gouvernement qui est sans bon sens », dans le contexte où de nombreuses familles ont recours aux banques alimentaires.
Si les chèques sont essentiels pour plusieurs personnes, la mesure « est mal ciblée », a aussi indiqué Manon Massé, co-porte-parole de QS. « Dans mon cas, je n’en ai pas besoin. J’aimerais mieux qu’on mette cet argent-là pour s’assurer que les personnes itinérantes […] ont le nécessaire pour pouvoir dormir dans un endroit chauffé partout au Québec cet hiver. »